Je l'ai au bout de la langue.
Sur le bout des doigts. Envie de me bouffer les mains, alors moins cannibale, je ronge mes ongles.
Personne doit savoir. Surtout pas moi. Surtout pas lui. Certains le savent; je l'ai mal-admis. Mais ce sont les moins importants, des protagonistes en papiers kraft, sans couleurs, plats, rêches, rigides comme de la morale même dans leurs jugements libres; tandis que nous sommes poupées de pâte à modeler, on sent l'enfance, on est mous, parfois on se sèche, on mélange mal les couleurs, ça fait moche, on se plie, on se cambre, on se casse, mais surtout on est les héros de l'histoire.
Au début, on était pleins.
Deux d'abord. Mais pas les bons. Deux d'un côté, deux de l'autre. Bon, de mon côté, trois-quatre-cinq, ça dépendait de la semaine. Eux, deux. Une de trop. Lui en moins avec l'autre poupée de chiffon. Attention à l'incendie de la poupée de foin.
Moi... Poupée pas encore, entourée de pantins, un par-ci, par-là, va-t'en et reviens, habille-toi, déshabille-moi, tu me fais mal.
Puis les verres de vin.
Par exemple.
On a chanté des chansons. Au début, je chantais seule, et je chante si mal. Maintenant encore je chante mal mais je chante en sourdine dans un cocon partagé, cocon de coton molletonné et les critiques sont des feuilles de plantes toutes douces et vertes clair, sûrement crues et pas mûres mais elles rembourrent tout encore et c'est pas trop embêtant finalement.
Lui, il est peut-être en bois sinon. Parce qu'il duuuure. C'est du solide.
Il n'a pas le zizi mou non plus. On dirait un petit diable, avec des ailes diaboliques dans le dos, un sourire fatal et diabolique, des yeux de petit diable, un charme démoniaque, une queue en forme de pique avec des sorts diaboliques au bout, et d'autres choses de cet acabit.
Il a des petites cornes, et s'en accommode bien.
Elle, moi, l'autre, toi, nous, elle, moi, j'ai et on a trouvé une auréole au coin de la rue d'un bar de nuit et elle s'est collée, j'ai essayé de la jeter dans la poubelle mais les sentiments qui sont au bout des doigts qu'on a envie de bouffer, ça rend ange, ça me range, c'est déprimant.
On voudrait des burgers et du coca et des sandwichs à scanner, avec des fringues chères et de mauvaise qualité, puis finalement on vit à poil dans des draps foncés et des toges mordorées et des kilos en trop et des coups de fil auxquels pour changer on répond, et des gentillesses qui restent au travers de la gorge, alors qu'on voudrait pas.
Puis on se fait du thé, et des cafés, et des thés. Et des cafés et des thés.
L'un part, l'autre reste, qui s'en aperçoit? Il suffit d'un geste que pourtant l'on ne fait pas, suffit d'un peu de poudre sur les joues, du mauve, d'une amitié à 500 balles, d'une dette de coeur, d'un divorce, d'un Monsieur-Madame et du bon nom du fils.
Au pire du pire, prendre la pilule du lendemain.
Mais parlez-moi moi d'amour, parlons-nous d'amour? Donnez des pigments colorés et de la cendre, du fer et du bois, des poupées par-ci par-là qu'il faut récupérer, couper, coiffer, baiser s'il-vous-plaît, et embrasser. Un peu oui. Pas trop longtemps.
Les baisers on les laisse de côté. Parce que c'est le plus terrible, on s'y noie complètement, un jet de salive, un murmure, parfois j'ai envie de dire "maman" après tellement c'est bon, et tellement c'est frais, ça sent le caramel à l'intérieur-même si j'aime pas ça, ça nuit à la bêtise, les bons baisers, même les cons y arrivent, même elle, et même moi, même si les meilleurs sont les plus rares (comme d'habitude) c'est la démocratie des intelligents, tout le monde s'y retrouve. Au final.
Mais qui c'est qui comprend?
Parlez-moi d'amour, parlons-nous d'amour?
Amour, un travail à plein temps.
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