mardi 23 décembre 2008

La fille du Sept

Sept ans.
Sept ans de réflexion.
Mais à quoi bon?

*24 décembre 2008, veille de Noël, date importante. Pour tous.

*24 décembre 2001... Tout commence. Pour nous.

Tous les trois dans le taxi, encore endormis, mais flippés quand même. Je ne sais pas si l'on comprend vraiment, ou même si l'on comprend un peu, et si je peux le comprendre. C'est l'un de nous, l'un des grands, qui nous dit "C'est papa qui a appelé." Alors on s'est précipité à l'hôpital. A Balard. Je l'ai fait si souvent ce chemin, de la station de métro à l'hôpital, trop glauque l'hôpital, ils sont tous glauques, sauf l'hôpital St Louis et son quadrilatère dans lequel on jouait à chat et on se faisait des baisers quand j'étais au collège, et je le voyais arriver de côté, le grand hôpital européen de merde, réputé, mais qui sauve personne. Faut croire.

Mon père savait déjà qu'elle était morte, ma mère, et nous on était comme des cons dans le taxi, pressés, de quoi, pressés pour un cadavre, ignorants et de toutes façons incapables. Impossible de s'imaginer non plus. On ne s'épargne pas les chocs, c'est le principe.

Alors elle a succombé dans son sommeil, ma mère, à 48 ans. Et on roulait, on roulait, à 2h du matin, ahuris, et moi dépassée par mes pensées, submergée, noyée. Je crois que c'est ainsi qu'on devient un animal, dans ces instants-là, qui peuvent durer des mois et des années, on craint, on ne saisit plus rien, l'ego s'est retranché, et les dieux nous ont vraiment abandonnés. Poils hérissés et survie par l'instinct.

Elle était très belle ma mère.


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Comme toutes les mamans, certes, mais plus. C'est l'un des avantages de la disparition: la sublimation.



Depuis, à chaque Noël sa tragédie. On évite en fermant les yeux les disputes, les drames, les trames, la violence de chacun. Et l'on se fait de beaux cadeaux pour se réchauffer un peu le sang, et l'on mange un festin, et l'on boit, il nous faut bien conserver des traditions de famille... On fait avec ce qu'il nous reste. On rit beaucoup aussi.

Et je peux me permettre, avec un peu de cynisme, de dire qu'ils me font bien marrer, ceux qui pensent que Noël les déprime, parce qu'ils n'iront pas chez Régine, mais en Bretagne, ou dans le Nord-Pas-de-Calais. Les dégoûtés des repas de famille... A chacun sa merde.

Quant ceux qui ne sont ni cyniques, ni nostalgique, et d'humeur festive, rien n'est perdu:



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Joyeux Noël !

mardi 16 décembre 2008

Hache moins Un

Dans une heure, on va prendre un café.
Pour parler de notre rupture. Pour au moins l'élaborer. 
Nous, on se quitte comme ça,  comme on boit un petit café, on expédie plus de 180 jours d'amour d'un coup de vent. On est rock ouais. On est cons surtout. On doit maintenant s'expliquer une engueulade de bourrés qui nous déconcerte sur la forme et nous terrorise dans le fond... Et si tout ce qu'on s'était crié à 5h du matin un samedi, c'était vrai? Et si vraiment il n'avait plus le courage, et moi je ne l'aimais plus? 

Le vrai problème, c'est que personne ne peut répondre à notre place, alors qu'au fond moi j'aimerais bien qu'une grande instance, comme ma mère, ou ma tante Mimi quand j'étais petite, me tire par les oreilles et me dise que ça suffit les bêtises, et que je dois me comporter correctement, et m'oblige autoritairement à faire la paix, à lui donner un bisou. Sur la joue, pour commencer. Cependant les choses ne sont plus si simples, ou si terribles, quand on grandit on a le choix, aveuglant parfois, qui m'empêche à l'heure actuelle de comprendre ce que pense mon gros coeur, bien lourd depuis trois jours.

Il n'y aura malheureusement que nous deux tout à l'heure, deux mal fichus incapables de se situer et de se dévoiler. Et qui d'autre que nous peut nous savoir?
Pour la première fois, j'ai bien l'intention de ne pas trop parler. Parce que je ne sais pas quoi dire, ni quoi penser en vrai. J'aimerais qu'il m'éclaire, mais je sens déjà qu'il ne sera pas moins autiste que moi. Quel piteux constat, se revoir pour grandir un peu, pour se quitter mieux, pour retrouver un peu d'élégance grâce au dialogue... Pour être plus adulte

Et merde, j'ai aucune idée de ce que ça veut dire. J'ai aucune idée de ce que je suis censée lui dire. J'ai aucune idée... 

Je me concentre juste pour pas lui faire de mal, pour pas déraper avec ma langue fourchue et mon principe actif de poison; je me concentre pour m'entrevoir parmis mon brouillard intérieur... Quoi se cache derrière mes moutons de nuages, mes tempêtes, mes foudres et mes fureurs? Quels rayons? Puisse ce petit soleil qui me chauffait en sa présence resurgir et nous donner notre chance? C'est là bien trop de questions.




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Où suis-je Qu'ai-je fait? Que dois-je faire encore?
Quel transport me saisit? Quel chagrin me dévore?
Errante et sans dessein, je cours dans ce palais.
Ah! ne puis-je savoir si j'aime, ou si je hais?
Le cruel! De quel oeil il m'a congédiée!
Sans pitié, sans douleur au moins étudiée!
L'ai-je vu se troubler et me plaindre un moment?
En ai-je pu tirer un seul gémissement?
Muet à mes soupirs, tranquille à mes alarmes,
Semblait-il seulement qu'il eût part à mes larmes?
Et je le plains encore! Et pour comble d'ennui,
Mon coeur, mon lâche coeur s'intéresse pour lui!

Hermione, Antigone, Racine.





La suite au prochaine épisode...