mardi 26 mai 2009

Femme des années 90

Il n'y a pas que le mode dans la vie. J'entends déjà les "Boooouh!" dans la salle. Oui, la mode, c'est superficiel, il y a plus important.





Je dis ça parce que j'en ai assez de ces articles modes pourris qui nous expliquent à quel point c'est le grand retour des années 90, alors qu'on les a franchement pas attendu pour s'attendrir à nouveau devant notre vieille robe à fleur, et notre vieux blouson en jean. Pour une fois, une bonne fois, je crois bien qu'on a eu envie, et qu'on a senti le retour de la mode so 90's avant l'éveil fashion du ELLE. Pour ma part, j'ai remis mes créoles; j'ai voulu du platine (avant le spécial blonde du ELLE, encore une fois), revu les vieux Friends et songé à une jupe longue à fleurs, avec des baskets (pas encore osé).
C'est peut-être une question de génération: je suis une enfant de la génération 90. J'ai grandi et dansé au son de tous les dance machine. Ma famille détestait la dance, et Hélène et les garçons, ou le miel et les abeilles: j'étais en plein dedans.







Mais je ne suis pas nostalgique de cette mode, tant elle est restée proche de moi (je me souviens des body agnès b., des top en velours, des jupes courtes et plissées, des babies,...) et je n'ai pas vécu d'autres périodes: c'est donc mon référent direct.
Cependant je vieillis. Et par-delà la mode, c'est les us de mes jeunes années que je regrette et que je voudrais tant retrouver. Des pratiques perdues, relayées, oubliées, boudées, qu'il faudrait en toute urgence remettre au goût du jour, non seulement pour mon bien, mais pour celui de tous.

Quelques exemples, à regarder comme des revendications:


*Pour le retour du slow en soirée.
Ca revient doucement déjà. Il y a quelques temps, j'en ai même dansé un avec un rocker de folie, chez Jeannette. Peut-être que c'est parce que je lui faisais de la peine, quoiqu'il en soit il a bien voulu se trémousser langoureusement et piteusement toute une chanson.
Certes, le slow, faute de swing, donne le tournis et fout la honte. En revanche, c'est touchant, et c'est aussi un bon baromètre:
-il a les mains qui tiennent le tee-shirt: vous le dégoûtez.
-il a les mains sur les reins: c'est un bleu.
-il a les mains qui enlacent le dos: il danse bien le slow.
-vous êtes collés-serrés et il souffle chaud dans le creux de votre oreille: open-dawa, vous pouvez pécho.


*Pour le retour de la grosse pelle.
Parce que c'est ce qu'il y a de meilleur, et qu'on ne s'en lasse pas. Jamais.
On se souvient des baisses de libido au sein d'un trop long couple, ou des parties de jambes en l'air trop courtes, ou des migraines, feintes ou pas, parfois. Mais une bonne pelle reste toujours un excitant parfait, en n'importe quelle circonstance. On ne perd jamais la main; il n'y a pas de panne, et la langue ne grossit pas, donc zéro complexe, on fonce. On roule des pelles. Mouillées. Mordantes. Langoureuses. Furtives. Entre deux portes. Dans le couloir. A un inconnu. Ou deux. A son mec. Comme si on ne le connaissait pas. On roule des pelles sur la pointe des pieds (on sent la naine qui parle) et les yeux fermés. On roule des pelles les yeux ouverts pour loucher et pouffer de rire. On roule des pelles. Tout simplement. Longtemps. Parce qu'au bout de deux minutes, on a envie de niquer, et c'est très important, ça.


*Pour le retour du missionnaire.
Justement. Après la pelle. Ou pas. Ou dans un autre contexte. Parce que c'est l'espace entre les corps qui différencie le bon sexe, érotique, du sexe pornographique, plastique. Si vous laissez plus de 35 cm entre deux corps qui font l'amour, vous n'avez rien compris, vous êtes perdants. Déjà, ça fait des courants d'air, du froid. Puis il y a le risque de perdre la connexion, le signal. L'esprit vagabonde. Mauvais.
Donc non seulement le missionnaire c'est très cool pour éviter tout ça, mais en plus c'est une page qui se tourne à la phase femme-objet-bombasse qui doit prouver que c'est une furie du cul qui fait des pirouettes et des loopings.
Enfin, le missionnaire, c'est bon dedans, très, et puis on peut regarder l'autre dans les yeux. Ou pas. Pour vérifier qui c'est. Et on peut sentir sa force dans les bras et son souffle et tout. Ce qui permet une bonne familiarisation, si on ne sait pas trop qui c'est finalement. Le missionnaire, on est définitivement pour.


*Pour le retour de faire l'amour n'importe où.
Et oui. On habitait chez nos parents. Ou en colloc' exiguë. Bref, niquer c'était tendu. Alors on faisait ça dans les chiottes du bahut (ah bon? pas vous?), dans la pièce vide des fêtes chez les potes, chez une copine sympa qui prêtait son appart', dans la rue, à l'arrière de la voiture.
Qu'est-ce qu'on était hot en ce temps-là. Sortons du lit. Allons.


*Pour le retour du roller.
N'exagérons rien cependant. C'est un symbole. On est pour le retour du roller, comme on est pour les activités du mercredi après-midi en tous genre: piscine, vélo, footing au bois de Boulogne. C'est la vie saine, la récréation des grands. Ça rend beau, et fort. Pas mal.


*Pour le retour des coups de fil sur téléphone fixe.
C'est trop classe. J'ai un copain qui habite encore chez ses parents, et le "Bonjour, est-ce que Julien est là?" ça rajeunit. Puis appeler sur fixe nous rend polis. On appelle moins tard, pas à l'heure supposée des repas, pas trop tôt le matin... On redevient un être humain correct, sympa. On est pas un louche numéro privé, on s'annonce. Puis on dit pas "T'es où, tu fais quoi?", mais plutôt:"Ah, t'es chez toi, je prends un truc à boire et j'arrive!"


*Pour le retour du journal intime.
Cher journal... est une bonne alternative à tous ceux qui nous gonflent avec leurs statuts Facebook de déprimés de merde. Et puis, Iphone et Imac obligent, ça renoue avec l'encre. C'est sensuel. Du papier. Hum. On choisit la bonne taille, le bon grain, sachant qu'on risque de passer pas mal de soirées à s'épancher bêtement et pathétiquement sur les pages du tendre carnet. On écrit des choses que l'on n'écrit pas en blog aussi. Ce qui n'est pas plus mal non plus.


Pour le bien de tous.



Bref. Quelques exemples. Qui nous rappellent le bon vieux temps.



X.O.X.O

Aujourd'hui j'ai envie de vous raconter comme une pouffe l'une des histoires d'amour que j'aime le plus, et qui me fait le plus rêver: celle de Blair et Chuck. On peut se demander c'est quoi ces noms pourris, et qui sont-ils.





Ce sont les protagonistes les plus importants de la série Gossip Girl, qui en est à la fin de sa deuxième saison. Gossip Girl, pour les fous qui ne savent pas, qui ne sont pas branchés TvShack, c'est les scandales au sein d'un groupe de teenagers d'high school qui ont plus de fric que les Bruni-Sarkozy et une garde robe plus pointue qu'une première rangée d'un défilé Chanel.
C'est que du bon, en somme, puisqu'ils sont tous très jeunes, très riches, très beaux, nés avec une cuillère en argent dans la bouche et branchés Blackberry dès leur plus jeune âge. Les plus pauvres de la série habitent Brooklyn, certes, mais ce sont des artistes-musiciens qui vivent dans un méga loft trop mortel.

Mais revenons au vif du sujet. Ce qui m'intéresse plus particulièrement, au-delà de l'intérêt poignant que je porte aux chaussures des jeunes filles, au blond platine de Little J, qui me faisait rêver, et aux énigmes de la série (Qui couche avec qui? Ils vont coucher ensemble? Mais que s'est-il passé?), c'est le non-couple que forme Blair et Chuck.





Dès le départ, on comprend bien que ce n'est pas mince affaire: Blair sort avec Nate, meilleur ami de Chuck depuis la tendre enfance, et ils sont pas loin des fiançailles.





Chuck, alias Charles Bass, est le fils unique d'un des plus riche propriétaire immobilier de la ville. Argument que Chuck ne se gène pas d'utiliser à tort et à travers. En effet, sa réponse qui clôt tout débat et désarme toute logique est "Because I'm Chuck Bass." Argument de choc qui veut tout dire: I'm Chuck Bass-et tu es dans mon hôtel alors dégage, I'm Chuck Bass-et j'achète toute ta famille, I'm Chuck Bass-et je suis le plus beau de la Terre et je te parle tout prêt en chuchotant et tu dis pas non salope. (Vous l'aurez deviné, Chuck Bass m'excite, ainsi que son noeud pap', et tout le reste.)





Chuck est amoureux de Blair. On le grille direct. Il l'épie, il veut la niquer. C'est évident. Mais Blair, en couple depuis 6 ans au moins, est chaste et vierge et attend le moment parfais pour se donner à Nate. Jusqu'au jour où les choses ne se passent pas comme elles devraient et Blair se fait dépuceler comme une malpropre à l'arrière de la limousine de Chuck (notons au passage que sa limousine est son seul moyen de transport, même pour aller à l'école.). Moment très hot de la série, d'ailleurs. Crousti Crousti.





Le jeu torride du chat et de la souris commence. Blair faiblit de temps en temps, jusqu'à lui avouer qu'elle l'aime, cependant que Chuck, vautré dans la drogue, l'alcool, et les putes de luxe, lui rit au nez.
Son argument à elle, c'est qu'ils sont "Blair & Chuck", fait l'un pour l'autre, alter-ego ultra sexy, avides de pouvoir, elle reine du lycée, lui mania d'on ne sait quoi, mais mania quand même.




Cette association fusionnelle, à la Roméo et Juliette, ne peut justement fonctionner que dans l'âpreté et les écarts. Dès que Blair tente de calmer le jeu, et de lui dévoiler ses sentiments profonds (car Blair n'est pas qu'une sombre bitch), il flippe et part à l'autre bout du monde quelques semaines, mais revient à temps pour la torturer elle, qui a pleuré toutes les larmes de son corps, et s'est enfin trouvé un remplaçant. Il ne peut décidément pas lui foutre la paix.






C'est un peu son principe à lui d'ailleurs: plutôt lâche, il n'assume pas à plein temps une bombe comme Blair, mais ne peut pas non plus s'empêcher de se mêler de tout ce qui la touche, et de faire capoter toutes ses tentatives de couple. La pauvre quand même.
Car au comble du moment fatidique, après maints épisodes à se tourner autour, elle le regarde droit dans les yeux, et lui dit qu'il est grand temps de régler les choses une bonne fois pour toute. Alors elle lui demande carrément s'il ressent quelque chose vraiment pour elle, auquel cas ils trouveront des solutions aux désagréments (elle ressort avec Nate) ou si pour lui ce n'est qu'un jeu parmi tant d'autres (car il s'ennuie, en plus d'être orphelin, avec tout cet argent).

C'est le moment où l'on retient notre souffle.

On se dit qu'enfin il va assurer, il assure partout et tout le temps, il peut enfin avouer, on sait qu'il est à fond, alors on a envie de crier à notre écran streaming que dire je t'aime à Blair n'est pas une démonstration de faiblesse, et l'on a envie que cet incorrigible cynique arrogant se prête au jeu de l'amour et du hasard. Parce qu'au fond, tandis qu'ils sont là assis au bar, c'est notre destin aussi qui se joue: si Blair peu le mettre encore une fois au pied du mur, et lui faire dire qu'il l'aime, c'est que tout n'est pas perdu. Quand je dis tout, ça implique mille choses, la paix dans le monde, un vaccin pour curer le sida, le fait qu'un jour je serai riche et célèbre, que ceux qui abandonnent les enfants et les chats auront leur place au paradis, et que le pire des salauds n'est pas tout à fait cuitos. Il peut se racheter. Être libre. Et non plus seul comme un chien, avec son whisky et sa limo. Qu'il peut sourire. Être heureux. Que ça le tuera pas.

Alors on compte sur lui. On attend. On y croit. On se projette tellement en eux.





Car s'ils peuvent faire la conversion d'un non-couple chien-chat qui se fait la misère juste pour rester présents l'un à l'autre, à être à deux sans devenir comme les couples meurtris de l'Uper East Side, une femme qui s'oublie en chaussures, avant de s'envoyer le talon dans la gorge, et une homme qui se drogue au boulot, et qui s'endort misérablement entre les cuisses d'une cover-girl, c'est qu'il y a encore de l'espoir.

C'est ce que l'on voit, d'ailleurs, dans les yeux embués de Blair. Dans son regard qui ne tergiverse pas, franc, et qui attend.

Alors...?

C'est de l'amour, ces jeux-là? Y a-t-il un moment pour montrer ses cartes? Chuck en est-il capable?

Tapis !

Dois-je vous dire ce qu'il répond? Ceux qui n'ont pas vu la série, et qui ne comptent pas la voir, ont besoin du mot de la fin. Ceux qui sont en retard sur le série me détesteront.

Ainsi Chuck la regarde tendrement dans les yeux. Il sourit un peu. Le moment est propice. Elle pleure à peine, d'émotion contenue.

Mais la réponse importe peu, au final. (Jetez-y un oeil quand même, ça vaut le coup. Par curiosité, n'est-ce pas.)

Le plus important, et c'est pourquoi ce tandem me fascine, c'est le parti prit qu'ils ont choisi de suivre: ne pas être comme les autres couples, fiancés, puis mariés-et-des-enfants, elle femme au foyer, Tiffany's et dîner de charité, lui en déplacement professionnel. Ils sont idéalistes.





Ils s'aiment partners.





C'est le noyau de Gossip Girl, et du besoin de scandales à répétition: ils doivent régler les problèmes. C'est le meilleur prétexte qu'ils se donnent pour ne pas se quitter. Blair et Chuck ont besoin des problèmes pour barouder ensemble.


Moi ça me fait rêver, ce truc d'être destinés, mais de ne pas cesser de lutter. De jouer. De disparaître et de s'évaporer. De résister. Pour l'excitation. Pour la beauté du geste.
Capituleront-ils un jour?





A suivre.



x.o.x.o


lundi 25 mai 2009

La démocratie c'est nul.

Pour bien penser, il me faut mensuellement des déjeuners avec mon amie la Gouze, parce que sinon rien ne va plus... Enfin, en fait, quand je dis bien penser, je mens: pour affirmer mes idées de merde, ou pour les garder envers et contre tout, il me faut une pause de 12 à 15h, une salade et une superbe tarte aux myrtilles avec ma copine qui défend la suprême logique contre mes raisonnements libres et surréalistes.

La Gouze dit que je suis totalitaire.

Ce terme plutôt peu flatteur vient du fait que, très récemment, je me suis rendue compte que j'étais pratiquement contre le dialogue. La Gouze me rétorque ironiquement que "tant mieux, parler aux autres c'est nul, et que l'autisme c'est hype". Je n'en suis pas là. Simplement, je crois que les notions basiques de psychologie de dialogue entre les êtres (qui sont très récentes d'ailleurs, une centaine d'années à peine) ne doivent pas être obligatoires et qu'avant le monde tournait pareil, sans avoir besoin de se mettre à une table, face-à-face, et de se dire:"Quand tu fais ceci, je ressens cela." Ce genre de truc, je suis très contre.

Le problème communicationnel est très assumé chez moi: je peux faire un coup de pression, mais pas juste calmement dire "j'aimerais que ce soit autrement." C'est tout bête, mais je ne peux pas. C'est bloqué. Le coeur répond plus, la langue pâlie, figée. La communication me terrorise, dire des choses importantes dans les yeux, j'y arrive qu'avec les médecins, ou la vodka, ou pas bien.




Pareil pour le sexe.
Avec la Gouze on a eu pas mal de fois ce débat-là, en récidive: elle pense que si on veut un truc au pieu, mieux vaut le dire, le demander, ou très explicitement le faire comprendre: une femme libre, cette Gouze.

Pour ma part c'est tout le contraire. Je sais ce que j'aime, spécifiquement, mais je suis incapable de le dire. Je peux le faire comprendre, et encore, de façon si subtile que la majorité diront que c'est inexistant. C'est anti-sexe le dire, je trouve; le sexe, c'est la communication des corps, alors dire fais-moi si, ou fais-moi ça comme ça, j'aime pas.

Parfois on veut des fessées (ou pas). Certaines diront: mets-moi une fessée mon loup. (ceci n'est qu'un exemple, détendez-vous) D'autres, et moi-même, penseront très très fort, allez, mets-moi une fessée, mais ne broncheront mot. Cela différencie un amant parmi tant d'autres de l'amant du siècle: celui qui devine, celui qui sent, et le must, c'est celui qui anticipe les désirs. La fessée devinée est mille fois meilleure que la fessée demandée. C'est un fait. (Il en est de même pour la plupart des choses: les baisers, les caresses, les bijoux...)

Parce que c'est l'un des autres problèmes de la communication et du dialogue: il faut savoir ce que l'on veut, pense, désire. Moi je ne sais jamais. J'hésite toujours, et j'ai au moins l'ouverture d'esprit de vouloir être profondément surprise, quitte à adopter des choses qui n'étaient pas mon genre au départ. C'est pour ça que quelqu'un qui devance, c'est trop cool, non seulement on a pas besoin de dire ou de demander les choses, mais on nous les fait goûter avant la clarification du concept dans notre esprit.
Ainsi, il y a aussi des bonnes surprises au lit. Parfois.
Il est vrai cependant que de ne rien dire frôle souvent l'absurdité. Si je dis "aie", au bout d'un moment, ça veut surtout dire que l'autre fait nawak depuis un temps qui me semble l'éternité et que là, je tiens plus. Je pourrais simplement dire pas comme ça, plus doucement, ou j'aime pas ça; je suis peut-être tordue, mais les mots au lit, c'est pas marrant. Vraiment.

C'est un chemin de croix, que ce silence. Il faut faire des sacrifices. Parfois. Souvent. Aie.

C'est ainsi que je serais une totalitaire. Ma dictature de pensée à moi. La Gouze me dit que du manque de dialogue je crée des frustrations, j'attends de l'autre des choses que je ne dis pas, sans lui donner une chance de s'expliquer, et que je fais des procès toute seule dans ma tête. Que je suis l'avocat, et le juge, sans défense pour le côté adverse. Et que l'Autre ne comprend ni l'énervement, ni le silence, ni le calme, ni la tempête.
Il est vrai que cela peut sembler être un dysfonctionnement au sein d'un couple, ou plus largement d'une société constituée d'une pluralité d'individus. Certes. De mauvaise foi il m'arrive de faire un pas vers la démocratie: c'est quand j'ouvre une brèche pour tester l'Autre. Sachez cependant que la plupart des tests échouent.

La Gouze surnomme cela ma stratégie de l'échec. C'est nul.

Ma stratégie de l'échec consiste, pour obtenir de compliments (par exemple), à me faire trop moche exprès. Pour voir déjà si le mec me voit. Évidemment, il a des yeux, le pauvre. Alors soit il ne dit rien, pour ne pas me vexer= échec. Soit il me dit t'es moche, et je me sens mal=échec. De toute façon, je suis bien loin des compliments. Et c'est à chaque fois l'échec.
Elle marche pas dans le bon sens cette stratégie, mais je l'aime bien, car je la trouve très drôle.
Ce qui ne résout rien au problème du "j'me sens pas belle." Cela fait de moi une laide marrante, au final, et je crois que c'est moyen comme finalité.
Moi qui voulais un compliment...




Bref, tout ça pour dire qu'au contraire de nos copines-amies-collègues-journalistes-juges-patrons: sue au dialogue ! Pour le retour de l'envie de télépathie. Cessons de tout dire.

Parce que la Gouze elle se plante dans ses propres théories, elle aussi. Il y a des failles dans la démocratie. La démocratie du langage est une fausse démocratie, une tolérance trop codée, et fantasmée. Car la Gouze me dit de dire les choses. De dire des choses gentilles aussi, pas que ce qui me dérange.
Et quand elle téléphone trois plombes et que je lui dit "abrège", elle fait la moue. Ça passe vite-fait son histoire d'ouverture au dialogue. Pourtant, j'ai fait comme il fallait: j'ai dit. Et quand je demande si je peux dire je t'aime ou t'es nul au lit, elle dit non. Elle dit qu'il faut pas froisser l'ego non plus. Et que le je t'aime, c'est l'un des trucs à ne pas dire. Avec j'aime pas ta mère.

Ce n'est donc pas du suffrage universel. Les voix sont faussées. On choisit, au-delà du dire, l'audible. Ce qu'on peut entendre.
Bande de tapettes.
C'est tellement hypocrite de dire "parlons", et de ne pas être capable de tout entendre.



On peut pas tout dire alors. C'est nul encore.

Que la contre-révolution du langage commence.

C'est trop d'efforts de parler vraiment. C'est difficile de communiquer. Trop d'obstacles.

Alors NON aux conversations de table dans la cuisine, avec le thé, à parler de nous. NON aux longues conversations téléphoniques, et à expliquer à celui qui ne comprend pas. (C'est perdre salive: celui qui ne comprend pas, ne comprendra jamais. Ce n'est pas que vous êtes si singulières et complexes, c'est qu'il est con.)

OUI aux coups de pression de temps en temps, à l'ironie pour faire passer les messages, aux regards qui en disent longs et aux Aie.

OUI aux murmures et aux grognements. Au retour de l'animalité.

Et surtout, surtout, NON au métalangage. ("On est bien là, tous les deux ?" alors que visiblement, oui, on est bien, là, tous les deux.) Très flippant en cas de couple.

Et enfin, OUI aux compliments. (Ceci peut être du métalangage, du genre "t'es jolie" alors qu'on est jolie. Mais les compliments font cependant exception. Laissons-nous au moins ça, merde. Il faut une exception à nos règles. On y tient, à celle-là.)

Que le reste soit tendre silence.



samedi 23 mai 2009

Frites, Bière, et Rock'n'Roll à GOGO

Vous l'avez deviné au titre, non?
Je pars à Bruxelles. Là, dans deux heures. On m'a invité, tenez-vous, au concert de Johnny. Vous ne pouvez pas concrètement vous dire intérieurement, Johnny qui, puisque je vais ce soir, samedi, un samedi soir donc, au concert de Johnny, le seul, l'Unique... Johnny Hallyday.
Akekoukou.
C'est étrange comme situation, n'est-ce pas? Sachant que la seule chanson de lui que j'admets aimer, c'est celle-là, ça remonte à loin donc:



En fait, l'anecdote est encore plus folle que ça. J'ai le même coiffeur que Johnny: Mathieu André. Mathieu est un ami, qui m'a fait "viens à Bruxelles je te prends les billets ce sera cool t'auras la pass backstage, un lit à l'hotel et une place pour diner avec le staff..."

Qui dit mieux?
Qui dit non?

Alors voilà, à moi Bruxelles, que je ne connais pas, les frites à mort, avec du citron, la bière jusqu'à plus soif et du rock, du Vrai.
Parce que c'est ce qu'on se disait, non sans honte et tristesse, hier, à un pic-nic: Johnny, c'est notre Rolling Stones français quoi. Cinquante ans de carrière. Des fans déchainés. Des tatoos à foison. Une sombre histoire.

Bref.

J'ai hâte.

(Si vous êtes un peu curieux, et du genre obstiné, vous persistez à savoir quelles chansons j'aime de Johnny, mais que j'assume pas trop... Oui, parfois notre idole des jeunes me fait vibrer, ou me rend rêveuse, nostalgique...)

vendredi 15 mai 2009

So Lovely

-Quand tu jouis.
-Quand t'as la trouille.
-Quand tu te mouches dans le même mouchoir, si besoin est.
-Quand j'ai les jambes qui tremblent.
-Quand je dis non à Jude Law.
-Quand tout devient évident, et que je ne me pose plus les questions qu'on se pose.
-Quand je peux le dire droit dans les yeux.
-Quand tu peux lui lécher les couilles.
-Quand elle avale.
-Quand je me projette très loin.
-Quand t'aimes les défauts.
-Quand tu te poses trop la question.
-Quand t'as mal, mais que t'es pas malade.
-Quand les opposés s'attirent et qui se ressemble s'assemble.
-Quand c'est comme un puzzle.
-Quand j'ai pas de réponse, justement.
-...

La liste est longue.
Elle varie selon chaque personne interrogée.
Finalement, c'est pas évident de répondre à Comment tu sais quand tu aimes. En évitant le classique t'as des papillons dans le ventre. J'en ai jamais eu dans le ventre moi, mais dans la culotte, oui. Dans le coeur aussi. Bref.
C'est difficile. On reconnaît quand on a le béguin, avec la grosse boule à l'estomac qui va avec. Ou une forte attirance, parce que ça frétille là-dessous; cependant c'est flou lorsqu'il s'agit de franchir le cap intérieur et profond du je l'aime.

Cette question si métaphysique, on se l'est posé hier, avec ma copine Olia, en sortant de chez le jap':le vin du midi nous fait un bien fou. Olia, elle est plus jeune que moi, mais question maturité, elle me défonce. Ça fait cinq ans qu'elle est avec le même mec, et ce sont de vrais capitaines, tempêtes, hauts, bas, beau fixe, requins, ils en ont pas mal surmonté.
Et malgré cela, cette évidence qu'elle est avec lui, et lui avec elle, elle n'arrive pas non plus à clairement me répondre. Lui, il pense que c'est:

-Quand l'autre nous manque tout le temps.

...mais franchement c'est cliché, on la connait cette réponse, puis c'est de la dépendance aussi, on est pas sûr sûr de la noblesse de sentiment de ça.
On se disait aussi que la question Pourquoi tu m'aimes pouvait aider, mais on se rend bien compte qu'en fait elle pose tout autant problème, parce que c'est toujours réducteur, ainsi que bien souvent vexant:
-Parce que tu es drôle et belle. Et quoi, le jour où je fais la gueule et j'ai pris 10 kg?
-Parce que je t'admire. Attention pression.
-Parce que ta peau me le dicte. Parle à mon cul, ma tête est malade.

C'est vrai quoi, définir l'amour c'est le réduire dans des petites cases explicatives du pourquoi je suis avec toi, alors qu'on aimerait bien que ce soit plus transcendant. Plus grand plus fort, comme dans les films, comme dans , ou , ou , ou ...

Il y en a qui arrivent à faire dans l'originalité, ceci dit.
On m'a déjà rétorqué:

-Parce que je te supporte. Si ça c'est pas de l'amour...

Bon, c'est une question sans réponse. Les grands amoureux orgueilleux qui ont tout compris diront que ça se sent, que c'est d'une telle évidence, que ça se sait. Comme Dieu un peu.
Alors, l'amour: une religion? La foi? Ça se doit d'être absolu?

J'ai toujours pensé qu'il n'y a fondamentalement pas de vraie bonne raison d'être avec quelqu'un. Il n'y en a pas une plus noble que l'autre je veux dire. Car c'est presque toujours une histoire d'intérêt cachée là-dessous. Que ce soit pour ses belles fesses, sa poésie, ou son argent, c'est donc pour quelque chose. Ce n'est pas en soi.

Sauf une réplique de la mort qui tue, dans She's so lovely, qui clôt le débat, nous complexe dans nos histoires pour les dix prochaines années à venir et nous refait penser que Sean Penn c'est le meilleur d'Hollywood.

Déjà, eux, ils s'aiment, et si on ne veut pas redire "c'est évident", on peut dire "parce qu'ils dansent trop bien ensemble":



'Pour info, ce n'est pas lui qui lui a cassé la gueule.)

Bon, je résume le film très rapidement pour en venir au fait: ils s'aiment, elle se fait violer et casser la gueule par le voisin, le dit pas à son mari parce qu'elle sait qu'il deviendra fou, il l'apprend, il devient fou, elle contacte un asile, ils l'enferment pendant dix ans, elle ne va jamais le voir, divorce, se remarie avec John Travolta, ils ont trois filles ensembles. Il sort de l'asile, va la chercher pour l'emmener. Elle y va. Elle abandonne ses filles et son mari.
Et dans un dernier geste affolé et deséspéré Travolta s'énerve avec un flingue. Sean Penn le calme, puis finit par lui dire:

"-She doesn't love you ! She doesn't love me ! She's she loves me."


Et BIM.


A méditer.


mercredi 13 mai 2009

Grossière erreur

Hier, j'avais décidé en début de journée de fermer ma bouche virtuelle et de ne rien poster. Puis est apparu ce texte bien long en fin de journée. Je l'aime bien ce texte, mais vraiment j'aurais mieux fait de la fermer.

Figurez-vous qu'à bien y réfléchir, que dis-je? en y réfléchissant à peine (comme l'a gentiment insinué le commentaire de R.), je me suis rendue compte que non seulement Emily ne s'était pas trompée d'étage, ni de porte, mais que je la connais elle, et le destinataire de la lettre.
Si, c'est vrai.

(Je vous préviens, c'est comme le dernier James Bond, faut avoir vu le film d'avant pour comprendre quelque chose.)

Appelons-le G, notre beau-faux salaud, comme Gérard (qui est un nom d'emprunt). Oui, G., c'est celui qui vivait là où je vis, avant. Je connais G. depuis un bail. Gérard est un ami. Rien de mystérieux là-dedans. Je connais Emily aussi.
Si, c'est vrai.

En réalité, elle ne m'a jamais autant inspiré que lorsque mon cerveau divague et voit beaucoup trop loin que son nez. C'est si simple d'être compliquée, et si compliqué d'être simple, n'est-ce pas. Emily n'a jamais été une muse, ou un tremplin à des interrogations allégoriques, mais une jeune fille qui collait aux basques de mon pote, et qui ne comprenait pas qu'il n'y avait rien de sérieux entre eux. Rien de rien même. De fait, elle ignore qu'il n'y est plus, dans l'appart, et ce depuis pas mal de temps déjà.

D'un côté, je crois que j'avais besoin d'une énigme dans mon quotidien, d'un peu de mystère, et je suis d' une nature à m'emballer. Certes. Il en faut peu pour être heureux, et pour se construire tout un monde, apparemment. Ça m'affole un peu si j'établis ce constat, -celui d' avoir été si loin, mais tellement, du compte, et de n'avoir pas vu la réalité d'une situation qui, de mon point de vue, était si simple, mais tellement, à capter-, au reste de ma vie.

D'un coup, j'ai un gros gros doute sur tout ce que je vis.
Je me suis crue karmiquement liée à une sangsue-de-l'amour d'un copain à moi.
Je n'ai pas fait le lien, alors que, le pire du pire... C'est que je l'ai croisé dans ma rue la semaine où j'ai trouvé le mot. Ce devait être le jour J, quoi.

Si, c'est vrai.

Et non, je n'ai pas fait le lien. Vraiment pas.
La honte.


Par contre, établir une synesthésie entre deux parfaits inconnus qui ne parlent pas la même langue, j'en suis tout à fait capable. Le nom d'"Emily" ne me fait rien tilter, mais je peux supposer que sa mère est anglaise. Easy. Je ne pense pas à l'ancien colocataire, que j'ai suivi de peu, que je connais, tout ça tout ça, mais je me triture le cerveau sur mes voisins de pallier et sur le bogosse du 3ème que je n'ai vu que quelques fois dans ma vie.

Oui, je peux confondre sexe et amour aussi. Si, si. Ainsi que l'amour et la passion, le vin et le coca, quand il fait sombre. On appelle cela un esprit déviant, donc. Biaisé. Tordu. Pervers.

Enfin, passons ce sujet psychanalytique fort, et revenons sur la petite liste que j'avais établie précédemment, ce sera moins risqué, et surtout moins con, on est d'accord.

Il reste une énigme à cette affaire, quand même, non? (C'est mon flair de pignouf qui me le dit...)
Hier soir, j'allais, soi-disant, voir mon voisin du 3ème, pour éclaircir cette histoire de mot, tel une mauvaise Sherlock Holmes chaude du cul.

Alors reste à savoir: suis-je descendue voir la bombe du 3ème?

C'est le seul truc un peu crousti qui reste de cette histoire brumeuse, finalement. N'est-ce pas?

Sachez que je ne peux rien affirmer, ce serait une atteinte à sa vie privée, et à la mienne aussi (la blague). Disons, comme ça, que j'ai effectivement bu un verre de vin hier soir, tard, avec un beau brun aux yeux bleus.

Je dis ça, je dis rien.
Hein.

En revanche, dorénavant, me connaissant, vous devriez sincèrement douter de ce que j'écris ici. Non pas que je n'ai pas moi-même foi en ce que j'écris; mais, franchement, pour moi, il y a des jours où le ciel est vert.

Habituons-nous, et ne l'oublions pas.






mardi 12 mai 2009

Salaud ?

La semaine dernière, je suis passée par chez moi. Je dors si peu chez moi, que je passe, comme ça, comme on va voir une meilleure copine, régulièrement quand même. Chez moi, c'est un peu l'Irak tellement c'est le bordel, puis mon frigo ne ferme plus, et en plus d'avoir une banquise dedans qui compense tout ce qui fond au pôle Nord, je n'ai pas d'étagères, c'est le règne du chaos, et je suis incapable de planter un clou, et mes draps sont moches, et... Bref, c'est certes chez moi, mais avec des euros de plus par mois (et un bon bricoleur), chez moi , ce serait plus comme chez les autres.

C'est au 5ème étage, à Jaurès, dans un immeuble pourri où chaque étage possède diverses tribus, qui causent divers dialectes. D'après ce que j'ai cru comprendre, il y a des indiens, des russes, des africains, des vieux, des arabes, des juifs, des vénères, et moi, la folle du 5ème. (Je me suis tellement embrouillée avec mon ex à des heures pas possibles dans ce mini appart que personne dans l'immeuble vient me saouler, et ils baissent tous les yeux quand on se croise et qu'ils me disent "bonjour". Ils doivent ce dire, ouhla, v'là l'hystérique du 5ème. J'aime bien cette tranquillité. Zéro complexe. )

Donc en rentrant chez moi après une petite semaine de vadrouille, un sac lourd rempli d'ordi, de brosse à dent, de crème hydratante et de quelques culottes (le kit de survie quoi), j'ai trouvé un mot sur ma porte. Juste posé sur la poignée, qui tenait là par je ne sais quel miracle de l'amour:


J'ai eu mon moment d'émotion aussi j'ai bien ri, si ça suffisait? J'ai l'intime conviction que je te dérange et je n'ai plus envie d'avoir raison ni de te donner raison. Tu es grand et adulte et tu as ce que tu désires alors pourquoi je t'en voudrais? Je suis quand même passé(e) te voir. EmilY.



Manifestement, il ne m'était pas adressé.

N'empêche, j'ai passé la journée à penser à elle. Emily. Emilie? Disons Emily.
Peut-être que sa mère est anglaise.
Je ne sais évidemment rien sur elle, ni à quel énergumène de l'immeuble ce message s'adressait. Même à mon étage: il y a les très vieux qui ont un chat qui pue, dont l'odeur empeste tout le pallier (j'ai longtemps cru que c'était une sorte de malédiction de Tito qui me hantait, avec cette odeur nauséabonde, incessante, sur mon pallier.), une famille d'africains mais je crois pas qu'Emily aurait eu beaucoup d'intimité dans cette superficie, avec le nombre de personnes qu'il y a; puis il y a un mec du genre Casper, je suis quasi-certaine qu'il n'a pas pécho dernièrement, et et je suis même très sceptique sur le fait qu'il ait des amis.

Emily se serait donc trompée, non seulement de porte, mais d'étage aussi?
Déjà, ça me paraît fou de se tromper de porte quand on écrit une telle chose à un garçon. Quand même. Elle s'est déplacée, avec une idée en tête de tout lui dire, de faire un petit ultimatum bien à elle, mais elle met le mot à la mauvaise porte. Quelle ironie ! Peut-être était-elle saoule quand elle est venue la première fois. Et toutes les autres fois. Aussi. Peut-être.

Cependant si l'on en croit mon flair de furet dans cette affaire, Emily s'est évidemment trompée d'étage. Mis à part moi-même, il n'y a rien à pécho à cet étage, c'est moi qui vous le dit. (Mes chevilles vont bien, merci.)
Je ne connais pas par coeur tout le reste de l'immeuble, mais en dessous y'a des racailles qui sont tendues un peu, et je suppose qu'Emily aurait alors adressé cette lettre au pluriel. Le reste, des familles... Emily se serait pécho l'un des Ukrainiens marié? Pas bien.
En vrai, je crois qu'il n'y a qu'un seul mec de cet immeuble à qui une lettre de ce genre aurait pu être adressée: le voisin du 3ème. Ça paraît loin, mais le 3ème et le 5ème sont des étages que l'on confond souvent, en plus.
Oui. Ça ne peut être que lui.

Mais qui est le voisin du 3ème?
Pas seulement le seul mec potable de l'immeuble.
Pas seulement le seul bobo de l'immeuble.
C'est le plus grand de l'immeuble. Le plus jeune (après moi (vivant sans ses parents)(Entendons-nous bien) ).

Mais surtout, c'est une bombe. Une vraie, un méga canon.
Le premier soir où une de mes super cops est venue dîner, elle me l'a dit: putain j'ai croisé un mec dans les escaliers c'est une beu-bon ! Il est grand, brun, trop beau, trop bien foutu, trop bien sapé... Il fait un truc avec des potes à lui, là, j'ai vu quand il a ouvert la porte.
...
On est quand même restées en chiennes dans mes 20m2, à rire jaune de nos histoires nulles de garçons, tandis que deux étages en dessous frétillaient des histoires d'amour à l'état latent. On est des tapettes, on n'a pas osé descendre, même pompettes. Même saoules. Même en pyjama. Même pas pour le café.

Bref. Je suis persuadée que c'est pour la bombe de voisin, genre 30-35 ans, aux yeux bleus, que ce message est adressé. D'un côté, c'est dégueulasse, parce que ce n'est pas parce que je sais quand mon voisin du 5ème va faire caca sur le pallier qu'il n'aurait pas droit à vivre une histoire passionnée mais avortée avec Emily. Certes. Mon jugement est très injuste. Je n'y puis rien. C'est sans appel. Il n'avait qu'à pas être du genre Casper.

Mais alors, que faire?
Remettre le mot sur une autre porte?
Faire un mot qui commencerait par: J'ai trouvé un mot...?
Laisser tomber Emily?

En vérité, quand j'ai trouvé ce mot, c'était plus fort que moi, je me suis sentie comme un salopard. Et toute la journée, j'ai eu envie de lui présenter mes excuses, platement, parce que je sentais que je n'étais qu'un minable qui n'avait pas assuré. En plus, elle m'a renvoyé à mes propres sentiments, et où j'en étais moi, et à qui j'aimerais écrire des mots qui se perdent, et si je ne me trompais pas parfois autant qu'elle, si ce n'est plus, si ce n'était pas que sur la porte, ou sur l'étage, mais aussi sur le type.
Emily. Cette fille anonyme, ce prénom-là, cette écriture ronde, elle représente tout le monde finalement. Tout un monde. Un monde de l'intime qui s'est fissuré. De celles qui ne veulent plus se battre. De ceux qui ne veulent plus avoir tristement raison. Les grands, les adultes, et ceux qui se dérobent du poids des ans. Les intimes des fonds de lit de l'après-midi, les suants dans des draps étrangers, les légères qui se recoiffent gaiement dans la salle de bain et cherchent leur chaussure, les tristes sur la porte, les coeurs lourds à couler qui souffrent du répit des trajets, et de leurs pensées rétrospectives. Les pensées. Les lui et moi, les lui qui le cloisonnent, les moi qui ne se font pas de cadeaux, les écritures rondes que l'on ne peint jamais, les fautes d'orthographes que l'on pense et que personne ne corrige...
Elle m'a fait penser à tout ça, Emily.
Ça m'a rassuré, et attristé: je ne veux pas crier dans le vent, comme elle, mais j'aimerais oser choisir ainsi l'oreille dans laquelle murmurer. Comme elle. Chuchoter des délires. Me tromper de lit, de pallier.

Je peux aussi penser que je n'ai rien fait, après tout, et qu'elle sorte un peu de mes pensées et de ma journée, Emily.
Mais quand même, nos karmas sont liés; dans tout Paris, c'est moi qui ai trouvé son mot sur ma porte, tel jour, à telle heure.
Vous voyez ce que je veux dire.


Sinon, à bien y réfléchir, si j'assume ma théorie, je peux toujours descendre au 3ème rencontrer le supposé bourreau des coeurs, et lui dire que je crois que c'est pour lui. Et lui donner le mot.
Ce n'est pas une mauvaise idée, ça.
Au mieux, je me suis pas trompée, je délivre un message, tel Hermès, et le ciel me le rendra et je sers la cause féminine noblement. Solidarité les filles.
Au pire, je suis une horrible sorcière, dotée d'un très mauvais esprit, et non, pas du tout, ce n'est pas adressé à lui.
Il peut mentir aussi. Et je peux faire semblant de le croire.
Et laisser la conversation s'engager.

Et lui proposer un verre de vin, ou un café.

Le silence est d'or..

Quoi?
Vous croyez que j'ai plus rien à dire?
En vrai, en ce moment, j'ai pas grand-chose à dire.
J'ai des idées qui fermentent...

*Sur le point de non-retour dans les relations
*Sur les sentiments qui ne veulent plus rien dire quand ils sont dits
*Sur mon master
*Sur Luis Alberto Spinetta
*Sur Shanghai
*Sur comment elle est belle la vie et les oiseaux chantent

...

Je vous promets de problématiser tout cela intelligemment. Oui, c'est possible.
Et, en attendant:



xoxo

lundi 4 mai 2009

Ma tendre honte #1

Mes chers compatriotes, bonsoir.
J'ai décidé, après une rapide mais non moins mûre réflexion, de faire quelques post très honteux sur une petite passion que j'ai: la musique argentine. Non, je ne parle pas de salsa. Voilà, je pense que je vais vous diviser, ou vous passionner, au choix; cependant, on m'a tellement bassiné en me disant à quel point mon écriture était trop personnelle sur ce blog, et à quel point je me mettais à nu, que j'ai eu envie de vous montrer que j'étais pas encore tout à fait à poil.
Loin de là.
En vrai, ce que je suis dans le fond, c'est même pire.
Ce n'est pas simplement par provocation, ni par mauvais goût, mais par véritable passion pour cette mauvaise musique, parfois issue des années 80 (j'aime les chansons 80 de tous les pays du monde) et parfois trop prisonnière des années 80. Comprennez ma démarche: c'est comme si un Argentin, fou de Brassens, essayait de communiquer son amour de ses chansons, et de son phrasé. Heureusement pour vous, les Argentins ne sont pas aussi répétitifs que la guitare de Brassens. Exception faite pour le synthétiseur: il y en a à toute les sauces, ou presque. Habituons-nous.

Alors voilà, je me propose de vous faire de petites présentations de certains artistes, qui à défaut de vous plaire, vous permettront de:

*Vous foutre de ma gueule à la croisée des chemins
**Vous donnez une culture ultra marginale
***Vous faire bien marrer
****Vous apprendre un peu l'espagnol.

Car en ces moments d'agitations et de grèves chez les enseignants-chercheurs et les pauvres étudiants (dont je fais partie), quoi de plus solidaire que de traduire quelques chansonnettes, pour faire partager le Savoir? Et à l'heure du miracle obamien, légende porteuse de tolérance et d'espoir, quoi de plus engagé que quelques beaux couplets traduits, pour abolir nos frontières et délier nos langues?

Démonstration.

Je vous présente donc, Mesdames et Messieurs, pour vous ce soir, Silvio Rodriguez.

Le hic,  c'est qu'il n'est pas Argentin, mais Cubain. 
Je me fous déjà de votre gueule. 
Non, en vrai, il est très très apprécié des Argentins (comme nous: on pardonne bien à Brel d'être Belge). Ainsi soit-il alors, Silvio, welcome, tu entres en preum's dans la sélection. Je précise que ce n'est pas par ordre de préférence, il fallait bien commencer par quelqu'un. Bon. Ne le jugez pas trop mal; désolée les filles, il est grave moche. Surtout ses chicots. Désolée les garçons, c'est très cul-cul et sentimental. N'empêche, je trouve que c'est beau. J'assume. 

J'ai choisi pour vous une belle chanson, qui s'appelle justement "Te doy una cancion" (écrite en 1970: j'ai parlé trop vite dans mon blabla sur les années 80. Mais j'y viendrais, promis.), qui se traduit en français par: je te donne une chanson. Si c'est pas du métalangage, ça.




Alors: la honte?
Je ne sais pas si c'est pour me rassurer, ou vous accabler, mais c'est un peu le Dylan de l'Amérique Latine. Si si.


"Cómo gasto papeles recordándote,
cómo me haces hablar en el silencio,
cómo no te me quitas de las ganas
aunque nadie me vea nunca contigo.

Y cómo pasa el tiempo
que de pronto son años
sin pasar tú por mí
detenida.

Te doy una canción
si abro una puerta
y de las sombras sales tú.
Te doy una canción
de madrugada
cuando más quiero tu luz.

Te doy una canción
cuando apareces
el misterio del amor
y, si no lo apareces,
no me importa:
yo te doy una canción.

Si miro un poco afuera me detengo,
la ciudad se derrumba y yo cantando,
la gente que me odia y que me quiere
no me va a perdonar que me distraiga.

Creen que lo digo todo,
que me juego la vida
porque no te conocen
ni te sienten.

Te doy una canción
y hago un discurso
sobre mi derecho a hablar.
Te doy una canción
con mis dos manos,
con las mismas de matar.

Te doy una canción
y digo: Patria.
Y sigo hablando para ti.
Te doy una canción
como un disparo,
como un libro,
una palabra,
una guerrilla...
como doy el amor."


Comme je gaspille des papiers à ton souvenir
Comme tu me fais parler dans le silence
Comme tu ne me lasses pas de toi
Bien que personne ne me voit avec toi.

Et comme passe le temps, 
Qui d'un coup sont des ans
Sans que tu passes par moi,
Détenue.

Je te donne une chanson
Si j'ouvre une porte
et des ombres tu surgis.
Je te donne une chanson 
D'aube
Quand je désire tant ta lumière.

Je te donne une chanson
Quand tu apparais,
Mystère de l'amour.
Et si tu n'apparais pas, 
Je m'en fous,
Je te donne une chanson.

Si je regarde dehors je m'arrête
La ville s'effondre et moi chantant,
Les gens qui me haïssent et qui m'aiment
Ne me pardonneront pas que je me distrais.

Ils pensent que je dis tout, 
Et que je me joue de la vie,
Parce qu'ils ne te connaissent pas
Et ne te respirent pas.

Je te donne une chanson 
Et je fais un discours
Sur mon droit de dire.
Je te donne une chanson, 
De mes deux mains,
Les mêmes qui tuent.

Je te donne une chanson
Et je dis: Patrie.
Et je parle encore pour toi.
Je te donne une chanson,
Comme un tir,
Comme un livre, 
Une parole,
Une guerilla...
Comme je te donne l'amour.

Pour vous redonner le goût de vivre, après cet interlude guimauve, voilà pour la prochaine fois, de quoi vous exciter un peu... J'ai des hontes sentimentales, et d'autres plus fun quand même:



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Mais qui sont-ils? Mystère. La suite de notre immersion dans la musique tiers-mondiste peu appréciée hors frontières la prochaine fois où il se fera tard, et que je serais sans scrupules. Bientôt, donc.

samedi 2 mai 2009

Le mystère et le jeu

C'est pas sérieux tout ça. J'ai trop de boulot, pour la fac, et des traductions à rendre, bref sans vous racontez trop les détails de ma vie, j'ai des trucs bien plus urgents à faire que d'écrire là, maintenant. Mais je peux pas m'en empêcher, j'ai une petite idée, là, c'est rare, et j'en ai envie. Prenez cela comme une déclaration d'amour.

J'ai une copine, S., qui est vraiment trop intelligente: une intelligente humaine, sensible, véridique. A chaque fois que je discute avec elle, c'est un vrai plaisir, elle élève mon esprit à toutes sortes de révélations, de façon pour elle totalement inconsciente, et loin d'être dans l'idée de me convaincre. Elle inspire. Elle est comme une muse, au sens dépossédé de sensualité: ne reste que la matière exploitable qu'elle crée dans mon esprit.

Dernièrement, on a beaucoup parlé du jeu amoureux. Vous savez, ce jeu qui nous saoule, nous les filles, et qui consiste à faire la conne, gémir joliment, mettre des talons, bien tourner un mail et attendre les appels des garçons. Jeu très très chiant, de par son premier degré indépassable- même s'il s'arme d'ironie et d'humour, c'est toujours une seule strate du rapport humain qui est exploitée là.

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Comme S. me le rappelait, "T'as beau sortir avec un philosophe, il suffit que tu mettes des étoiles qui brillent sur tes tétons pour qu'il perde la tête." En approuvant cette phrase, totalement, j'ai perdu ce qui me restait de romantisme. Ce n'est pas plus mal, parce que je crois que c'est le premier fléau du XIXè, après Napoléon III. J'ai compris qu'il fallait cesser de mettre les rapports amoureux ou les sentiments sur un piédestal: la chair est faible, et l'on obtient plus de succès en se faisait passer pour ce que l'on n'est pas, qu'en se montrant réellement, et sans fard.

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Cette vérité vraie fait chier la plupart de mes copines. On aimerait dire "tu me plais" quand il nous plaît, plutôt que de rire aux éclats aux blagues pourries de M. X, qui ne nous sert qu'à attirer son attention en pleine fête. Ça peut paraître tout à fait débile ce que je dis là, et aisément transcendable, par beaucoup d'entre nous qui se positionnent au-dessus de cela (évidemment); or j'en croise beaucoup qui admettent être dans ce jeu-là, ce rapport imbécile, impatientes de pouvoir enfin arrêter les conneries pour entamer la vraie aventure. Cesser de barboter sur la plage pour se mouiller vraiment: ainsi l'on va plus loin, et commence l'exploration. C'est comme si, de toute façon, au départ, il fallait en passer par là. Obligé. Sinon, on passe pour une tarée désésespérée.

Certes, on ne peut pas non plus vivre sans fard. C'est une autre idée du romantisme à abandonner: gardons des masques, restons séduisants, et toujours prêts à rebondir. Parce que j'ai déjà essayé, non seulement j'ai vu que c'est ingérable pour l'autre, le don de soi, et en toute franchise je préfère moi-même le mec qui se tient à celui qui s'abandonne pleinement.

Mais, comme l'a dit S.: "Le problème avec le jeu, c'est qu'il n'y a pas de mystère. C'est en étant soi-même qu'il y en a vraiment."


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Bien sûr. Parce que l'on connaît les règles du jeu. Tandis que l'on se connaît bien moins soi-même, ou l'autre. C'est-à-dire que l'on se leurre: on fait mumuse à tourner autour du pot, en mille cabrioles, cependant qu'on sait la danse que l'on produit, les pas, et l'attitude du cavalier... Et que l'on ignore ce qu'il y a dans le pot.

Serait-on donc des tapettes, sous prétexte de coolitude et de faux libertinage?

On surfe sur des eaux légères, des vagues superficielles, des petits lacs: tout ça, pour ne pas s'engouffrer dans les eaux profondes. Évidemment, on ne sait ce qu'il s'y trouve, c'est plus dangereux, et surtout plus compromettant. On ne sait pas ce qui nous attend, au fond, en dessous.

Sauf que, pour continuer mes métaphores que je vous sers à toutes les sauces, c'est peut-être comme la différence entre la bite, et le vagin. Ok, la bite on connaît, ça a ses évidences. On connaît le jeu, la gaule du matin, l'érection, tout ça, tout ça. Le vagin, c'est interne, profond, plus complexe: quel est ce gouffre? C'est la surprise, qu'elle soit très bonne, ou très mauvaise. Au risque de passer pour une féministe attardée, on a peut-être trop "phallisé" nos rapports amoureux. Il serait temps d'un retour au féminin. Pour un vrai mystère, un vrai apprentissage aussi.

Parce que moi, les cabrioles autour du pot, je trouve ça lassant, quand même. Je n'y apprend plus rien. Ça s'essouffle un peu, et surtout, si l'on est profondément esthète en sentiments, ça n'a pas vraiment de gueule. Puis c'est ennuyeux.

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Comment y remédier? Telle est la question. Serait-ce une question d'âge, de maturité? On est pas dans la merde: y a-t-il un juste milieu entre le flirt à outrance, et les bobos, qui font un enfant dans l'année de la rencontre, à 35 ans? Je fais quoi, moi, en attendant? Je m'emmerde encore dix ans, pour me déprimer, une fois en cloque, du pragmatisme de la chose?

Ah, le voilà, encore et toujours, ce romantisme qui pointe. Il est difficile à lâcher, celui-là. Je crois encore à la rencontre qui fait perdre tous les moyens, qui nous fait dire "pourquoi pas", tandis qu'on se fait pipi dessus. Il me manque encore quelques désillusions, quelques vérités que j'évite, et je serais prête et je ferais de grosses croix...

Puis à dans 10 ans, alors. Super.

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