jeudi 26 novembre 2009

Il est revenu

Il est revenu.

Un peu comme dans un thriller, mais en moins flippant, quoique, la semaine dernière, IL est revenu.
Mais comment c'est possible ?

Après une rupture que j'ai sentie dans mes entrailles, des "plus jamais" que j'ai franchement pensés et soupesés, la décision de devenir Autre vraiment, plus moi-même, moins anéantie et annihilée par l'Autre justement, il est revenu.
Il est revenu quand même.
C'est-à-dire que je l'ai laissé revenir.

Évidemment je ne vais pas m'attarder sur ses raisons et ses motifs à lui. Parce que le truc qui me concerne plus directement, qui me fait par la même occasion découvrir une nouvelle facette de moi-même, c'est l'action d'être revenue à mon tour sur une décision profonde dont je me persuadais lorsque nous n'étions plus ensemble.

Il faut avoir de l'espoir plein le coeur, pour ça, et croire qu'une seconde chance est possible.



Une amie me disait que les secondes chances, c'est que dans les films, que les mecs devraient cesser de croire que ça existe, parce que quand c'est fini, c'est fini. (Je suis sûre que j'ai déjà cité cela de mon amie. J'adore cette remarque.) Et finalement je me suis retrouvée dans la position sceptique de la fille qui veut bien croire. Parce que franchement, on ne sait jamais.

Oui, on ne sait jamais.
Comment le savoir ? Est-ce possible que les secondes chances existent ? Qu'un couple redémarre ? Qu'on change, qu'on s'essaie, qu'on s'observe différemment ?




Avec une autre copine, au moment où je me demandais s'il allait vraiment revenir, parce que je sentais le truc venir un peu, que je n'en croyais pas mes yeux mais que ça en avait tout l'air, on se disait aussi qu'on frôlait le rebondissement de film hollywoodien. Et qu'après la tristesse que je m'étais tapée, faut pas déconner, quand on passe dix jours à morfler, au final, on veut un quart d'heure américain, ou rien. De ça, j'en étais sûre.

Ainsi, désormais je peux m'écrier : "Vive l'Amérique ! Hourra ! I love burgers, weapons, and Obama !", parce que je l'ai eu, ma chute hollywoodienne.

Il est revenu comme on revient si l'on décide de revenir. Simple, droit.

Et sachant pertinemment, peut-être, que tout ça n'est un gros coup de poker, du gros bluff, qu'on ignore totalement la fin, si l'on va remporter la partie, si le jeu en vaut la chandelle, si l'on a les bonnes cartes en mains.

Il est revenu juste quand moi je commençais à aller mieux, bien, à redécouvrir encore que toutes les mamans du monde ne mentaient pas, que les peines de coeur passent. Mais les mères disent aussi ça à leurs filles parce que leurs filles sont jeunes, qu'elles ont l'âme et les oreilles vierges, les paupières vives et les iris neufs. Il arrive peut-être un jour, ou un âge, ou un moment donné du vécu de sa vie, où l'on a foutrement pas envie de s'en remettre. Comme ça. Parce qu'on le sent. Comme Tourgueniev, qui raconte dans Premier Amour, qu'il n'en a eu qu'un d'amour, et que c'est là toute l'histoire de sa vie. Son drame chéri (son père se tapait la jeune fille qu'il aimait éperdument) et son immobilisme amoureux choisi. Le choix ultime : cette histoire, c'est mon histoire. Je veux que ce soit mon histoire.




Comme je suis un peu romantique malgré tout, je savais que je pouvais m'en remettre de cette histoire-là, mais profondément, je trouvais ça triste, puis je n'étais pas si sûre, de cette possibilité qui fait la nique à tous les poèmes et les histoires folles du monde. Question de choix d'optique.

C'est un choix peut-être moins drastique, plus moderne, mais toujours insensé dans le fond, de se laisser aller à la même ritournelle.
Encore une danse. Encore une petite traversée.

Pour voir.

Parce qu'on est des fous.

Parce que.


mardi 17 novembre 2009

Dimanche 15/11 : Une semaine

Il y a deux jours, dimanche donc, ça faisait une semaine que j'étais séparée.

Premier infime anniversaire, un bon début.

Quand finalement j'ai pu avoir autre chose en tête les deux premières secondes du réveil le matin, autre chose que "tu n'es plus avec Xx...", j'ai compris que c'était la victoire, que c'était vrai les foutaises qu'on me disait il y a une semaine, quand l'air me faisait mal au coeur et aux poumons, rien qu'à inhaler, comme une nouvelle-née : les chagrins d'amour ne durent pas plus de deux semaines. Intimement, je le savais, mais j'avais hâte que ça passe. Quand même.

Ce qui est dingue, c'est qu'un an avec Xx et tout était compliqué, alors que là, il m'a juste fallu exprimer à peine mon désir, pour qu'il devienne réalité.

"J'ai vraiment besoin de voir la mer", j'ai dit.

A chaque fois que je vais bof, j'ai besoin de vent du Nord dans ma gueule, de pluie, de mer, à croire que je suis née en Bretagne. C'est juste qu'au fond de moi, j'ai un truc de poisson : la mémoire courte, un virevoltement facile, et besoin de mer.

Alors voilà, ces derniers mois on m'a fait croire que les choses étaient difficiles, rugueuses, compliquées.

Tandis que dimanche matin, après une nuit foldingue d'alcool et de substances, j'ai simplement pris le train. Comme on prend un train quoi.


Pour le plaisir d'aller déjeuner à la mer. Autour d'un énorme plateau de fruits de mer, que je n'ai pas pris en photo, tant je trouvais ça perso, ce plateau. Crevettes, Mulot, Ecrevisses, Bigorneaux, Bulot, ... Ca existe, bulot ?



Puis en fin d'après-midi, l'air doux de la mer, loin en bas, avec presque personne sur la plage. Des vieux, et nous. (Il a tenu à ne pas être cité, c'est un homme... mystérieux.) Il y avait une lumière incroyable que l'Iphone est absolument incapable de comprendre.







J'ai bien rêvé, et je me suis remplie les narines et l'esprit. La maison bordeaux un jour sera mienne même.

Et mon pote qui dit : "Je suis bien du genre à venir jusqu'ici t'acheter la maison, mais acheter celle d'à côté." La verte amande. C'est fou comme on était lucide, dimanche. C'est l'iode, c'est sûr.




Ensuite, on est allé jusqu'à Deauville. Je comprends pas ce snobisme à détester Deauville et adorer Trouville. Trouville, c'est vraiment un trou, y'a une seule rue. Puis tellement pittoresque que tu sens que ça fait genre. Alors que Deauville, ça veut tellement faire ville de grands que ça reste plouc et que ça fait pittoresque, du coup.

Puis, à Deauville, il y a Eric Bompard. Eric est arrivé tout à fait par hasard dans nos vies, lorsqu'on a pris le train comme ça, que j'ai dit que j'allais avoir froid là-bas, et que mon ami qui a tenu à rester anonyme m'a dit qu'il m'offrirait un pull sur place. Après, il a fait son chaud, il a dit "un cachemire", parce qu'il connaissait pas Eric Bompard, il confondait avec Chopard, moi je l'avais en ligne de mire du coup Eric, et en plus mon ami il avait oublié mon don inné de choisir toujours ce qu'il y a de plus beau dans une boutique.

Chers concitoyens occidentaux, sans doute n'ignorez-vous pas que ce qu'il y a de plus beau dans une boutique est généralement ce qu'il y a de plus cher. J'ai le don de choisir naturellement donc ce qu'il y a de plus cher dans une boutique.




Je sais pas si avec cette modeste photo vous arrivez à voir les 24 fils de ce magnifique pull "souris" fait main.




De plus près... Pour admirer mon magnifique cadeau d'anniversaire. De quel anniversaire parle-t-on ? Dimanche, la semaine un, et mon anniversaire, le vrai, en avance. GÂTÉE.

De tout façon, c'est la douceur du pull qui compte.

Douceur du cachemire.

Douceur du dimanche.

Douceur du sable, et de mon ami.

Douceur de partir, et de revenir.

mercredi 11 novembre 2009

Récit d'une nuit agitée

Ou comment on reprend les mêmes et on recommence.

C'est ce que je me disais hier soir, au Scoptitone, anciennement le Paris-Paris pour ceux qui ont connu ces tendres années du Studio 54 de l'avenue de l'Opéra, du temps où l'on était tous beaux, jeunes, insouciants, célibataires. J'y ai retrouvé de vieilles copines, et j'étais effarée de voir que deux ans après, le compteur était à zéro à nouveau : j'étais avec ces mêmes vieilles copines, elles toujours sans mec, mon frère déchaîné sur le dancefloor comme à l'ancienne, et moi-même, là, toute fraîchement séparée. La même en plus vieille, c'est tout.

Je me demande bien à quoi ça sert l'existence si c'est pour se taper des avant-goûts de changements, tandis qu'en réalité, mis à part les escaliers qui ont changé de côté, la nouvelle peinture, les choses sont revenues à ce que j'ai peine à appeler "la normale". C'est peut-être ça, ma normale : sortir, zyeuter, échanger, baiser.
Et pas rester, fermer les yeux, s'accrocher, aimer.

Et ça faisait un bail que j'étais pas allée au Baron, comble du comble, j'y ai revu aussi les vieux de la vieille, et mon ex aussi, de toute façon lui il était partout, mais enfin on a pu rapidement parler, se dire à quel point c'était mort et bien mort, à quel point c'était mort-né même, et qu'on l'avait pas vu, et qu'il s'était laissé amuser, et que je m'étais laissée abuser.

Suite à notre discussion, j'ai vomi entre deux voitures, sur mes nouvelles chaussures, je vais pas dire que ça faisait longtemps, c'était la première fois.

On a fait la fermeture du Baron, comme des vrais, on est pas des top-models et des vieux en costards nous, le Baron c'est jusqu'à 7 du mat' ou rien, puis ensuite on a filé au Pied de Cochon manger des écrevisses.

Cette phase, elle était vraiment bizarre. Je vais pas rentrer dans les détails mais un homme avec une voix d'homme surpuissante et incroyable m'a fait :

"Mademoiselle, si vous le voulez bien je voudrais vous donner ma chemise." Véridique.

Il me dit, cet éphèbe, qu'elle est trop petite pour lui, qu'elle lui va mal, et il me la donne. Une chemise noire.

Résultat, je suis rentrée dormir à 10h du matin, mais je n'étais pas vraiment seule, j'avais cette chemise d'un brun que je ne connais pas, cette odeur nouvelle, odeur d'un homme neuf, pas l'odeur de printemps de l'autre, de mon dernier.

C'est très étrange, une nouvelle odeur. Au début, on se demande si l'on aime, ou pas.

Mais finalement, malgré vous, ça pénètre les narines, le cerveau, et ça vous donne de l'espoir.

Pour ne pas dire le feu au cul.

lundi 9 novembre 2009

rupture jour 2

Chers lecteurs,
je vous emmerde et je ne vous dirais plus rien concernant ma rupture.
Hier, c'était de belles paroles et de fausses promesses.

Je reviendrais raconter ma vie quand je serais d'humeur profondément drôle.

Adieu, donc.

dimanche 8 novembre 2009

Expérimentation du chagrin d'amour

Quand une relation se termine, c'est un peu comme quand on meurt, enfin à ce qu'il paraît, d'un coup on fait un bilan séquentiel, et l'on revoit toutes les étapes, les instants, les choses de notre histoire.
L'histoire étant déclarée comme finie, on voit les choses d'un nouvel angle. Je sais que c'est pas très fair play, mais il m'arrive de regretter les actes d'amour et de don, a posteriori. Je me dis que là, j'aurais pas dû insister ; que ceci, ou cela, j'aurais pas dû accepter ; que là, j'aurais mieux fait de me casser.

Ce matin, donc, le dimanche 8 novembre, est un jour historique : je me suis fait plaquée. Ça me fait du mal, je suis plutôt triste, mais en même temps l'histoire tanguait depuis avant même qu'elle existe, je crois. Avant même qu'on naisse, lui et moi, y'avait un veto divin sur nous, un truc tragédien grec, genre eux, on va faire en sorte que le cul soit mortel qu'ils se marrent bien, mais qu'elle soit toujours plus exigeante et lui sentimentalement indemne. (Je m'en donne à coeur joie sur ce blog, rien à foutre de l'intimité, théoriquement y'en a plus.)


C'est étrange de se faire plaquer. L'un premiers textes de ce blog parlait de ça, justement. Pour une fois, alors que j'ai quitté ce même garçon un nombre incalculable de fois, je dois admettre qu'il y a quelque chose de doux, dans l'acte de se faire plaquer. Lorsque je le quittais, j'étais rongée d'amour bafoué, de culpabilité, de remords. Là, au moins, même si on est deux responsables des choses qui ne vont pas, on n'est pas deux responsables de la rupture. Il a pris la décision pour moi. C'est une chose qu'on n'a pas fait depuis 1998, peut-être, décider à ma place, ne pas me laisser le choix, trancher, choisir.

Ainsi, à la différence des fois où moi je le quittais et où l'angoisse me prenait d'avoir peut-être pris la mauvaise décision, de n'avoir pas bien pesé et vu les choses, d'avoir hâtivement jugé, là, au moins je suis tranquille. Ce n'est pas moi qui me goure. Ou pas. La question n'est pas de savoir s'il a raison, ou tort, mais d'admettre que c'est un chagrin d'amour pour le moins confortable.

Le truc, c'est que je n'ai aucune idée de combien de temps ça prend à partir, la tristesse, ni de comment ça se gère. Avant, je portais la culotte, j'étais forte, je quittais, avec des discours et des revendications pleins mon baluchon. Guerrière.

Là, je suis comme assise sur un petit rocher au milieu de nulle part, marée basse, abandonnée comme une petite fille. Et c'est agréable malgré tout de ne pas se sentir responsable.

Bon. Je suis célibataire. Je sais pas ce que ça va me permettre maintenant que je ne m'autorisais avant, franchement. Certes il va y avoir des changements : retour aux capotes, aux situations absurdes, à la décadence du célibat. Je vais pas dire que ça me manquait.

Mais vu que j'ignore combien de temps j'ai naturellement besoin pour me remettre d'une peine de coeur, je pense que ce blog sera donc un bon moyen de partager cette expérience inédite.

C'est quoi les étapes vers un changement radical ?

Je suis copine avec les potes de ce mec, il va donc bien falloir que je change de milieu, pour un temps du moins. Pas question de me le croiser à tout va. (Même si ce matin, lui, il avait l'air ravi d'en revenir au temps de la bise...)
-Défi numéro 1 : Rencontrer de nouvelles personnes.

Puis, logiquement, quand on sort d'une histoire, c'est pas pour aller vers quelque chose de moins bien. J'admirais énormément ce mec, que je trouvais beau, sexy, talentueux, drôle, tendre, charmant...
-Défi numéro 2 : Trouver mieux. Plus beau, plus grand, plus drôle, plus intelligent... Et pourquoi pas plus riche ? Ça me ferait pas de mal, fauchée comme je suis...

Je viens de me rendre compte que j'oublie quelque chose de fondamental.
-Défi numéro 0 : L'oublier. Évidemment, là, tout de suite, ça me semble tendu. Mais c'est pour ça justement que j'ai un blog. Écrire, c'est un superbe exutoire.

Donc rupture jour J, pour l'instant, j'en suis au défi 0. Mais je compte bien chroniquer ici les avancées, changements, chamboulements.

On va bien rigoler.

samedi 7 novembre 2009

Mythologie du couple

(En une demi-heure chrono, on m'attend pour dîner...)

Ce soir je voudrais parler donc de ce que j'appelle la mythologie du couple. C'est-à-dire que chaque couple a une genèse, sa propre histoire. Moi, ça me fascine. J'ai envie de demander à tous les couples que je croise comment ils se sont rencontrés. Ce que je préfère, c'est que ce n'est absolument jamais la même version à chaque fois.
Il arrive que l'histoire des débuts du couple soit si belle que le couple continue, même lorsque ça ne va plus, seulement parce que les débuts étaient idylliques, mythiques, romanesques. C'était le cas de mon mariage (oui, j'y reviens encore, c'est inépuisable d'anecdotes le mariage...) : au début, le coup de foudre simultané/réciproque, le désir qui montait, le tabou (on était cousins), la distance, tout a fait que c'était incroyable. Deux ans après, alors que notre quotidien était invivable et qu'on se bouffait cru comme des chiens, on s'accrochait désespérément à nos débuts, seule chose rose du tableau. On se regardait dans le blanc des yeux pour se remémorer notre Eden des sentiments.

C'est débile. Et trompeur. Il faut se méfier des débuts de miel; ça nous engourdit le coeur et aide à ce que l'amour, ensuite, nous rende longtemps aveugle.



La plupart des couples originaux, et costaux, ont d'ailleurs des débuts les plus étranges. (Superbe vérité générale énoncée que je n'ai pas envie de développer.)

Cependant, l'exact contraire au début parfait n'est pas mieux. Un début de merde, avec des valeurs inversées, pas d'amour, pas de réciprocité, c'est pas évident à mentalement assumer. Car même si avec le temps il est possible qu'on s'attache, on reste toujours sceptique, du fait d'être issue d'une génération Disney. Difficile de se convaincre : "Oui chérie, j'ai rencontré ton père à une partouze, il était seul puisque personne voulait le sucer, et finalement de fil en aiguille, ..."

On prétend être libre. Nous sommes même libres de vivre des choses différentes du schéma préconçu idiotement romantique. Niquer à tout va, pas de problème. Se taper une bande de potes, pas de problème. Draguer par chat, pourquoi pas. Mais quand on revient dessus, on sent bien qu'il y a une couille dans notre soupe de mythologie. Parfois, on voudrait bien se dire que dès le début on avait l'aval des dieux pour commencer cette histoire. Que le monde était d'accord avec notre dévolu.

Franchement, je vais pas tourner autour du pot 150 ans, le garçon que je fréquente (j'ai vraiment du mal à me la jouer noir sur blanc façon avec mon mec) et moi avons des débuts compliqués, difficiles, poussiéreux, et parfois glauques. Souvent même. Enfin, ça c'est la version officielle qu'il me faut assumer. Je me suis plus souvent sentie vieille pute que princesse à nos débuts. C'est bizarre comme constat, mais entre nous j'en connais pleins qui vivent l'inverse : d'abord princesse, puis vieille pute. Alors je vais pas me plaindre.

Au-delà de cette version officielle, j'ai remarqué que je me suis faite ma propre version, plus tendre, plus romancée, plus belle. C'est là que je me rends compte qu'il est très difficile de vivre sans mythe.

L'appréhension que j'aurais de confronter ma version à la sienne, et à l'officielle, me confirme une chose : on tient désespérément à notre mythologie du couple. C'est pareil que la terrible angoisse de la genèse des enfants : on t'a trouvé dans une poubelle. Cette vieille blague du frère ainé prouve une chose : peu importe l'harmonie de la famille, le confort, l'amour des parents, il est terrorisant pour un enfant de penser que les débuts, c'était de la merde. Que ça a mal commencé. C'est aussi la blessure des adoptés : bien qu'ils aient été gentiment élevés et recueillis, ils ne peuvent pardonner l'idée que dès le début, on ne voulait pas d'eux.

Est-ce que je me sens comme une enfant adoptée ? Malgré les efforts et les avancées, serai-je toujours obsédée par nos débuts branlants ?

Faudra-t-il compenser un jour ce manque de délicatesse ? Voudrai-je, en dédommagement de n'avoir pu avoir une belle rencontre magique, un pavillon en banlieue, une Porsche Cayenne et un labrador ?

Je ne sais à quels saints me vouer. On sait que les histoires d'amour finissent mal, en général. Mais celles qui commencent mal ? Hein ?

Je sais pas pour le labrador.

Je me contenterais peut-être juste de la Porsche. Pour commencer.