vendredi 12 juin 2009

China Girl Contre La Censure #4, ou Celui-ci et Celle-là.

Qu'est-ce qu'elle est ironique, la vie.




Quand on commence un post ainsi, amis lecteurs, il faut s'attendre au pire, ou au meilleur. Je disais donc...
Oui, parce qu'il y a deux-trois mois j'aurais donné beaucoup pour être à la place à laquelle je suis en cet instant même. Quelle place? Quels ont été les véritables changements de ces derniers mois, justement?

Je précise avant tout que je n'écris pas afin de figer les choses, et de poser les progrès comme des victoires; chaque instant est en mouvement, je le sais bien mais bon, des touches de clavier, du noir sur blanc, ça fige un peu, on n'en est pas encore à la véritable avancée technologique qui permettrait de laisser de la liberté et du mouvement dans les associations linguistiques. Passons.





Donc oui, quelques mois avant, pas de boulot, pas trop en tout cas, pas de projets, pas trop en tout cas, pas d'amour, pas trop en tout cas. Je ne dis pas que tout a hyper changé. Mais déjà, suite à une grève sans fin, les exams sont passés, et si l'on se fiche un peu des résultats, l'important, c'est ce poids en moins sur la conscience.
Niveau boulot, je ne me plains pas, même si je devrais me plaindre d'être un vendredi soir 00:17 devant un ordi dans des locaux plus vides que vides. Je suis le fantôme de la pièce du fond, du cagibi. Mais en temps de crise, c'est pas plus mal d'avoir des choses à faire. On se sent utile. Au moins.

C'est au niveau des amours et des projets que tout ce complique. Je pars donc dans une semaine, jeudi prochain 15 h, en Chine, pour un mois. On en parlait avec une copine, Manouche, et on disait qu'un mois, c'est une étrange tranche de temps, quand même. Parce que dix jours c'est rien, quinze jours c'est trop cool, trois mois c'est un vrai départ, tandis que un mois c'est tout à fait entre les deux. Assez pour partir et péter un plomb, assez pour se déconnecter totalement, pas suffisament pour anticiper la révolution et la faire profondément comprendre à vos proches.

J'en ai un, tout près, pas loin, qui n'a pas l'air de s'en soucier. Pas trop. En même temps j'en sais rien, j'en suis pas sûre, je ne vais quand même pas aller le voir excitée comme une puce et faire "Alors alors ça te stresse à mort toi aussi que je parte pendant UN MOIS hyper hyper LOIN avec mes COPAINS pour faire la fête, me dépayser, et OUBLIER Paris?"...

Non mais, franchement, un peu de calme.






Cependant je vois bien que je suis face à une situation particulière, on ne peut le nier. Cette situation se décline grosso-modo en trois aspects:

1* Un mois, c'est rien.
On s'aime bien, et puis je peux bien croire que je suis une chouette fille, unique, drôle, que j'ai bien creusé ma place en ce monde et que chacun a la sienne et que donc me faire du soucis, c'est puéril et bête. Un peu de confiance, 30 jours ce n'est justement pas trois mois, et hop! ça passera très vite. Je vais m'amuser, en plus, en attendant. Et Paris, en juillet, c'est toujours les mêmes personnes qui restent, donc la tentation n'est pas fofolle, on s'en lasse vite.

2* Un mois, c'est tout. C'est énorme.
On fait quoi pendant un mois? On se prive de sexe? Ouhla. C'est très scabreux d'entrer dans la sphère du :"Tu vas faire quoi pendant le mois où chuis pas là? Te branler tous les jours ou niquer des filles comme ça?", surtout, surtout dans un blog, alors que j'ai encore rien soufflé en chair et en os. Pas bien. Ne continuons pas sur ce terrain-là. Mais n'empêche, je peux pas franchement dire comment je serais dans un mois. Quel regard la Chine va me donner de la France, de Paris, de ma petite existence? Et si je trouvais tout dérisoire? Les choses qui m'ont tant tenu à coeur, si vaines? Remarquez, je ne risque pas au moins de sombrer dans une obscure religion, un obscur bouddhisme, puisque bouddhiste, je le suis déjà. C'est au moins ça de gagné. Mais je mangerai sûrement des scorpions en brochette, et ça, ça change une femme. Faut faire gaffe.

3* Un mois, c'est ce qu'on en fait. Certes. Et puis: "ce qui ne tue pas, rend plus fort".
Aie aie aie, c'est prendre le risque de mourir, quand même. Je vois le verre à moitié vide là, mais allez savoir pourquoi je suis très très sceptique quant à ce que je laisse derrière moi... Ceux que je laisse derrière moi... Allez, trêve de bluff: celui. Celui que je laisse derrière moi. Comme dirait mon frère, c'est le moment pour celui-ci donc, de se faire des pokers et des putes à gogo. La joie. Bon, je vous le cache pas non plus, il y a une petite communauté d'expatriés en Chine, pas trop mal... Et à en voir la population locale environnante, ils doivent être en chien, ces riches et ambitieux avocats des affaires internationales que voilà. On est à égalité dans la prise de risque, donc. En même temps c'est très débile de penser comme ça: comme dit ma cops Olia, pas de mercantilisme en sentiments, c'est nul, puis on est toujours ex aequo dans la vie. C'est vraiment très très bas de ma part de penser à ce genre de choses. D'assurer mes arrières. Quel esprit vil et revanchard alors. C'est nul. Nul. Bah. Mauvais.

Bref. La Chine m'attend. J'ai évidemment très très envie d'y aller.





Mais je vous disais à quel point j'aurais pu désirer la place à laquelle je suis aujourd'hui et l'ironie de la vie. Oui, car au moment où j'ai le plus envie de profiter de l'autre, de celui-là, je ne peux pas vraiment, j'ai trop de taff: pas de grasses mat', pas de ciné, pas de promenades, de brocantes, enfin, de trucs trop cool à faire avec un mec qu'on aime bien, avec lequel on pourrait aussi se la péter un peu (Quoi? Je pense encore à assurer mes arrières? Qu'on me voit avec un bogosse, c'est cool non seulement pour mon image, mais pour quand je serais célibataire on se souviendra que je suis pas une rigolote et que je me tape des bogosses? C'est nul de ma part. Vraiment minable. Moche. Pas bien, Bethsabée. Pas bien du tout. Cesse.).
Bon, on copule un peu, c'est déjà pas mal. In extremis quoi.






Mais quand même.

Or, j'étais consciente au moment de prendre mes billets d'inscrire une attitude originale dans ma vie: désormais, je n'attendais plus rien, ni personne, ni rien de personne. Et voilà une bonne chose de faite. C'est la première fois pour moi de faire quelque chose de si éloigné d'une intrigue amoureuse. J'ai fait des choses folles, traversé la France à 16 ans de fond en comble en auto-stop, oui, mais avec mon mec; je suis partie à 19 ans au bout du monde, oui, mais pour rejoindre mon mec... J'ai fait des histoires d'allers-retours et de voyages à tout-va, mais pour de l'amour. En Argentine, on dit à ce propos, aux jeunes garçons, qu'un poil de chatte tire plus loin que cent chevaux. Vous voyez ce que je veux dire. Dans mon cas, on aurait dû en faire l'équivalent pour les jeunes filles :"Attention, un poil de bite t'emporte plus loin que...."

C'est du joli.

Bon, là, je vais voir un garçon quand même en Chine, mais c'est le meilleur ami, ça ne compte pas. Il n'y a pas d'étendard romanesque brandi, juste le pari de rigoler jusqu'à s'en plier les tripes, et faire un peu de sport aux abdos, qui se sont ramollis depuis qu'il est parti, du coup.

De plus, je crois qu'il vaut mieux prendre des vacances que d'attendre qu'on nous les propose. Ça peut paraître castrateur comme proposition, mais à force d'attendre, et je parle de façon tout à fait générale, je ne vise personne, hein, on augmente simplement le facteur déception. J'ai assez donné perso. Je préfère le facteur je-prend-mes-billets-sur-Opodo-toute-seule-comme-une-grande-avant-que-tu-me-fasses-bader-avec-tes-fausses-promesses-ou-ton-Club-Med.
Et puis, je ne supporte plus cette passivité de demoiselle aux ongles vernis. Action, action, action.


Enfin n'oublions pas que je suis une angoissée, qui a trouvé un certain réconfort dans le doute: au moins, je sais une chose: je pars. Après, dans quel état je pars, dans quel état je serrai, et comment je reviendrai... C'est un autre problème.

Alea jacta est.






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