mardi 22 décembre 2009

Je suis féminisme


Cela fait un certain temps que j'ai envie de parler de féminisme. De ce mot décharné, devenu dans la bouche de certains synonyme d'insulte, de frustration, ou de médiocrité de son sexe. Ce mot honteux qu'on porte comme un vieux "isme" de l'après-guerre, ce mot des gouinasses, des moches, et des putains. Il est vrai que depuis que je l'étudie, je trouve peu de théoriciennes et théoriciens qui échappent à la caricature, et dont la totalité des arguments me conviennent, ou me touchent. Et pourtant, j'y reste attachée, à ce mot-là. Cette belle idée.

C'est quoi, aujourd'hui, être féministe ?

C'est quoi, pour moi ?

Utiliser le mot de féminisme n'est pas anodin en soi : on aurait pu trouver autre chose, depuis le temps, mais non, on s'attache sentimentalement et bêtement à ce mot qui a permis à un moment donné, y'a un peu plus de 50 ans, à une femme d'aller seule à la banque, ouvrir son compte, voter, porter un pantalon, demander le divorce, jouir aussi avec son clitoris, et le tout peut-être dans la même journée. Si c'est pas du progrès.

Malheureusement pour les idéalistes, je fais partie de celles qui pensent que tous les murs ne sont pas abattus en matière de libération de mon sexe. Et heureusement aussi, car en cela je me considère comme parfaitement lucide. Et nécessaire.




Quand je pense à mon mec 60% du temps, je me demande où est mon féminisme. Quand je regarde Gossip Girl, pareil. Quand je devine que c'est moi qui devra travailler moins si j'ai un môme, aussi. Quand je sais mes sacrifices du passé, du présent, et de l'avenir, je me demande dans quel tiroir je me le mets, mon féminisme.

Le féminisme est une notion immense, toujours en progression, toujours à creuser, à actualiser. Très difficile à saisir par un bout. Là, je peine.

Si l'histoire culturelle et sociale pointe clairement les inégalités, les atrocités, les disparités entre les hommes et les femmes (que je ne vais pas développer là, c'est pas mon propos), il y a une culture répressive de la femme ancrée plus profondément encore, et qui me touche plus particulièrement : celle qui nie les femmes dans leur nature profonde. Pour ça, peu de lois applicables encore. Pas de sanctions, ni d'amendes.

Quelle est la nature profonde d'une femme ? Je l'ignore franchement, et j'espère que les empêchements, les négations, les bâtons dans les roues d'une société du masculin ne déterminera pas en négatif ce que nous sommes chacunes individuellement.




Si je n'avais pas un grain, je n'aurais sans doute pas été féministe. Si je n'étais pas folle, comme les hommes l'entendent, comme ceux qui internent les femmes l'entendent, comme ceux qui insultent les femmes l'entendent, comme ceux qui définissent les dictionnaires le pensent, je ne serais peut-être pas féministe.

Je suis née avec une voix grave, cassée. Pour me faire entendre, casser.
J'ai été élevée comme une sauvage qui s'est toujours sentie suffisamment libre pour dire toujours haut et fort ce qu'elle pense, et je n'ai jamais compris la politesse, sinon le respect. La politesse de respecter les vieilles connes, de sourires aux vieux cons, de fermer mes jambes, serrer les genoux, fermer ma bouche et serrer les dents, connais pas.

Être féministe, vouloir donner sens à une notion obsolète pour la majorité ignorante, c'est continuellement combattre les préjugés qu'on accorde au caractère de la femme, à ce putain d'éternel féminin qui nous étouffe.




Non, je ne suis pas douce. Ni patiente. Je ne sais pas coudre. Ni faire correctement le ménage. Je ne veux pas me lever la nuit changer les couches d'un enfant. Ca ne me semble pas naturel, ou propre à ma naissance.



Et surtout, j'assume continuellement de porter les insultes qu'on a gentiment créer pour que les femmes évitent donc d'être ce que je suis : une harpie, une mégère, une salope, une chieuse, une castratrice.

Tout ça, c'est moi. Ce n'est pas le mot féminisme qui colle pas, mais la croyance persistante et la crainte d'incarner ces terribles mots-là. La mégère, ce n'est qu'une femme qui s'occupe des choses qui l'entourent; la harpie, une femme qui se défend. Une chieuse, c'est une femme qui existe; une salope, une qui se paie du bon temps.

Et une castratrice, au jour d'aujourd'hui, c'est une femme libre. Point.





lundi 21 décembre 2009

Récapitulatif (en images)

Quelle sale lâche, j'ai récupéré un mammifère masculin membré qui est revenu et j'ai re-disparu presque un mois de ce blog.

Alors qu'il s'en est passé des choses.

Déjà, j'ai eu 24 ans.

J'ai soufflé les bougies avant qu'ils ne chantent la chanson... J'avais oublié le rituel.


Prendre de l'âge n'empêche sûrement pas les élans régressifs.


Une femme épanouie à mon anniversaire.


Une fille facile à mon anniversaire.


Une fille intéressée à mon anniversaire.


Et globalement, des gens beaux.
Et j'ai eu aussi pleins de cadeaux :
-un Iphone
-une robe APC
-un harmonica
-un sac
-des bouquins, et d'autres trucs.


Au départ, j'étais plutôt sceptique face à cette fameuse robe. Mais le dernier verdict est positivement positif au final.


Puis je suis partie en week-end en Bretagne pour fêter l'anniversaire d'un pote, mais tandis qu'il faisait du piano presque debout, c'est plutôt mon couple qui s'est auto-fêté tout le week-end.
Comme nous sommes progressistes de gauche, l'idée est venue d'appeler cela la "couplitude", mais autrement, tout comme Royal, on s'est dit qu'on devait cesser d'afficher notre bonheur de façon ostentatoire sinon on n'allait plus avoir d'amis, et on allait se faire zapper de la guest list vip des week-end. Ce qui serait bien dommage.

Le pianiste.


Les "Seychelles de la Bretagne".

Danser le flamenco contemporain sur la plage, c'est possible.


Voici la photo à la Ozon où l'on incarne la joie de vivre à l'état pur. Très agréable, mais très énervant pour ceux qui sont exclus du duo de la joie de vivre à l'état pur.

Sinon durant ce mois de silence j'ai été occupée à découvrir que j'ai une maladie de peau plutôt rare qui dure ad vitam eternam. La joie. La décence m'empêche de continuer sur ce point-là, parce que si je suis plutôt exhibo, je vais quand même pas vous parler de ma chatte. Enfin, pas aujourd'hui en tous cas.

Puis je suis allée fêter Noël chez ma presque-belle-famille en Normandie dans un bled paumé. Je dis presque belle-famille parce que si ça fait un mois que ça roule côté coeur, faut pas s'emballer non plus, et qu'au-delà de cette crainte subjective, il y a le fait objectif que je suis toujours mariée, et que légalement j'ai une belle-famille et un abandon de domicile conjugal collé au cul. Vandale.

En parlant de vandalisme, justement, ce dernier mois a été aussi la sacralisation d'une pratique que j'espère ne jamais délaisser, jusqu'à ce que mes finances se réparent : le vol.
Pur et dur. Pas n'importe lequel, comme je précise toujours, ceci n'est pas de la cleptomanie mais la conséquence de la précarité de la jeune étudiante que je suis qui a en foutrement assez de se faire sodomiser à chaque passage en caisse du Monoprix.

Bon, il y a eu quelques dommages collatéraux, j'ai volé un bouquin chez une vieille libraire comme-on-n'en-fait-plus, mais j'y avais acheté des bouquins, alors ça compte comme si je payais pas la tva, on peut dire.

Puis j'ai péta un tout petit truc de rien du tout à la Croix Rouge. Ça, je sais c'est odieux, mais je crois que c'est l'acte le plus rock'n'roll fait à Paris en cette année 2009. Carrément.

Il faut préciser que j'ai une dent contre la Croix Rouge, qui vend allègrement mes fringues que je donne à tout-va sans jamais me faire de ristournes si, sentimentale, je souhaite les récupérer, et qui m'a vendu une paire de Charles Jourdan 15 eu sous prétextes que c'est de la marque, ce que je trouve profondément incorrect, parce que ça veut dire que les sdf n'ont pas le droit aux Charles Jourdan mais aux pompes moches à 2,50 euros, et ça c'est pas très catholique franchement.

Alors vive le Rock et mes boucles d'oreilles en plastique péta à la Croix Rouge.

A part cela, je vole vraiment que les grands, Monop', H&M, et... Ce sont mes deux victimes de prédilection. Après avoir mangé du foie gras sous toutes ses formes pendant deux semaines (pâtes au foie gras, sandwichs au foie gras, toast de foie gras, salade de ...), j'arrive désormais à optimiser mes "achats", et à viser le long terme : olives, sauces SACLA, poulet bio (évidemment), épices "Colombo" pour aller avec... Je gambade sans culpabilité aucune, telle Bonnie Parker,"il faut croire que c'est la société, qui m'a définitivement abîmée", et je gambade d'autant mieux que ma pratique illicite m'a permis d'avoir 4 nouvelles paires de chaussures qu'on m'en dit des nouvelles tellement elles sont chouettes.

Entre nous, c'est quand même mieux d'être Calamity Jane, que Causette, non.
Oui, je sais c'est mieux aussi d'un jour penser à travailler et à gagner de l'argent. Certes.

Qui vivra verra.

En attendant, gambadons allègrement.

Le temps d'éliminer le foie gras, au moins.



jeudi 26 novembre 2009

Il est revenu

Il est revenu.

Un peu comme dans un thriller, mais en moins flippant, quoique, la semaine dernière, IL est revenu.
Mais comment c'est possible ?

Après une rupture que j'ai sentie dans mes entrailles, des "plus jamais" que j'ai franchement pensés et soupesés, la décision de devenir Autre vraiment, plus moi-même, moins anéantie et annihilée par l'Autre justement, il est revenu.
Il est revenu quand même.
C'est-à-dire que je l'ai laissé revenir.

Évidemment je ne vais pas m'attarder sur ses raisons et ses motifs à lui. Parce que le truc qui me concerne plus directement, qui me fait par la même occasion découvrir une nouvelle facette de moi-même, c'est l'action d'être revenue à mon tour sur une décision profonde dont je me persuadais lorsque nous n'étions plus ensemble.

Il faut avoir de l'espoir plein le coeur, pour ça, et croire qu'une seconde chance est possible.



Une amie me disait que les secondes chances, c'est que dans les films, que les mecs devraient cesser de croire que ça existe, parce que quand c'est fini, c'est fini. (Je suis sûre que j'ai déjà cité cela de mon amie. J'adore cette remarque.) Et finalement je me suis retrouvée dans la position sceptique de la fille qui veut bien croire. Parce que franchement, on ne sait jamais.

Oui, on ne sait jamais.
Comment le savoir ? Est-ce possible que les secondes chances existent ? Qu'un couple redémarre ? Qu'on change, qu'on s'essaie, qu'on s'observe différemment ?




Avec une autre copine, au moment où je me demandais s'il allait vraiment revenir, parce que je sentais le truc venir un peu, que je n'en croyais pas mes yeux mais que ça en avait tout l'air, on se disait aussi qu'on frôlait le rebondissement de film hollywoodien. Et qu'après la tristesse que je m'étais tapée, faut pas déconner, quand on passe dix jours à morfler, au final, on veut un quart d'heure américain, ou rien. De ça, j'en étais sûre.

Ainsi, désormais je peux m'écrier : "Vive l'Amérique ! Hourra ! I love burgers, weapons, and Obama !", parce que je l'ai eu, ma chute hollywoodienne.

Il est revenu comme on revient si l'on décide de revenir. Simple, droit.

Et sachant pertinemment, peut-être, que tout ça n'est un gros coup de poker, du gros bluff, qu'on ignore totalement la fin, si l'on va remporter la partie, si le jeu en vaut la chandelle, si l'on a les bonnes cartes en mains.

Il est revenu juste quand moi je commençais à aller mieux, bien, à redécouvrir encore que toutes les mamans du monde ne mentaient pas, que les peines de coeur passent. Mais les mères disent aussi ça à leurs filles parce que leurs filles sont jeunes, qu'elles ont l'âme et les oreilles vierges, les paupières vives et les iris neufs. Il arrive peut-être un jour, ou un âge, ou un moment donné du vécu de sa vie, où l'on a foutrement pas envie de s'en remettre. Comme ça. Parce qu'on le sent. Comme Tourgueniev, qui raconte dans Premier Amour, qu'il n'en a eu qu'un d'amour, et que c'est là toute l'histoire de sa vie. Son drame chéri (son père se tapait la jeune fille qu'il aimait éperdument) et son immobilisme amoureux choisi. Le choix ultime : cette histoire, c'est mon histoire. Je veux que ce soit mon histoire.




Comme je suis un peu romantique malgré tout, je savais que je pouvais m'en remettre de cette histoire-là, mais profondément, je trouvais ça triste, puis je n'étais pas si sûre, de cette possibilité qui fait la nique à tous les poèmes et les histoires folles du monde. Question de choix d'optique.

C'est un choix peut-être moins drastique, plus moderne, mais toujours insensé dans le fond, de se laisser aller à la même ritournelle.
Encore une danse. Encore une petite traversée.

Pour voir.

Parce qu'on est des fous.

Parce que.


mardi 17 novembre 2009

Dimanche 15/11 : Une semaine

Il y a deux jours, dimanche donc, ça faisait une semaine que j'étais séparée.

Premier infime anniversaire, un bon début.

Quand finalement j'ai pu avoir autre chose en tête les deux premières secondes du réveil le matin, autre chose que "tu n'es plus avec Xx...", j'ai compris que c'était la victoire, que c'était vrai les foutaises qu'on me disait il y a une semaine, quand l'air me faisait mal au coeur et aux poumons, rien qu'à inhaler, comme une nouvelle-née : les chagrins d'amour ne durent pas plus de deux semaines. Intimement, je le savais, mais j'avais hâte que ça passe. Quand même.

Ce qui est dingue, c'est qu'un an avec Xx et tout était compliqué, alors que là, il m'a juste fallu exprimer à peine mon désir, pour qu'il devienne réalité.

"J'ai vraiment besoin de voir la mer", j'ai dit.

A chaque fois que je vais bof, j'ai besoin de vent du Nord dans ma gueule, de pluie, de mer, à croire que je suis née en Bretagne. C'est juste qu'au fond de moi, j'ai un truc de poisson : la mémoire courte, un virevoltement facile, et besoin de mer.

Alors voilà, ces derniers mois on m'a fait croire que les choses étaient difficiles, rugueuses, compliquées.

Tandis que dimanche matin, après une nuit foldingue d'alcool et de substances, j'ai simplement pris le train. Comme on prend un train quoi.


Pour le plaisir d'aller déjeuner à la mer. Autour d'un énorme plateau de fruits de mer, que je n'ai pas pris en photo, tant je trouvais ça perso, ce plateau. Crevettes, Mulot, Ecrevisses, Bigorneaux, Bulot, ... Ca existe, bulot ?



Puis en fin d'après-midi, l'air doux de la mer, loin en bas, avec presque personne sur la plage. Des vieux, et nous. (Il a tenu à ne pas être cité, c'est un homme... mystérieux.) Il y avait une lumière incroyable que l'Iphone est absolument incapable de comprendre.







J'ai bien rêvé, et je me suis remplie les narines et l'esprit. La maison bordeaux un jour sera mienne même.

Et mon pote qui dit : "Je suis bien du genre à venir jusqu'ici t'acheter la maison, mais acheter celle d'à côté." La verte amande. C'est fou comme on était lucide, dimanche. C'est l'iode, c'est sûr.




Ensuite, on est allé jusqu'à Deauville. Je comprends pas ce snobisme à détester Deauville et adorer Trouville. Trouville, c'est vraiment un trou, y'a une seule rue. Puis tellement pittoresque que tu sens que ça fait genre. Alors que Deauville, ça veut tellement faire ville de grands que ça reste plouc et que ça fait pittoresque, du coup.

Puis, à Deauville, il y a Eric Bompard. Eric est arrivé tout à fait par hasard dans nos vies, lorsqu'on a pris le train comme ça, que j'ai dit que j'allais avoir froid là-bas, et que mon ami qui a tenu à rester anonyme m'a dit qu'il m'offrirait un pull sur place. Après, il a fait son chaud, il a dit "un cachemire", parce qu'il connaissait pas Eric Bompard, il confondait avec Chopard, moi je l'avais en ligne de mire du coup Eric, et en plus mon ami il avait oublié mon don inné de choisir toujours ce qu'il y a de plus beau dans une boutique.

Chers concitoyens occidentaux, sans doute n'ignorez-vous pas que ce qu'il y a de plus beau dans une boutique est généralement ce qu'il y a de plus cher. J'ai le don de choisir naturellement donc ce qu'il y a de plus cher dans une boutique.




Je sais pas si avec cette modeste photo vous arrivez à voir les 24 fils de ce magnifique pull "souris" fait main.




De plus près... Pour admirer mon magnifique cadeau d'anniversaire. De quel anniversaire parle-t-on ? Dimanche, la semaine un, et mon anniversaire, le vrai, en avance. GÂTÉE.

De tout façon, c'est la douceur du pull qui compte.

Douceur du cachemire.

Douceur du dimanche.

Douceur du sable, et de mon ami.

Douceur de partir, et de revenir.

mercredi 11 novembre 2009

Récit d'une nuit agitée

Ou comment on reprend les mêmes et on recommence.

C'est ce que je me disais hier soir, au Scoptitone, anciennement le Paris-Paris pour ceux qui ont connu ces tendres années du Studio 54 de l'avenue de l'Opéra, du temps où l'on était tous beaux, jeunes, insouciants, célibataires. J'y ai retrouvé de vieilles copines, et j'étais effarée de voir que deux ans après, le compteur était à zéro à nouveau : j'étais avec ces mêmes vieilles copines, elles toujours sans mec, mon frère déchaîné sur le dancefloor comme à l'ancienne, et moi-même, là, toute fraîchement séparée. La même en plus vieille, c'est tout.

Je me demande bien à quoi ça sert l'existence si c'est pour se taper des avant-goûts de changements, tandis qu'en réalité, mis à part les escaliers qui ont changé de côté, la nouvelle peinture, les choses sont revenues à ce que j'ai peine à appeler "la normale". C'est peut-être ça, ma normale : sortir, zyeuter, échanger, baiser.
Et pas rester, fermer les yeux, s'accrocher, aimer.

Et ça faisait un bail que j'étais pas allée au Baron, comble du comble, j'y ai revu aussi les vieux de la vieille, et mon ex aussi, de toute façon lui il était partout, mais enfin on a pu rapidement parler, se dire à quel point c'était mort et bien mort, à quel point c'était mort-né même, et qu'on l'avait pas vu, et qu'il s'était laissé amuser, et que je m'étais laissée abuser.

Suite à notre discussion, j'ai vomi entre deux voitures, sur mes nouvelles chaussures, je vais pas dire que ça faisait longtemps, c'était la première fois.

On a fait la fermeture du Baron, comme des vrais, on est pas des top-models et des vieux en costards nous, le Baron c'est jusqu'à 7 du mat' ou rien, puis ensuite on a filé au Pied de Cochon manger des écrevisses.

Cette phase, elle était vraiment bizarre. Je vais pas rentrer dans les détails mais un homme avec une voix d'homme surpuissante et incroyable m'a fait :

"Mademoiselle, si vous le voulez bien je voudrais vous donner ma chemise." Véridique.

Il me dit, cet éphèbe, qu'elle est trop petite pour lui, qu'elle lui va mal, et il me la donne. Une chemise noire.

Résultat, je suis rentrée dormir à 10h du matin, mais je n'étais pas vraiment seule, j'avais cette chemise d'un brun que je ne connais pas, cette odeur nouvelle, odeur d'un homme neuf, pas l'odeur de printemps de l'autre, de mon dernier.

C'est très étrange, une nouvelle odeur. Au début, on se demande si l'on aime, ou pas.

Mais finalement, malgré vous, ça pénètre les narines, le cerveau, et ça vous donne de l'espoir.

Pour ne pas dire le feu au cul.

lundi 9 novembre 2009

rupture jour 2

Chers lecteurs,
je vous emmerde et je ne vous dirais plus rien concernant ma rupture.
Hier, c'était de belles paroles et de fausses promesses.

Je reviendrais raconter ma vie quand je serais d'humeur profondément drôle.

Adieu, donc.

dimanche 8 novembre 2009

Expérimentation du chagrin d'amour

Quand une relation se termine, c'est un peu comme quand on meurt, enfin à ce qu'il paraît, d'un coup on fait un bilan séquentiel, et l'on revoit toutes les étapes, les instants, les choses de notre histoire.
L'histoire étant déclarée comme finie, on voit les choses d'un nouvel angle. Je sais que c'est pas très fair play, mais il m'arrive de regretter les actes d'amour et de don, a posteriori. Je me dis que là, j'aurais pas dû insister ; que ceci, ou cela, j'aurais pas dû accepter ; que là, j'aurais mieux fait de me casser.

Ce matin, donc, le dimanche 8 novembre, est un jour historique : je me suis fait plaquée. Ça me fait du mal, je suis plutôt triste, mais en même temps l'histoire tanguait depuis avant même qu'elle existe, je crois. Avant même qu'on naisse, lui et moi, y'avait un veto divin sur nous, un truc tragédien grec, genre eux, on va faire en sorte que le cul soit mortel qu'ils se marrent bien, mais qu'elle soit toujours plus exigeante et lui sentimentalement indemne. (Je m'en donne à coeur joie sur ce blog, rien à foutre de l'intimité, théoriquement y'en a plus.)


C'est étrange de se faire plaquer. L'un premiers textes de ce blog parlait de ça, justement. Pour une fois, alors que j'ai quitté ce même garçon un nombre incalculable de fois, je dois admettre qu'il y a quelque chose de doux, dans l'acte de se faire plaquer. Lorsque je le quittais, j'étais rongée d'amour bafoué, de culpabilité, de remords. Là, au moins, même si on est deux responsables des choses qui ne vont pas, on n'est pas deux responsables de la rupture. Il a pris la décision pour moi. C'est une chose qu'on n'a pas fait depuis 1998, peut-être, décider à ma place, ne pas me laisser le choix, trancher, choisir.

Ainsi, à la différence des fois où moi je le quittais et où l'angoisse me prenait d'avoir peut-être pris la mauvaise décision, de n'avoir pas bien pesé et vu les choses, d'avoir hâtivement jugé, là, au moins je suis tranquille. Ce n'est pas moi qui me goure. Ou pas. La question n'est pas de savoir s'il a raison, ou tort, mais d'admettre que c'est un chagrin d'amour pour le moins confortable.

Le truc, c'est que je n'ai aucune idée de combien de temps ça prend à partir, la tristesse, ni de comment ça se gère. Avant, je portais la culotte, j'étais forte, je quittais, avec des discours et des revendications pleins mon baluchon. Guerrière.

Là, je suis comme assise sur un petit rocher au milieu de nulle part, marée basse, abandonnée comme une petite fille. Et c'est agréable malgré tout de ne pas se sentir responsable.

Bon. Je suis célibataire. Je sais pas ce que ça va me permettre maintenant que je ne m'autorisais avant, franchement. Certes il va y avoir des changements : retour aux capotes, aux situations absurdes, à la décadence du célibat. Je vais pas dire que ça me manquait.

Mais vu que j'ignore combien de temps j'ai naturellement besoin pour me remettre d'une peine de coeur, je pense que ce blog sera donc un bon moyen de partager cette expérience inédite.

C'est quoi les étapes vers un changement radical ?

Je suis copine avec les potes de ce mec, il va donc bien falloir que je change de milieu, pour un temps du moins. Pas question de me le croiser à tout va. (Même si ce matin, lui, il avait l'air ravi d'en revenir au temps de la bise...)
-Défi numéro 1 : Rencontrer de nouvelles personnes.

Puis, logiquement, quand on sort d'une histoire, c'est pas pour aller vers quelque chose de moins bien. J'admirais énormément ce mec, que je trouvais beau, sexy, talentueux, drôle, tendre, charmant...
-Défi numéro 2 : Trouver mieux. Plus beau, plus grand, plus drôle, plus intelligent... Et pourquoi pas plus riche ? Ça me ferait pas de mal, fauchée comme je suis...

Je viens de me rendre compte que j'oublie quelque chose de fondamental.
-Défi numéro 0 : L'oublier. Évidemment, là, tout de suite, ça me semble tendu. Mais c'est pour ça justement que j'ai un blog. Écrire, c'est un superbe exutoire.

Donc rupture jour J, pour l'instant, j'en suis au défi 0. Mais je compte bien chroniquer ici les avancées, changements, chamboulements.

On va bien rigoler.

samedi 7 novembre 2009

Mythologie du couple

(En une demi-heure chrono, on m'attend pour dîner...)

Ce soir je voudrais parler donc de ce que j'appelle la mythologie du couple. C'est-à-dire que chaque couple a une genèse, sa propre histoire. Moi, ça me fascine. J'ai envie de demander à tous les couples que je croise comment ils se sont rencontrés. Ce que je préfère, c'est que ce n'est absolument jamais la même version à chaque fois.
Il arrive que l'histoire des débuts du couple soit si belle que le couple continue, même lorsque ça ne va plus, seulement parce que les débuts étaient idylliques, mythiques, romanesques. C'était le cas de mon mariage (oui, j'y reviens encore, c'est inépuisable d'anecdotes le mariage...) : au début, le coup de foudre simultané/réciproque, le désir qui montait, le tabou (on était cousins), la distance, tout a fait que c'était incroyable. Deux ans après, alors que notre quotidien était invivable et qu'on se bouffait cru comme des chiens, on s'accrochait désespérément à nos débuts, seule chose rose du tableau. On se regardait dans le blanc des yeux pour se remémorer notre Eden des sentiments.

C'est débile. Et trompeur. Il faut se méfier des débuts de miel; ça nous engourdit le coeur et aide à ce que l'amour, ensuite, nous rende longtemps aveugle.



La plupart des couples originaux, et costaux, ont d'ailleurs des débuts les plus étranges. (Superbe vérité générale énoncée que je n'ai pas envie de développer.)

Cependant, l'exact contraire au début parfait n'est pas mieux. Un début de merde, avec des valeurs inversées, pas d'amour, pas de réciprocité, c'est pas évident à mentalement assumer. Car même si avec le temps il est possible qu'on s'attache, on reste toujours sceptique, du fait d'être issue d'une génération Disney. Difficile de se convaincre : "Oui chérie, j'ai rencontré ton père à une partouze, il était seul puisque personne voulait le sucer, et finalement de fil en aiguille, ..."

On prétend être libre. Nous sommes même libres de vivre des choses différentes du schéma préconçu idiotement romantique. Niquer à tout va, pas de problème. Se taper une bande de potes, pas de problème. Draguer par chat, pourquoi pas. Mais quand on revient dessus, on sent bien qu'il y a une couille dans notre soupe de mythologie. Parfois, on voudrait bien se dire que dès le début on avait l'aval des dieux pour commencer cette histoire. Que le monde était d'accord avec notre dévolu.

Franchement, je vais pas tourner autour du pot 150 ans, le garçon que je fréquente (j'ai vraiment du mal à me la jouer noir sur blanc façon avec mon mec) et moi avons des débuts compliqués, difficiles, poussiéreux, et parfois glauques. Souvent même. Enfin, ça c'est la version officielle qu'il me faut assumer. Je me suis plus souvent sentie vieille pute que princesse à nos débuts. C'est bizarre comme constat, mais entre nous j'en connais pleins qui vivent l'inverse : d'abord princesse, puis vieille pute. Alors je vais pas me plaindre.

Au-delà de cette version officielle, j'ai remarqué que je me suis faite ma propre version, plus tendre, plus romancée, plus belle. C'est là que je me rends compte qu'il est très difficile de vivre sans mythe.

L'appréhension que j'aurais de confronter ma version à la sienne, et à l'officielle, me confirme une chose : on tient désespérément à notre mythologie du couple. C'est pareil que la terrible angoisse de la genèse des enfants : on t'a trouvé dans une poubelle. Cette vieille blague du frère ainé prouve une chose : peu importe l'harmonie de la famille, le confort, l'amour des parents, il est terrorisant pour un enfant de penser que les débuts, c'était de la merde. Que ça a mal commencé. C'est aussi la blessure des adoptés : bien qu'ils aient été gentiment élevés et recueillis, ils ne peuvent pardonner l'idée que dès le début, on ne voulait pas d'eux.

Est-ce que je me sens comme une enfant adoptée ? Malgré les efforts et les avancées, serai-je toujours obsédée par nos débuts branlants ?

Faudra-t-il compenser un jour ce manque de délicatesse ? Voudrai-je, en dédommagement de n'avoir pu avoir une belle rencontre magique, un pavillon en banlieue, une Porsche Cayenne et un labrador ?

Je ne sais à quels saints me vouer. On sait que les histoires d'amour finissent mal, en général. Mais celles qui commencent mal ? Hein ?

Je sais pas pour le labrador.

Je me contenterais peut-être juste de la Porsche. Pour commencer.

jeudi 29 octobre 2009

Depuis le temps, j'ai pris le taxi

Ça fait tellement longtemps que je n'ai pas écrit que je sais même pas par quoi commencer.
Ma vie professionnelle au Grazia.fr qui happe ma créativité, mon temps, mon encre ?
Mon sujet de master sur Le Corps Lesbien qui fait toussoter mes professeurs ?
Ma vie de couple en montagnes russes ?
Ma nouvelle lubie ?

J'ai tellement de choses à vous raconter.
Je vais commencer simple : ce qu'il s'est passé hier soir, la dernière action. Enfin non, je vais pas parler de sexe, alors l'avant-dernière action.

De nos jours, qu'on se le dise, les chauffeurs de taxi sont devenus fous, des psychopathes dépressifs capables à tout bout de champ de prendre le périf' en sens inverse avec 3 grammes dans le sang. Si. Celui qui n'est pas d'accord :
1-n'habite pas à paris
2-ne sort pas
3- est trop pauvre pour rentrer en taxi
4-a un scooter

Du coup, les gens ne parlent plus avec les taxis. Ils vrillent trop, sinon (les taxis). Mais moi je m'obstine. Comme je me suis longtemps obstinée à sourire dans le métro, faisant fi du fait que cela m'attirait plus des ennuis et des relous qui me collent aux basques que du bien-être. C'est vrai quoi, on fait grave la gueule dans le métro parce qu'autrement, les tocards appuient leurs regards, les lourds pensent qu'il y a moyen de tenter une approche, et les clodos se foutent de notre gueule. Alors on finit par cesser de sourire.



Cependant avec les taxis je persiste. Quoi faire, quand il est 1h du matin, qu'on rentre, qu'on est bourrée ? Regarder Paris? Si je suis trop calme en voiture, ça me colle la gerbe. La seule solution : la discussion, la communication. C'est dingue les risques que je prends.
N'empêche ça m'a appris pleins de trucs, les conversations de taxis.
D'abord, qu'il y a vraiment des fachos racistes. Pas qu'à la télé.
Ensuite, que les Africains ils peuvent vraiment jeter des sorts. Une fois, y'a un chauffeur il m'a tellement parlé qu'il m'a envoûté et j'en ai oublié mon nouveau pull GAP trop beau, ainsi que d'autres affaires. Je m'en suis rendue compte que le lendemain. Saoule et envoûtée, la fille.

Puis j'ai appris que la chair humaine, c'est la meilleure des viandes. Depuis mon voyage en Argentine, j'avais une passion pour la cuisine avec des bébés animaux : les cochons de lait, les agneaux tout frais, les cabritos... Maintenant que je sais ça, je comprends Lautréamont qui veut s'en donner à coeur joie en festoyant des nourrissons.



Parce que mon pote le chauffeur qui avait une usine de savons naturels au Congo, il m'a dit qu'on devait exécuter les lions qui avaient mordu les hommes, parce que sinon après ils voulaient que bouffer de l'Homme. C'est fou hein. Et il m'a aussi appris que les crocodiles ils sentent les gens dans l'eau de très loin, par les vibrations de l'eau. On était à gare de Lyon, et il me fait :
"Si vous vous baignez là, ils vous sentent depuis la Bastille." Flippant les crocos. (Sauf en sac à main)

Bref, hier soir j'ai tapé la discut' avec "Joseph", qui s'appelle pas vraiment Joseph, parce qu'en vrai il est Iranien. Ça commençait bien. J'avais un coup dans le nez, j'ai pas pu m'empêcher : "C'est le comble pour un Iranien d'avoir choisi un nom Juif, non?"
Warf warf, j'étais morte de rire, et il a rigolé lui aussi. Quand même.

Finalement je sais pas comment on en est arrivé là, mais du Louvre à Sèvres-Bab', ce qui fait un petit bout de chemin, il m'a affirmé sa vision du monde. Attention, là, j'aurais besoin de la voix du commentateur de M6.

Donc il paraît que nous sommes gouvernés par un Empereur de l'Univers depuis le XVIè siècle. Son identité est secrète, il se cache, mais il vient de la dynastie de la famille royale d'Angleterre. Pourquoi il se cache ? Parce que lorsqu'on observe Gengis Khan, Alexandre, César, Hitler, Bush, Saddam, Mussolini et tous les autres, on se rend bien compte que vaut mieux ne pas révéler son ambition de vouloir régner sur la planète entière. Sinon, on se fait griller et tout le monde tente de nous en empêcher. Logique. Donc il est partout, pire que Big Brother, tout lui appartient (je cite) : BNP, HSBC, AmEx, Otan, ONU, tout ça tout ça, c'est à lui. Parce que la théorie de Joseph, c'est que le vrai problème, c'est pas les religions, mais le capitalisme, et que donc le Grand Empereur Secret il a fait la seconde guerre mondiale et toutes nos merdes depuis 500 ans, et surtout au XXème siècle, parce qu'il veut diviser pour mieux régner, ayant pour ligne de mire toutes les religions, qu'il veut détruire car les religions relient les hommes entre eux, créent la fraternité et l'amour sur Terre.

Il est très malin, le Grand Empereur Anglais. Même que la Seconde Guerre Mondiale, il l'a fait exprès pour pouvoir ensuite mettre les Juifs en Israel, parce qu'il savait que seuls les Juifs étaient capables de pouvoir construire quelque chose au beau milieu de cette merde de désert.


...


...


...

Depuis hier soir, donc, je me demande dans quelle illusion vit-on.
Parce qu'à bien y réfléchir, c'est peut-être possible qu'il existe, ce Grand Empereur de l'Univers Anglais.
Ça pourrait être possible.
Non ?
(Il faut décidément que j'arrête de parler avec les taxis.)


vendredi 4 septembre 2009

Woodstock 2009 : âmes sensibles s'abstenir





C'est un peu problématique de coucher avec tout le monde. Mis à part les éventuelles MST, pilules du lendemain, avortements hâtifs ou tardifs, et risque de mauvaise réputation, le majeur problème, c'est la gestion socio-démographique.

Il arrive qu'un jour, on se retrouve à une fête où l'on a couché avec tout le monde.



Bon, ce n'est pas hyper problématique si les rapports sont restés cordiaux, si le passé est une page bien tournée, et si, avouons-le, on n'est pas la seule.
J'ai la chance de traîner avec des jeunes filles qui me permettent d'éviter l'étrange et le dégoûtant sentiment de solitude de la salope. Je remercie au passage aussi les garçons, ouverts et tolérants : il me semble qu'on est loin des jugements rigoureusement désapprobateurs et qui condamnent sans appel. La fameuse salope du temps jadis n'est plus.

La belle vie, quoi.

Sauf... Évidemment, il y a un sauf. Parce que y'a pas que le sida, ou le manque de temps, qui posent problème quand on a eu le projet, l'indélicatesse, le désespoir, ou le génie, de se taper tout Paris. Il y a la jalousie.

La quoi?

Quand on se prend pour un hippie, qu'on couche avec tous, sauf peut-être le père de, crainte historique de l'inceste empêche, la jalousie, c'est un peu le cheveux sur la soupe.

Personnellement, je ne crois pas être quelqu'un de jaloux; par là, je veux dire que la furie blême aux griffes acérées mangeuses de jeunes filles en fleurs aux odeurs plus envoûtantes que la mienne qui est tapie au fond de moi, toujours prête à bondir, je sais non seulement habilement la dissimuler, mais j'ai la fierté de savoir la dompter.



La jalousie, c'est pour moi une honte. On évite de se montrer malade, on ne se plaint pas de ses maux de tête, on se ravale bien profond ses instincts jaloux. C'est comme ça. On s'essaie à être gentleman, ou on est un gros nul, point final.

Alors quand je me retrouve dans ces fameuse fêtes, où j'ai le plaisir d'entrevoir une partie du tout-Paris qui a partagé ma couette, et que je retrouve par la même amusante occasion le tout-Paris qui est passé sous la couette du partenaire qui incarne à l'heure actuelle mon tout-Paris-à-moi, je sens un incommensurable sentiment de scepticisme qui me pousse aujourd'hui à vous écrire.

Suis-je claire? De quel droit puis-je être chatouillée intérieurement face à la horde de jolies jeunes filles qui ont auparavant goûté au pénis que je goûte présentement (enfin, pas là, tout de suite), si dans la même ronde il y a nombre à peu près égal (officiellement, l'officieux n'étant autorisé que dans mon journal intime) d'anciens amants miens?

Ne croyez pas que je vous fais part ici d'un problème de couple, suite à une quelconque et vulgaire crise de jalousie. Que nenni.



Simplement, imaginons une situation S lambda. Je parle avec une copine (par exemple). Elle me parle de sa folle vie sexuelle, non sans me préciser tous les acteurs du film de ses nuits. Tous. Tous. Oui. Le mien, aussi. (De quel droit dis-je le mien? Pour, ou contre la possessivité? On peut tout perdre à chaque instant; rien n'est certain; doutons de tout. Enfin bref.)
Comment dois-je réagir?

Réaction possible n°1.
*Décontractée, décomplexée: Ah oui... hahaha. C'est super. J'adore. Je suis sûre que vous auriez pu former un beau couple.
Bizarre.

Réaction possible n°2.
*Ultra de mauvaise foi : Sale pute. (Dans ma tête.)
Compréhensible. Si. Allez.

Réaction possible n°3.
*Neutre (est-ce possible?) : Il ne se passe rien dans mon esprit. J'acquiesce ses propos. Quelle conversation intéressante. L'information de son corps contre le sien, des flux qui se mêlent, des pelles qui se roulent, ne me fait ni chaud, ni froid. Vraiment.
Vraiment?

Réaction possible n°4.
*Mauvaise : Je lui raconte comment c'était avec le sien. Ou comment c'était pas, justement. Hin hin.
C'est bas, quand même.

Et il y a encore pleins de réactions possibles. Précisons que la
Réaction possible n° 5 est à proscrire vivement:
*Abasourdie (blocage soudain de la réflexion, on s'entend dire): C'était bien?

Absurde. "C'était bien?". Mais comment peut-on dire un truc pareil. Faut cesser l'alcool.
Hein.
Totalement.

Le désavantage, c'est que la vie n'est pas entièrement faite de situations exemplaires ou lambda, et que je me suis retrouvée, une fois, dans la cinquième réaction qui est, rappelons-le, vivement déconseillée. A proscrire, je le répète.
Pourquoi?
Parce qu'en plus d'être dans l'indélicate situation d'obtenir par mégarde de notre interlocutrice une information dont on se serait bien passé, finalement, on obtient, suite à la réaction n°5, des détails. C'est possible. C'est arrivé. C'est beurk, franchement.

Le pire, c'est que je peux pas m'empêcher de les imaginer en train de niquer du coup. Les halètements, les positions, l'après, la clope, le café du matin, le salut on se voit bientôt pour remettre le couvert... Et ça me dégoûte. Beaucoup beaucoup. Je suis une âme sensible. Les mots me résonnent en images, partout dans ma tête. Un mauvais porno amateur inadmissible.

On aurait dû me prévenir:

**A l'intention de ceux qui se tapent tout Paris : âmes sensibles s'abstenir.**





jeudi 27 août 2009

Incroyable, mais vrai.

On ne peut plus se quitter en paix à Paris. J'ai bien essayé hier, mais franchement, c'est impossible.
D'abord, parce qu'il y a le poète maudit totalement saoul à la table à côté, qui ne peut pas s'empêcher de se mêler de la conversation que les amoureux perdus essayent d'avoir. Ça donne, par exemple:

-"Tes pas assez tendre avec moi." (Par exemple.)
Et là, Alain le poète calligraphe, interrompt:
"Zcusez-moi, mais moi je vous fais des bisous si vous voulez hein, faut pas me prier."

Alain est un sacré chenapan. Il n'a pas hésité à me donner son numéro, et prendre le mien, devant le garçon qui sirotait son pastis avec moi. Fou, hein. Il est si sûr de son franc succès, le poète, que je me demande quel tête il fera quand il appellera, et qu'il verra qu'il a gracieusement obtenu le numéro du mec qui sirotait son pastis avec moi, justement.

Mais par la suite il y eut pire. Pire qu'Alain le poète calligraphe, Momo le burger man, et sa banane.
Ceux qui rôdent vers Jaurès connaissent sûrement le Café de la Gare. Comme j'étais aussi saoule qu'Alain, à la fin, on s'est dit que c'était mieux que je mange un truc. Un cheeseburger. Je sais pas pourquoi, mais à peine s'était-on assis dehors, en terrasse, que Momo débarque, et nous dit les pires choses, comme si de rien, comme si j'avais pas à mort envie de vomir, comme si notre situation n'était pas tragique.
C'est difficile de regarder l'autre droit dans les yeux, d'articuler un "adieu", quand le fond sonore c'est Momo qui dit:

-Elle fait une taille 36, c'est bien, les gabarits comme ça, tu peux y aller, elles aiment ça les petites, faut y aller.
-Je vois dans tes yeux que tu es frigide. Elle est frigide? (Non de la tête de la part du traître.) Nan, pas frigide, elle doit se chauffer vite, mais elle a du mal à décoller... hein?
-Moi, c'est les seins. Je mange les seins et le cou pendant une heure. Je touche pas une femme avant que ça goutte complètement en bas. (J'ai jeté ma dernière bouchée de cheeseburger. Dégoûtée.)
-Si tu veux connaître le vrai plaisir, il te faut deux hommes.

Alors je lui demande:
-Et à ta fille, il lui faudra deux hommes? Et ta mère, aussi, elle a besoin de deux hommes?

Mais Momo ne se dégonfle pas.

-J'ai une grosse banane. Je vous raccompagne si vous voulez.

Sacré Momo.
J'ai pas digéré ses mots, ni son burger. Quand je suis rentrée, j'ai tout vomi.

mercredi 26 août 2009

Souvent femme varie (encore)



Comme certaines blogueuses en font la démonstration, je pourrais écrire minutes par minutes les petites pensées et incidents de la vie. Mais, on remarque souvent que dans ce genre d'exercice, il se passe rarement quelque chose. De crousti, ou d'osé, ou de vrai de vrai. Ainsi, il est rare de voir:

10h45. Le téléphone sonne. C'est maman.

10h57. Je vais me masturber.

11h03.Je descends m'acheter des clopes, les joues en feu, les mains pas lavées qui sentent un peu le poisson.

(Il faut que je fasse attention à mes lectures, elles m'influencent.)

Bref, rien de vraiment croustillant. Parfois, ça hésite, certes. On est en haleine le temps de trente seconde, décrochera, décrochera pas? Dira, dira pas? puis la journée suit son long fleuve tranquille.

Personnellement, je crois que je suis incapable de ce genre d'exercice, car je trouve qu'il faut une vraie patience, et aussi une très bonne connexion internet. Je n'ai ni l'une, ni l'autre.

Mais je pourrais m'y coller, à cet exercice, sur une période d'une semaine. Pour voir. Voir comme c'est éreintant de vivre avec moi-même, le partager avec les autres, voir la patience surgir de mon être quand je n'ai rien à faire, et voir aussi comme j'aimerais bien partir en trombe, comme je le fais souvent, mais pour ne pas revenir. Ne resterait que mon corps, tristounet, seul, bon à être jeter.

J'ai dis une semaine? Que dis-je : moins de sept jours suffisent à révéler mon état d'esprit qui frise la psychopathologie.

Vendredi.
*Matin : Je pars à la campagne. Cool ! Je me dis que ça va me faire drôlement du bien, j'ai besoin de m'éloigner de Paris, de me retrouver seule, de penser à moi. Enfin, dans la maison, on est 12, et pas les moins pires. Ambiance colo, mais j'ai une grande chambre pour moi toute seule. Avec un beau lit à baldaquin (un vrai, pas comme ma moustiquaire crasseuse Ikéa.).
*Aprém : J'ai confirmation que mon cher et tendre ne viendra pas. Je me dis chouette, je pourrais penser tranquille. Penser à quoi? Je vais à Etretat, et lui achète une carte postale.





Samedi.
*Matin : je dors.
*Aprém : J'ai bien dormi. Je suis contente d'être tranquille, seule, au milieu de mes amis. Mon ancien amant est là. Non, je ne le zyeute pas. C'est mal. Il ne m'intéresse plus, de toute façon. Mais j'ai de plus en plus envie de faire l'amour. Ma libido revient enfin ! C'est horrible. Je suis seule, dans ce grand lit à baldaquin... Han, mon ancien amant, vient dans ma chambre (il ne reste qu'une seule place de libre dans la maisonnée, celle de mon lit), je fais semblant de dormir. De ronfler, même. Vade retro, beau gosse.


Dimanche.
*Matin : Je dors.
*Aprém : Je me souviens qu'hier soir, j'ai donné ma carte postale écrite à mon ami T. pour qu'il l'envoie au plus vite à Paris. En revanche, je ne me souviens pas de ce que j'ai écris dessus. Je crois que j'ai écris une déclaration d'amour. Zut. J'ai même pas encore tranché où j'en suis, qu'une carte postale est "on the way". C'est la merde un peu. Tant pis, j'assume. Suit une longue tirade à mon ancien amant, comment mon mec c'est le plus fort et tout. Il me dit "tu l'admires." Je sais pas quoi dire, je pense au contenu de la carte, et si moi, je suis admirable. Sur ce, fière, mais seule, je vais me coucher.

Lundi.
*Matin : Comme à mon habitude, je dors.
*Aprèm : On fait les préparatifs de retour. J'ai décidé d'arrêter de fumer des joints, ça m'évitera d'avoir la voix de Jeanne Moreau et d'envoyer des cartes postales cheloux alors que je sais même pas où j'en suis exactement. Je fume cependant vingt-cinq joints avant de partir, dernier jour de fumette oblige.
*Soir : Je passe la nuit chez mon tendre.
*4h du matin : (oui, je sais, on est mardi) Je veux un taxi ! Taxi Bleu enculés, ils me trouvent pas de taxis, je suis à l'autre bout du monde, je veux rentreeeeer chez moooi.


Mardi.
*Matin : C'est fou comme l'énervement ne me passe pas pendant la nuit. Je pars en disant "Adieu connard". Enfin, pas exactement, mais presque.
*Aprèm : Je déprime. Je bois de verres avec Olia.
*Soir : Je fume des pétards. Je régresse avec Olia. Je prend l'absurde initiative de BIPPER (si) mon cher et tendre. Parce que j'ai plus de forfait. Non seulement ça fait minable, mais crevarde en plus...





Mercredi.
* Matin : Je suis toujours aussi déprimée. Je décide de jeûner, pour me rapprocher de Dieu, maigrir au cas où j'ai vraiment obtenu mon célibat, et me punir. Dans la foulée, je décide aussi de ne plus me laver, ni ranger mon appart', ni rien. De rien. De rien. Vu que ma vie est un désastre, autant continuer. Je l'appelle. Je dis je ne sais trop quoi à son répondeur. Puis, pour détendre l'atmosphère, j'envoie des sms marrants. Très marrants même. Sauf que j'en envoie une dizaine. D'un coup, c'est moins drôle. Mais je suis prête à tout pour me faire pardonner. Comme après les sms foufous, ça va pas mieux, j'écris dans mon journal, comme d'habitude quand ça va pas. Si je meurs, ce qui est fort probable, et qu'on lit ce journal, on se dira franchement que j'étais une dépressive qui n'aimait personne, et en voulait à tout le monde. C'est fort probable aussi, entre nous.

*Midi : Je relis mon journal. Je me rends compte que le problème existentiel de mon couple, je l'ai depuis.. fiouuu, masse de temps. Mars, genre. Quoi ! Le même truc me taraude depuis mars ! C'est honteux. Comme disait mon père: " C'est une chose que d'avoir mal, c'est de l'imbécillité que d'avoir toujours mal au même endroit." Je suis bien d'accord.
Je rappelle, et dit, encore au répondeur, que finalement mes sms drôles comptent pas, parce qu'en fait c'est très sérieux, cette mascarade, et qu'on ne fait pas boire un âne qui n'a pas soif, et que merci et au revoir.

*Aprém : Je décide de passer ma journée au lit, à dormir. J'ai l'affliction de me rendre compte que ce sont mes propres décisions qui me désespèrent. Ne puis-je pas me donner un peu de répits? Je dors. Et je lis 200 pages d'Isaac Bashevis Singer. Ah, ce qu'on est drôles, nous, les juifs. Cependant, plus je lis ces contes yiddish, plus je me rends compte que je vis dans le péché. Ça me fait un peu peur, du coup. Je me rendors.

*Soir : J'écris ces lignes, un verre de blanc à la main, chez mon père. Rien de tel que la famille, hein.






Évidemment, j'ai omis des détails, pour garder une vie privée. Comme? Bah, je me suis masturbée trois fois ce midi. Je crois que ça remonte le moral, mais en fait non, parce que je sais pas à qui, à quoi penser quand je me masturbe, (surtout quand ça va pas avec celui à qui je pense d'habitude) y'a un défilé d'ex dans ma tête et ça me déprime car ce ne sont que des amours déchues même plus excitantes. Je pourrais penser à des inconnus, je sais.

Mais c'est pas évident, de faire l'amour avec des étrangers.



mercredi 12 août 2009

D'Day

Aujourd'hui est un grand grand grand grand grand GRAND jour.
Non seulement je suis jeune, bronzée et parisienne, mais surtout, surtout, SURTOUT je cesse d'être une putain de Mormon.

Figurez-vous que je n'avais plus d'ordinateur depuis... Février. 2009, certes, mais quand même. Pour quelqu'un de normal, c'est difficile; pour quelqu'un qui écrit, c'est le drame; pour moi, nerd inavouée, c'était surréaliste, inimaginable. Un drame difficile surréaliste. Comme me dit F., c'est "à la Kafka" ce que je vis. Oui.

En vrai, j'y ai survécu non seulement en courant aux quatre coins du monde pour squatter par-ci, par-là, un ordi, un clavier, une connexion net, mais principalement en refusant d'aborder sérieusement le sujet. On me disait :"alors, c'en est où cette histoire d'ordi?" , et je devenais verte, j'avais la gerbe, (vraiment) et je baissais les yeux de rage, comme quand on a perdu un jeune enfant dans un accident, et je disais:

-"Je ne veux pas en parler. Ça ne sert à rien."

C'était mon pire tabou.

Parce que sérieusement, cette histoire d'ordi, quand j'y pense vraiment (car dorénavant je peux revenir sur Terre étant donné que ma vie est soutenable moralement, décente humainement), elle m'effraie d'affreux constats:

*L'amitié ne survit pas au verre de vin sur l'ordinateur chéri.
*L'amitié ne survit pas aux assurances qui noient le poisson.
*L'amitié ne survit pas au sinistre.

C'est sinistre.

Oui, parce que c'est/c'était une amie qui avait malencontreusement fait tomber son verre de vin sur mon ordi chéri. Depuis, elle ne me répond malencontreusement plus au téléphone.

Mais passons. Oublions cette mauvaise passe.
Enfin, une machine à moi. (Une épave que j'ai dû réparer pour 500 euros. La réparation, c'était trois fois son prix...)

La vie va reprendre son droit chemin.
Je pourrais enfin m'enfermer chez moi, comme il se doit. Me faire des cafés, me gaver de Youtube. (Bosser mieux, aussi.)

Écrire, comme ça m'a tant manqué ces derniers mois.
Écrire...

Écrire...

Écrire...

Écrire...

Je veux être la nouvelle Marc Levy, ou faire un Twilight moyenâgeux pour me faire plein plein de fric, du blé à gogo, et changer d'adresse, de mec, d'amis, de famille, de fringues, de gueule...

... D'ordi.


mardi 11 août 2009

Le Point de Non-Retour



Parfois, je me demande.
Quand je le regarde, lui, et qu'il m'énerve, et que je ne l'aime plus, je me demande. Comment en est-on arrivé là. Pourquoi je ne l'aime plus. Comment j'ai pu partir.
Comment !

Quelques mois encore à peine et il était tout pour moi, et j'avais coupé les ponts avec les prétendants mystères, et l'on avait accommodé nos horaires et nos calendriers l'un à l'autre, harmonieux.
Un couple. Un couple comme les autres. Qui se dit je t'aime. Et qui s'aime, peut-être.

Mais combien?
Il y a des jours où j'y ai vraiment cru à cette histoire, de la même façon que j'ai cru à toutes les autres, à quelques secondes prêt. J'y crois toujours, mais plus ou moins longtemps. Quand je fais le bilan, ce constat m'époustoufle: j'étais en plein dedans il a deux semaines/trois jours/quatre mois, peu importe, le fait est qu'aujourd'hui, j'en suis loin. Nous ne sommes plus sur la même planète. Parce que c'est fini, fini, fini.

C'est là que me vient cette idée du Point de Non-Retour comme seule explication logique à la possibilité d'un écart avec ce que l'on a de plus proche.
Le Point de Non-Retour, ce n'est pas comme la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Parce que la goutte, quand elle déborde, c'est comme la moutarde qui monte aux nez, ça explose, là, sur le coup, on le sait, on le sent, et surtout, on le fait sentir. C'est spectaculaire, mais ce n'est pas le pire, puisqu'après tout, le vase est vidé. Et les choses, sincèrement, sortent.





Le Point de Non-Retour, c'est plus dangereux.
Parce que l'on ne le voit pas forcément. Il est insaisissable parfois. C'est juste qu'un jour, il s'est passé ce qui explique qu'aujourd'hui, je ne t'aime plus. Comme ça. A peine vu, compris. Un instant, quelque chose s'est brisé, et même si les mois passent et les heures coulent, l'amour est resté coincé dans cet instant précis, et n'a plus grandi.
On se retrouve avec un avorton, un embryon dans le coeur, l'amour n'a pas grandi, là est la tragédie, alors on ne suit plus rien, et on se casse.

On est parti. Puis dans un coin de chez soi, on y réfléchit, on fume un clope, et au coin de la rue on s'en aperçoit : on comprend mieux le comment, et le pourquoi, des planètes distinctes des gens qui s'aimaient avant. On remarque, avec le temps, qu'il y a bien un instant où tout s'était pétrifié, sans possible retour en arrière à un Eden des sentiments.

Je me suis demandé comment ça avait été possible que je me sépare de mon mari, par exemple.
Comme ça : MAIS COMMENT EST-CE POSSIBLE ?

Ahurie.
Incroyable.
J'avais dit Oui. Je m'étais perdue dans le blanc de ses yeux. J'étais pour, décidée. Que je le quitte, fasse mes valises, renonce au rêve commun semblait véritablement improbable.

Cependant quelques mois avant le fameux départ, il avait détruit tout mon atelier. Il avait pris tous les meubles, les tiroirs, les pinceaux, les perles, infimes, minuscules, les papiers, tout, tout, et avait tout balancé en un grand tas de rien par terre. Excès de rage. Si les objets peuvent se ranger, les larmes sécher sur le parquet, et la nuit d'amour suivre la journée pleine de cris, l'âme ne pardonne pas un tel geste destructeur. Symboliquement et réellement, son geste, cette bêtise-là, c'était donc mon Point de Non-Retour. Mais je ne savais pas. Je lui en ai voulu, j'ai cru pardonner, j'ai cru pouvoir rester; franchement, c'était aveugle : on ne reste pas avec quelqu'un qui s'attaque à votre atelier. Ainsi, si la rupture s'est laissée couler encore quelques mois, le truc était déjà mort.

C'est pour ça que je la trouve dangereuse, cette frontière, le Point : il semble qu'on n'en revient pas. Que ce soit impossible. Même si on veut de toutes ses forces rester, y croire encore, au final, le temps qui s'écoule n'est que celui qu'on met à admettre. Admettre que ça ne se sauve plus. Que c'est mort.

C'est comme certains qui pensent pardonner leur moitié adultère, puis se rendent compte que le temps ne fait rien à l'affaire, que certaines choses ne s'avalent pas, indigestes, et ils ne font que reculer pour mieux partir ensuite, et pour partir plus loin.

Car dans quelle mesure sommes-nous réellement capable de recoller les morceaux?
Est-ce franchement possible? Et qui le veut? Qui se laisse réparer? Qui sait réparer?

J'avais une copine qui disait, c'était drôle, que les deuxièmes chances, ça n'existe que dans les films. Que les mecs parfois devraient cesser d'en demander, et de se croire à Hollywood, puisque ça n'existe pas. Si on fait la démarche de partir, c'est qu'on ne veut justement pas de deuxième essai.

Logiquement, s'il n'y a pas de deuxième chance, ou que dans les films, c'est donc qu'il y a bien une frontière infime à laquelle il faut faire très attention. Un territoire sacré chez les gens, qu'il ne faut pas forcer, violer, enjamber.

Des hardis s'y aventurent. Par curiosité, par défi. Les pauvres : être hardis ne leur suffit plus : il faut qu'ils deviennent des sur-hommes super fort pour réussir à recoller les morceaux. Parce que y'a pas de notice, et pas de formule miracle.

Enfin, comment savoir si l'on a atteint notre Point de Non-Retour?





Vu que je sais son existence, je le guette : mais comment savoir si mes arrières-goûts amers sont les symptômes de la déchirure, ou simplement une couleuvre de plus à se manger, comme on s'en mange presque tout le temps?

C'est bien là tout le problème. Il y a un doute. Un vrai, intense, profond. L'espace de quelques heures, ou quelques jours. Ebranlé, bateau ivre, on ne sait plus.
Et c'est sans doute là le truc magique, miracle, la brèche des possibles que tous les arts ne cessent d'extrapoler, de magnifier... Ce doute que l'on ressent, ce moment où l'on tangue. L'opportunité parfaite pour nous manipuler, nous désaxer à sa guise, ou pour se laisser aveuglément mener. Pour voir.

Le moment d'ébranlement idéal pour saisir des deuxièmes chances qu'on sait même pas si elles existent.

Le couloir étroit des possibilités qu'on néglige.

Le point d'interrogation qu'on renverse en clef de Sol.

La main qu'on rattrape.

Le vide qui s'immisce et qu'on finira par laisser. Ou pas.