vendredi 15 mai 2009

So Lovely

-Quand tu jouis.
-Quand t'as la trouille.
-Quand tu te mouches dans le même mouchoir, si besoin est.
-Quand j'ai les jambes qui tremblent.
-Quand je dis non à Jude Law.
-Quand tout devient évident, et que je ne me pose plus les questions qu'on se pose.
-Quand je peux le dire droit dans les yeux.
-Quand tu peux lui lécher les couilles.
-Quand elle avale.
-Quand je me projette très loin.
-Quand t'aimes les défauts.
-Quand tu te poses trop la question.
-Quand t'as mal, mais que t'es pas malade.
-Quand les opposés s'attirent et qui se ressemble s'assemble.
-Quand c'est comme un puzzle.
-Quand j'ai pas de réponse, justement.
-...

La liste est longue.
Elle varie selon chaque personne interrogée.
Finalement, c'est pas évident de répondre à Comment tu sais quand tu aimes. En évitant le classique t'as des papillons dans le ventre. J'en ai jamais eu dans le ventre moi, mais dans la culotte, oui. Dans le coeur aussi. Bref.
C'est difficile. On reconnaît quand on a le béguin, avec la grosse boule à l'estomac qui va avec. Ou une forte attirance, parce que ça frétille là-dessous; cependant c'est flou lorsqu'il s'agit de franchir le cap intérieur et profond du je l'aime.

Cette question si métaphysique, on se l'est posé hier, avec ma copine Olia, en sortant de chez le jap':le vin du midi nous fait un bien fou. Olia, elle est plus jeune que moi, mais question maturité, elle me défonce. Ça fait cinq ans qu'elle est avec le même mec, et ce sont de vrais capitaines, tempêtes, hauts, bas, beau fixe, requins, ils en ont pas mal surmonté.
Et malgré cela, cette évidence qu'elle est avec lui, et lui avec elle, elle n'arrive pas non plus à clairement me répondre. Lui, il pense que c'est:

-Quand l'autre nous manque tout le temps.

...mais franchement c'est cliché, on la connait cette réponse, puis c'est de la dépendance aussi, on est pas sûr sûr de la noblesse de sentiment de ça.
On se disait aussi que la question Pourquoi tu m'aimes pouvait aider, mais on se rend bien compte qu'en fait elle pose tout autant problème, parce que c'est toujours réducteur, ainsi que bien souvent vexant:
-Parce que tu es drôle et belle. Et quoi, le jour où je fais la gueule et j'ai pris 10 kg?
-Parce que je t'admire. Attention pression.
-Parce que ta peau me le dicte. Parle à mon cul, ma tête est malade.

C'est vrai quoi, définir l'amour c'est le réduire dans des petites cases explicatives du pourquoi je suis avec toi, alors qu'on aimerait bien que ce soit plus transcendant. Plus grand plus fort, comme dans les films, comme dans , ou , ou , ou ...

Il y en a qui arrivent à faire dans l'originalité, ceci dit.
On m'a déjà rétorqué:

-Parce que je te supporte. Si ça c'est pas de l'amour...

Bon, c'est une question sans réponse. Les grands amoureux orgueilleux qui ont tout compris diront que ça se sent, que c'est d'une telle évidence, que ça se sait. Comme Dieu un peu.
Alors, l'amour: une religion? La foi? Ça se doit d'être absolu?

J'ai toujours pensé qu'il n'y a fondamentalement pas de vraie bonne raison d'être avec quelqu'un. Il n'y en a pas une plus noble que l'autre je veux dire. Car c'est presque toujours une histoire d'intérêt cachée là-dessous. Que ce soit pour ses belles fesses, sa poésie, ou son argent, c'est donc pour quelque chose. Ce n'est pas en soi.

Sauf une réplique de la mort qui tue, dans She's so lovely, qui clôt le débat, nous complexe dans nos histoires pour les dix prochaines années à venir et nous refait penser que Sean Penn c'est le meilleur d'Hollywood.

Déjà, eux, ils s'aiment, et si on ne veut pas redire "c'est évident", on peut dire "parce qu'ils dansent trop bien ensemble":



'Pour info, ce n'est pas lui qui lui a cassé la gueule.)

Bon, je résume le film très rapidement pour en venir au fait: ils s'aiment, elle se fait violer et casser la gueule par le voisin, le dit pas à son mari parce qu'elle sait qu'il deviendra fou, il l'apprend, il devient fou, elle contacte un asile, ils l'enferment pendant dix ans, elle ne va jamais le voir, divorce, se remarie avec John Travolta, ils ont trois filles ensembles. Il sort de l'asile, va la chercher pour l'emmener. Elle y va. Elle abandonne ses filles et son mari.
Et dans un dernier geste affolé et deséspéré Travolta s'énerve avec un flingue. Sean Penn le calme, puis finit par lui dire:

"-She doesn't love you ! She doesn't love me ! She's she loves me."


Et BIM.


A méditer.


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