Mes chers compatriotes, bonsoir.
J'ai décidé, après une rapide mais non moins mûre réflexion, de faire quelques post très honteux sur une petite passion que j'ai: la musique argentine. Non, je ne parle pas de salsa. Voilà, je pense que je vais vous diviser, ou vous passionner, au choix; cependant, on m'a tellement bassiné en me disant à quel point mon écriture était trop personnelle sur ce blog, et à quel point je me mettais à nu, que j'ai eu envie de vous montrer que j'étais pas encore tout à fait à poil.
Loin de là.
En vrai, ce que je suis dans le fond, c'est même pire.
Ce n'est pas simplement par provocation, ni par mauvais goût, mais par véritable passion pour cette mauvaise musique, parfois issue des années 80 (j'aime les chansons 80 de tous les pays du monde) et parfois trop prisonnière des années 80. Comprennez ma démarche: c'est comme si un Argentin, fou de Brassens, essayait de communiquer son amour de ses chansons, et de son phrasé. Heureusement pour vous, les Argentins ne sont pas aussi répétitifs que la guitare de Brassens. Exception faite pour le synthétiseur: il y en a à toute les sauces, ou presque. Habituons-nous.
Alors voilà, je me propose de vous faire de petites présentations de certains artistes, qui à défaut de vous plaire, vous permettront de:
*Vous foutre de ma gueule à la croisée des chemins
**Vous donnez une culture ultra marginale
***Vous faire bien marrer
****Vous apprendre un peu l'espagnol.
Car en ces moments d'agitations et de grèves chez les enseignants-chercheurs et les pauvres étudiants (dont je fais partie), quoi de plus solidaire que de traduire quelques chansonnettes, pour faire partager le Savoir? Et à l'heure du miracle obamien, légende porteuse de tolérance et d'espoir, quoi de plus engagé que quelques beaux couplets traduits, pour abolir nos frontières et délier nos langues?
Démonstration.
Je vous présente donc, Mesdames et Messieurs, pour vous ce soir, Silvio Rodriguez.
Le hic, c'est qu'il n'est pas Argentin, mais Cubain.
Je me fous déjà de votre gueule.
Non, en vrai, il est très très apprécié des Argentins (comme nous: on pardonne bien à Brel d'être Belge). Ainsi soit-il alors, Silvio, welcome, tu entres en preum's dans la sélection. Je précise que ce n'est pas par ordre de préférence, il fallait bien commencer par quelqu'un. Bon. Ne le jugez pas trop mal; désolée les filles, il est grave moche. Surtout ses chicots. Désolée les garçons, c'est très cul-cul et sentimental. N'empêche, je trouve que c'est beau. J'assume.
J'ai choisi pour vous une belle chanson, qui s'appelle justement "Te doy una cancion" (écrite en 1970: j'ai parlé trop vite dans mon blabla sur les années 80. Mais j'y viendrais, promis.), qui se traduit en français par: je te donne une chanson. Si c'est pas du métalangage, ça.
Alors: la honte?
Je ne sais pas si c'est pour me rassurer, ou vous accabler, mais c'est un peu le Dylan de l'Amérique Latine. Si si.
cómo me haces hablar en el silencio,
cómo no te me quitas de las ganas
aunque nadie me vea nunca contigo.
Y cómo pasa el tiempo
que de pronto son años
sin pasar tú por mí
detenida.
Te doy una canción
si abro una puerta
y de las sombras sales tú.
Te doy una canción
de madrugada
cuando más quiero tu luz.
Te doy una canción
cuando apareces
el misterio del amor
y, si no lo apareces,
no me importa:
yo te doy una canción.
Si miro un poco afuera me detengo,
la ciudad se derrumba y yo cantando,
la gente que me odia y que me quiere
no me va a perdonar que me distraiga.
Creen que lo digo todo,
que me juego la vida
porque no te conocen
ni te sienten.
Te doy una canción
y hago un discurso
sobre mi derecho a hablar.
Te doy una canción
con mis dos manos,
con las mismas de matar.
Te doy una canción
y digo: Patria.
Y sigo hablando para ti.
Te doy una canción
como un disparo,
como un libro,
una palabra,
una guerrilla...
como doy el amor."
Comme je gaspille des papiers à ton souvenir
Comme tu me fais parler dans le silence
Comme tu ne me lasses pas de toi
Bien que personne ne me voit avec toi.
Et comme passe le temps,
Qui d'un coup sont des ans
Sans que tu passes par moi,
Détenue.
Je te donne une chanson
Si j'ouvre une porte
et des ombres tu surgis.
Je te donne une chanson
D'aube
Quand je désire tant ta lumière.
Je te donne une chanson
Quand tu apparais,
Mystère de l'amour.
Et si tu n'apparais pas,
Je m'en fous,
Je te donne une chanson.
Si je regarde dehors je m'arrête
La ville s'effondre et moi chantant,
Les gens qui me haïssent et qui m'aiment
Ne me pardonneront pas que je me distrais.
Ils pensent que je dis tout,
Et que je me joue de la vie,
Parce qu'ils ne te connaissent pas
Et ne te respirent pas.
Je te donne une chanson
Et je fais un discours
Sur mon droit de dire.
Je te donne une chanson,
De mes deux mains,
Les mêmes qui tuent.
Je te donne une chanson
Et je dis: Patrie.
Et je parle encore pour toi.
Je te donne une chanson,
Comme un tir,
Comme un livre,
Une parole,
Une guerilla...
Comme je te donne l'amour.
Pour vous redonner le goût de vivre, après cet interlude guimauve, voilà pour la prochaine fois, de quoi vous exciter un peu... J'ai des hontes sentimentales, et d'autres plus fun quand même:
Mais qui sont-ils? Mystère. La suite de notre immersion dans la musique tiers-mondiste peu appréciée hors frontières la prochaine fois où il se fera tard, et que je serais sans scrupules. Bientôt, donc.
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