samedi 2 mai 2009

Le mystère et le jeu

C'est pas sérieux tout ça. J'ai trop de boulot, pour la fac, et des traductions à rendre, bref sans vous racontez trop les détails de ma vie, j'ai des trucs bien plus urgents à faire que d'écrire là, maintenant. Mais je peux pas m'en empêcher, j'ai une petite idée, là, c'est rare, et j'en ai envie. Prenez cela comme une déclaration d'amour.

J'ai une copine, S., qui est vraiment trop intelligente: une intelligente humaine, sensible, véridique. A chaque fois que je discute avec elle, c'est un vrai plaisir, elle élève mon esprit à toutes sortes de révélations, de façon pour elle totalement inconsciente, et loin d'être dans l'idée de me convaincre. Elle inspire. Elle est comme une muse, au sens dépossédé de sensualité: ne reste que la matière exploitable qu'elle crée dans mon esprit.

Dernièrement, on a beaucoup parlé du jeu amoureux. Vous savez, ce jeu qui nous saoule, nous les filles, et qui consiste à faire la conne, gémir joliment, mettre des talons, bien tourner un mail et attendre les appels des garçons. Jeu très très chiant, de par son premier degré indépassable- même s'il s'arme d'ironie et d'humour, c'est toujours une seule strate du rapport humain qui est exploitée là.

Image Hosted by ImageShack.us

Comme S. me le rappelait, "T'as beau sortir avec un philosophe, il suffit que tu mettes des étoiles qui brillent sur tes tétons pour qu'il perde la tête." En approuvant cette phrase, totalement, j'ai perdu ce qui me restait de romantisme. Ce n'est pas plus mal, parce que je crois que c'est le premier fléau du XIXè, après Napoléon III. J'ai compris qu'il fallait cesser de mettre les rapports amoureux ou les sentiments sur un piédestal: la chair est faible, et l'on obtient plus de succès en se faisait passer pour ce que l'on n'est pas, qu'en se montrant réellement, et sans fard.

Image Hosted by ImageShack.us

Cette vérité vraie fait chier la plupart de mes copines. On aimerait dire "tu me plais" quand il nous plaît, plutôt que de rire aux éclats aux blagues pourries de M. X, qui ne nous sert qu'à attirer son attention en pleine fête. Ça peut paraître tout à fait débile ce que je dis là, et aisément transcendable, par beaucoup d'entre nous qui se positionnent au-dessus de cela (évidemment); or j'en croise beaucoup qui admettent être dans ce jeu-là, ce rapport imbécile, impatientes de pouvoir enfin arrêter les conneries pour entamer la vraie aventure. Cesser de barboter sur la plage pour se mouiller vraiment: ainsi l'on va plus loin, et commence l'exploration. C'est comme si, de toute façon, au départ, il fallait en passer par là. Obligé. Sinon, on passe pour une tarée désésespérée.

Certes, on ne peut pas non plus vivre sans fard. C'est une autre idée du romantisme à abandonner: gardons des masques, restons séduisants, et toujours prêts à rebondir. Parce que j'ai déjà essayé, non seulement j'ai vu que c'est ingérable pour l'autre, le don de soi, et en toute franchise je préfère moi-même le mec qui se tient à celui qui s'abandonne pleinement.

Mais, comme l'a dit S.: "Le problème avec le jeu, c'est qu'il n'y a pas de mystère. C'est en étant soi-même qu'il y en a vraiment."


Image Hosted by ImageShack.us


Bien sûr. Parce que l'on connaît les règles du jeu. Tandis que l'on se connaît bien moins soi-même, ou l'autre. C'est-à-dire que l'on se leurre: on fait mumuse à tourner autour du pot, en mille cabrioles, cependant qu'on sait la danse que l'on produit, les pas, et l'attitude du cavalier... Et que l'on ignore ce qu'il y a dans le pot.

Serait-on donc des tapettes, sous prétexte de coolitude et de faux libertinage?

On surfe sur des eaux légères, des vagues superficielles, des petits lacs: tout ça, pour ne pas s'engouffrer dans les eaux profondes. Évidemment, on ne sait ce qu'il s'y trouve, c'est plus dangereux, et surtout plus compromettant. On ne sait pas ce qui nous attend, au fond, en dessous.

Sauf que, pour continuer mes métaphores que je vous sers à toutes les sauces, c'est peut-être comme la différence entre la bite, et le vagin. Ok, la bite on connaît, ça a ses évidences. On connaît le jeu, la gaule du matin, l'érection, tout ça, tout ça. Le vagin, c'est interne, profond, plus complexe: quel est ce gouffre? C'est la surprise, qu'elle soit très bonne, ou très mauvaise. Au risque de passer pour une féministe attardée, on a peut-être trop "phallisé" nos rapports amoureux. Il serait temps d'un retour au féminin. Pour un vrai mystère, un vrai apprentissage aussi.

Parce que moi, les cabrioles autour du pot, je trouve ça lassant, quand même. Je n'y apprend plus rien. Ça s'essouffle un peu, et surtout, si l'on est profondément esthète en sentiments, ça n'a pas vraiment de gueule. Puis c'est ennuyeux.

Image Hosted by ImageShack.us

Comment y remédier? Telle est la question. Serait-ce une question d'âge, de maturité? On est pas dans la merde: y a-t-il un juste milieu entre le flirt à outrance, et les bobos, qui font un enfant dans l'année de la rencontre, à 35 ans? Je fais quoi, moi, en attendant? Je m'emmerde encore dix ans, pour me déprimer, une fois en cloque, du pragmatisme de la chose?

Ah, le voilà, encore et toujours, ce romantisme qui pointe. Il est difficile à lâcher, celui-là. Je crois encore à la rencontre qui fait perdre tous les moyens, qui nous fait dire "pourquoi pas", tandis qu'on se fait pipi dessus. Il me manque encore quelques désillusions, quelques vérités que j'évite, et je serais prête et je ferais de grosses croix...

Puis à dans 10 ans, alors. Super.

Image Hosted by ImageShack.us

Aucun commentaire: