vendredi 4 septembre 2009

Woodstock 2009 : âmes sensibles s'abstenir





C'est un peu problématique de coucher avec tout le monde. Mis à part les éventuelles MST, pilules du lendemain, avortements hâtifs ou tardifs, et risque de mauvaise réputation, le majeur problème, c'est la gestion socio-démographique.

Il arrive qu'un jour, on se retrouve à une fête où l'on a couché avec tout le monde.



Bon, ce n'est pas hyper problématique si les rapports sont restés cordiaux, si le passé est une page bien tournée, et si, avouons-le, on n'est pas la seule.
J'ai la chance de traîner avec des jeunes filles qui me permettent d'éviter l'étrange et le dégoûtant sentiment de solitude de la salope. Je remercie au passage aussi les garçons, ouverts et tolérants : il me semble qu'on est loin des jugements rigoureusement désapprobateurs et qui condamnent sans appel. La fameuse salope du temps jadis n'est plus.

La belle vie, quoi.

Sauf... Évidemment, il y a un sauf. Parce que y'a pas que le sida, ou le manque de temps, qui posent problème quand on a eu le projet, l'indélicatesse, le désespoir, ou le génie, de se taper tout Paris. Il y a la jalousie.

La quoi?

Quand on se prend pour un hippie, qu'on couche avec tous, sauf peut-être le père de, crainte historique de l'inceste empêche, la jalousie, c'est un peu le cheveux sur la soupe.

Personnellement, je ne crois pas être quelqu'un de jaloux; par là, je veux dire que la furie blême aux griffes acérées mangeuses de jeunes filles en fleurs aux odeurs plus envoûtantes que la mienne qui est tapie au fond de moi, toujours prête à bondir, je sais non seulement habilement la dissimuler, mais j'ai la fierté de savoir la dompter.



La jalousie, c'est pour moi une honte. On évite de se montrer malade, on ne se plaint pas de ses maux de tête, on se ravale bien profond ses instincts jaloux. C'est comme ça. On s'essaie à être gentleman, ou on est un gros nul, point final.

Alors quand je me retrouve dans ces fameuse fêtes, où j'ai le plaisir d'entrevoir une partie du tout-Paris qui a partagé ma couette, et que je retrouve par la même amusante occasion le tout-Paris qui est passé sous la couette du partenaire qui incarne à l'heure actuelle mon tout-Paris-à-moi, je sens un incommensurable sentiment de scepticisme qui me pousse aujourd'hui à vous écrire.

Suis-je claire? De quel droit puis-je être chatouillée intérieurement face à la horde de jolies jeunes filles qui ont auparavant goûté au pénis que je goûte présentement (enfin, pas là, tout de suite), si dans la même ronde il y a nombre à peu près égal (officiellement, l'officieux n'étant autorisé que dans mon journal intime) d'anciens amants miens?

Ne croyez pas que je vous fais part ici d'un problème de couple, suite à une quelconque et vulgaire crise de jalousie. Que nenni.



Simplement, imaginons une situation S lambda. Je parle avec une copine (par exemple). Elle me parle de sa folle vie sexuelle, non sans me préciser tous les acteurs du film de ses nuits. Tous. Tous. Oui. Le mien, aussi. (De quel droit dis-je le mien? Pour, ou contre la possessivité? On peut tout perdre à chaque instant; rien n'est certain; doutons de tout. Enfin bref.)
Comment dois-je réagir?

Réaction possible n°1.
*Décontractée, décomplexée: Ah oui... hahaha. C'est super. J'adore. Je suis sûre que vous auriez pu former un beau couple.
Bizarre.

Réaction possible n°2.
*Ultra de mauvaise foi : Sale pute. (Dans ma tête.)
Compréhensible. Si. Allez.

Réaction possible n°3.
*Neutre (est-ce possible?) : Il ne se passe rien dans mon esprit. J'acquiesce ses propos. Quelle conversation intéressante. L'information de son corps contre le sien, des flux qui se mêlent, des pelles qui se roulent, ne me fait ni chaud, ni froid. Vraiment.
Vraiment?

Réaction possible n°4.
*Mauvaise : Je lui raconte comment c'était avec le sien. Ou comment c'était pas, justement. Hin hin.
C'est bas, quand même.

Et il y a encore pleins de réactions possibles. Précisons que la
Réaction possible n° 5 est à proscrire vivement:
*Abasourdie (blocage soudain de la réflexion, on s'entend dire): C'était bien?

Absurde. "C'était bien?". Mais comment peut-on dire un truc pareil. Faut cesser l'alcool.
Hein.
Totalement.

Le désavantage, c'est que la vie n'est pas entièrement faite de situations exemplaires ou lambda, et que je me suis retrouvée, une fois, dans la cinquième réaction qui est, rappelons-le, vivement déconseillée. A proscrire, je le répète.
Pourquoi?
Parce qu'en plus d'être dans l'indélicate situation d'obtenir par mégarde de notre interlocutrice une information dont on se serait bien passé, finalement, on obtient, suite à la réaction n°5, des détails. C'est possible. C'est arrivé. C'est beurk, franchement.

Le pire, c'est que je peux pas m'empêcher de les imaginer en train de niquer du coup. Les halètements, les positions, l'après, la clope, le café du matin, le salut on se voit bientôt pour remettre le couvert... Et ça me dégoûte. Beaucoup beaucoup. Je suis une âme sensible. Les mots me résonnent en images, partout dans ma tête. Un mauvais porno amateur inadmissible.

On aurait dû me prévenir:

**A l'intention de ceux qui se tapent tout Paris : âmes sensibles s'abstenir.**





2 commentaires:

aphaph a dit…

he bien je n'etais pas venu sur ce blog depuis qq temps et j'avais tort.

Bethsabée a dit…

re-bienvenu.