Alors voilà, ça fait un bail que j'ai envie de parler de Facebook. Évidemment, quand on parle de soi, de ses rapports humains, il est difficile de faire désormais l'impasse sur l'absurdité relationnelle créée par ce site. Car oui, on l'oublie souvent, mais après tout, ce n'est qu'un site. Il y a mille choses à dire sur Facebook; grâce au ciel, l'époque du poke est révolue, désormais on ose carrément chatter pour se faire comprendre que y'a moyen.
Enfin, je ne peux pas tout dire d'un coup sur Facebook.
Je vais donc rapidement parler du rapport entre mon ex-mari, Facebook, et moi. C'est beau, dit comme ça, ça fait ménage à trois... Justement.
Quand on s'est quitté comme nous, fous amoureux, déchirés, et tout et tout, et que que l'on vit à 13000 km l'un de l'autre, ça semble très déplacé d'avoir de ses nouvelles... par Facebook. Surtout qu'un mail de lui, c'est très rare. Sans parler du néant de nos conversations téléphoniques, qui seraient cependant bien utiles pour un divorce qui s'éternise, et m'impatiente. Mais, au moins, et ça c'est le côté positif d'avoir épousé un étranger qui ne vous suit pas désespérément dans votre pays (pas deux fois, du moins, et pas pour l'instant...), j'ai ainsi le tendre plaisir de ne pas le croiser chez Moune, ou ailleurs, chez le boulanger.
Ça, c'est dans la réalité.
Le jour où j'ai reçu sa friend request ( j'ai gardé Facebook en anglais, pour ne pas m'énerver des absurdités idiomatiques de sa traduction en français, et parce que l'anglais, c'est encore une barrière, une distance, par rapport au monstre.), j'ai évidemment pensé aux conséquences réelles de ce rapprochement virtuel... Etais-je alors prête à voir ses photos, avec pleins de filles bronzées made in Argentina? Pas trop. Mais j'ai tenté le coup, de toute façon persuadée d'avoir 200 photos de plus que lui. (De la noblesse d'esprit).
Au début, nous étions courtois, et tout se passait bien. Il ne commentait rien, se connectait très peu de toute façon (qu'ils sont choux les nouveaux sur Facebook, timides, ils ne comprennent rien...), et filait doux. Mais nous avons de l'humour, lui et moi, et pour rire donc, on s'est mis, un de ces quatre matins, "in an open relationship". Et oui, on trouvait ça trop drôle, ironique, puisque théoriquement nous sommes toujours mariés, tandis qu'on ne s'abstient pas pour autant. (Ce serait bien con, vue en plus la distance qui nous sépare... Bref.)
Et là, effet visuel dingue, je vois, sur la même ligne des news Facebook:
" ♥ Machin et moi are now in an open relationship".
C'était trop...
-le ♥ . Déplacé, vraiment. -appuyé par le Machin ET moi, comme si encore...
Ça n'a l'air de rien. Bah divorcez d'abord. C'est un putain de travail sur soi, c'est comme si après le bac on retourne en primaire, pour tout réapprendre, un peu. Alors là, je me considère genre au collège, et cette phrase, je l'ai trouvé trop absurde, trop j'ai fait tant de chemin pour avoir un putain de coeur à côté de ce putain de mec, et j'ai paniqué: je l'ai viré de mes friends.
Easy doing on Facebook: si simple, net, concis. Protégée dans le nid douillet, quoi.
Bon, il faut que j'abrège, sinon ce post n'en finira plus.
Quoiqu'il en soit, après maintes péripéties et autres méfiances, nous sommes au jour d'aujourd'hui, et jusqu'à nouvel ordre (ou nouvelle meuf méga officielle) potes sur Facebook. On a compris, on ne déconne plus avec les statuts de lovers comiques.
Facebook permet ainsi de créer des situations inimaginables, qui nécessitent de prendre considérablement sur soi, et de s'évaluer, pour les gérer au mieux. Le symbole de cela, c'était la dernière fois, en mode chat, à 2h du matin pour moi, 22h pour lui, je crois. On se retrouve donc, par hasard, le soir. Il me taquine tout le temps, et me demande, faussement innocemment (il a 30 ans, quand même) ce que je fais. Je lui répond, pour faire ma grande, que j'attends quelqu'un. Ce qui était vrai, en plus.
Et voilà: on se retrouve dans une situation étrange d'intense intimité, moi presque couchée, qui attend un homme, et lui, là, à l'autre bout du monde, qui malgré lui partage quelques secondes cet instant avec moi.
Moi, qui étais nerveuse, en attente, excitée comme une puce.
Lui, qui gardait son sang-froid, intrus, mais là quand même.
J'ai bien failli lui demander conseil, lui parler de mon histoire, de cet autre homme qui venait.
C'est là que j'ai vraiment compris à quel point Facebook nous obligeait, en cette situation qui pourrait être obscène, à aller de l'avant. A ne plus être écorchés vifs, ou sentimentaux. Sur le ton légér des touches du clavier, dans ce timing improbable, on ne peut rien vraiment se dire, on la joue léger... Et on se retrouve à attendre un type avec son ex-femme, ou à s'imaginer comment parler de l'invité-mystère à son ex-mari.
Certains ont besoin de vingt ans pour s'imaginer une pareille situation. D'autres préfèrent ne jamais l'entrevoir. Même quand tout est fini: soit par pudeur, soit par envie de garder ce qui a été intact. Il faut que ça serve au moins à ça, la jalousie.
Finalement, on a passé ce cap, nous. Pressés par Facebook, dans une petite fenêtre au bas de l'écran qui nous incitait à traiter avec désinvolture ce qui nous a toujours pesé; à partager ce qui nous répugne.
Après cela, il s'est comme senti obligé de me parler de la pouffe qui commente tous ses statuts.
On en est là. C'était vite fait, finalement.
Merci Facebook.
ps. J'ai particulièrement apprécié l'implacable italique que je fais subir à Facebook. Et la majuscule. On ne pactise pas avec l'ennemi.
1 commentaire:
Pathétique.
Et fat.
Bon "courage".
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