lundi 20 avril 2009

Frigide(s)

Je ne sais pas si le lundi midi est le bon jour pour parler de sexe, mais après tout c'est cela le vrai goût des choses, en vouloir partout et tout le temps, et à défaut de ne pas se faire prendre sur sa table de bureau, en parler allégrement. En réalité, c'est de l'orgasme dont j'ai envie de parler. Bon, l'orgasme masculin, mis à part que je suis pas un garçon, que je le trouve triste en ses mécanismes et comme je sais de source sûre qu'on peut carrément jouir sans éjaculer, et éjaculer sans jouir, j'en ai pas grand-chose à dire de plus. Mais mes orgasmes, évidemment, me passionnent.

Tout a commencé par un sacré complexe, je vous l'avoue. Les conversations, les images, les ouï-dire de l'orgasme des femmes m'inquiétaient vraiment, car je les sentais à mille lieux de ma propre expérience. Je croyais trop que j'étais une chaude, et que je savais allégrement jouir de la vie et de ses moyens (sexe, nourriture, alcool, ... amour?) mais en voyant les filles dans les films, déjà, je me suis dit: y'a un hic. Je fais pas comme ça, moi.





**Bon, je tiens à préciser ici que ça fait plus d'une heure que je cherche une vidéo, un extrait qui ne soit pas du porno, où l'on voit l'atteinte de l'orgasme par la femme, hors bizarrement le montage fait que l'on voit l'avant (elle est chaude), un peu le pendant (elle se fait prendre), et l'après (elle a kiffé) de l'acte sexuel... L'orgasme féminin serait-il si peu photogénique? Ou bien trop intime?**

Pour en revenir à nos tourtereaux qui débattent chez Katz, je dois dire que même dans ce simulacre, je ne me retrouve pas; je suis rarement si sereine, je ne pense jamais à mettre ma main dans les cheveux comme ça, en réalité je ne sais même pas quelle tête je serais susceptible de faire... Me vient en mémoire juste une fois où j'ai eu la désagréable surprise de m'entendre faire l'amour en criant pareil que Tito (mon ex-chatte) qui, elle, criait parce que je l'avais enfermée dans la douche pour prendre enfin un peu de bon temps en privé.
Même si les garçons en général apprécient une certaine expansion qui garantie en quelque sorte l'effet de leurs mouvements dans notre organisme, c'est pas très très glamour de se lâcher à tel point qu'on fait des cris comme ceux des animaux dans les docs animaliers.
Mais passons, et continuons (si je m'attarde trop, je vais rougir).

Il y a encore quelques temps, j'étais donc persuadée d'être la fille qui avait les orgasmes les plus non seulement difficiles à obtenir, mais médiocres, en plus. Car, en comparaison à ce que me disaient mes copines, oui, j'en étais arrivée à penser que me vie sexuelle était nulle. Mais ce que j'ignorais encore, c'est qu'en réalité elle était simplement tout à fait éloignée d'un amas de clichés, si intégrés dans les mentalités, et les corps, que les jeunes filles parfois ne se rendent même pas comptent, je crois, si elles jouissent, ou si elles pensent jouir. Vraiment.

Tout d'abord parce que moi j'ai du mal avec le nombre d'orgasmes. L'une me dit "J'ai passé une nuit de folie, et j'ai joui cinq fois, tu te rends compte?!" et moi je me dit wha putain cinq fois, je sais même pas si j'ai jouis une seule fois, merde. C'est complexant, quand même. Et ne pas être sûre, c'est bizarre. Rapidement, on a envie de dire, comme l'amour, si tu sais pas, c'est que c'est pas.
En vrai, je me suis rendue compte qu'une fois l'orgasme clitoridien dépassé, l'orgasme simple comme je l'appelle, celui qu'on se donne en deux minutes, pour se détendre, ou mieux dormir, et qu'on nous donne du bout de la langue, pour faire plaisir, vient l'orgasme dit complexe. Celui-là, vaste, profond, intraduisible et indéchiffrable, ne se compte pas. Il est enfoui, caché, dérobé. Enfin, je parle d'un certain point de vue, certes, mais parfois ce sont des montées qui n'en finissent plus, et ça dure et ça dure et c'est bon dans n'importe quelle position, n'importe comment, la montée est là, et pas en dents de scie, non, elle continue son tendre chemin; et c'est ça, pour moi, un orgasme.

Je doute, quand mes amies les comptent, et ce n'est peut-être après tout qu'une question de générosité, de celle qu'on donne à son propre corps, ou pire, une idée erronée de l'orgasme féminin: on rejette profondément l'idée qu'il peut être plus hybride, plus abstrait, que celui de l'homme. Cependant, abstrait=attention danger, l'abstraction impliquant souvent rien vu, rien compris, rien senti aussi. La libéralisation de la vie sexuelle, en parallèle à la libéralisation de la femme en général, a sans doute eu besoin de catégoriser l'orgasme, pour prouver non seulement qu'il était possible, mais surtout que ce serait cool qu'on l'atteigne. Hein.






Mais il n'empêche, ça fait con dit comme ça, que ce ne sont pas les mêmes orgasmes, pas la même excitation, et qu'ainsi je ne comprend pas, mises à part quelques pistes dans Les Monologues du Vagin, pourquoi n'a-t-on pas trouvé notre façon précise et particulière d'en parler, de nos plaisirs? D'une façon moins systématique et quantitative...

Enfin, en plus de ce décalage de discours que je viens de vous confier, j'avais comme autre petit complexe l'amère impression d'être très vieux jeu. En effet, j'ai besoin d'un certain temps pour me lâcher avec quelqu'un. C'est fou, hein?
Il me faut un certain temps psychologique, et quand bien même je peux ouvrir les jambes, et j'ai néanmoins besoin d'un filet de confiance pour m'ouvrir l'esprit. Je suis peut-être d'une nature paniquée, mais il m'en faut un peu plus que des caresses sur les fesses ou les seins, pour cesser de me dire "ouhlala, mais que se passe-t-il, et là, je fais ça, et comme ça c'est cool, vas-y, respire, détend toi, surtout tais-toi, bordel, bordel, chuuut, chuuuut..."

C'est bête, mais il faut que je sache un peu que le mec assure, tienne les choses en mains, pilote bien, pour fermer ma gueule dans ma tête et me laisser porter par le flow (ouais bébé).

Je croyais ainsi que j'étais hyper compliquée, dans ma tête, dans mon corps, has been avec ce truc de confiance, beurk, coincée avec mes petites voix à moi. Or, en regardant un peu mieux autour de moi, je me suis rendue compte que je connais très peu des gens, qui, hormis des couples, baisent en plein soleil à 14h, les yeux dans les yeux, les jambes bien écartées, dans une superbe position tantrique, et sans avoir bu une seule goutte d'alcool, ou fumer un pétard. Voilà. On touche le coeur du truc un peu: on a tous des blocages, sauf qu'on s'en rend plus on moins compte, et que parfois par ignorance, ou manque d'intérêt aussi, on les combat plus ou moins.

Cela dit, je pourrais être moins vigilante envers moi-même, baiser bêtement sans trop me poser de questions, courir derrière le fameux deuxième orgasme et raconter en détail à mes copines le sexe en séquences que j'ai prodigué la nuit dernière, jusqu'à l'aube.

Ou je peux, comme maintenant, vous bassiner avec mes questionnements existentiels (je situe l'existence dans la zone du vagin: qui pourrait me contredire?), et me rassurer en me disant que finalement je m'éclate au pieu. Moi aussi.

Que je suis une femme libre.
Un peu.
Nan?








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