dimanche 1 juin 2008

Les petits poids

Poids. Il y en a qui en recherche la perte, et moi j'en demande la présence. Du poids; non pas que j'en pâtisse: j'ai ceux de ma conscience, et pas des moindres. Les erreurs, le mot de trop, le mot que j'aurais voulu dire... Parfois effectivement ça fait lourd. Il y a aussi les nichons, le ventre, que sais-je? mais c'est du poids en trop, ça c'est sûr. Non, pas cette robe, pas ce pantalon, pas ce gilet, c'est lourd cette insatisfaction, certes, mais ça ne me va pas, je ne rentre plus dedans. Et puis j'ai ce livre honteux qu'on m'a prêté (vraiment), le Guide des Régimes, style bête et léger pour trop peu de résultats finalement: j'ai pas perdu un gramme, pas comme mon copain Helmi qui faisait la nique à Homer Simpson et qui maintenant est tout maigre. Ai-je bien fait de le mentionner, mon superman des kilos? Bon, ce n'est qu'un autre petit poids sur ma conscience après tout, je m'en remettrais va, c'est comme l'apéro, je devrais peut-être pas, mais je le fais quand même.
Ma vie parfois j'aimerais qu'elle soit moins flottante, que ce soit plus du lourd. Qu'elle en jette. Trêve de jeux de mots, mais quand même hier ça m'a pesé: on avait rendez-vous, j'attendais son appel, et rien: paroles, paroles, paroles. Au début, je croyais que je m'en foutais et même je trouvais ça drôle; bizarrement je me suis rentrée chez moi ivre, très très tard, et après avoir mangé un kebab de la rue du faubourg du Temple... Il faut bien que je me l'admette: je n'ai pas vraiment pris les choses avec légèreté. C'est au réveil que j'ai capté le truc. J'ai dormi toute seule dans mon grand lit. J'ai bien dormi, j'ai même bavé un peu, et quoi qu'on en dise de nos petites tâches d'humidité, ça reste les meilleurs dodos de la vie, ceux-là. Alors voilà, bien dormi. Seule quand même. Et quand je me suis réveillée à dix heures pour faire pipi, comme d'habitude, j'ai jeté un coup d'oeil à mon téléphone, et lamentablement j'ai bien vu que mon prince charmant ne tenait pas ses promesses sans gros souci de conscience. Pas de problème de poids pour celui-là, c'est dire qu'il se croit vraiment bien gaulé, avec son silence. Mais j'y ai cru quand même et c'est toute là l'étendue du problème des régimes de ma vie: j'ai senti un poids, ce matin. Agréable, comme une bonne main sur le cul, la main de l'amant qu'on aime, la main de quand on dort avec quelqu'un de suffisamment possessif ou superbement gourmand pour nous satisfaire en tout cas. Ce poids que j'ai senti sur mes fesses, et un peu sur les reins, qui me disait "t'es pas toute seule, je suis bien là", sans oublier que ça reste une promesse de sexe du matin- et ça c'est pas rien, ça me plaît, c'était terriblement bon quand même. Petit poids prometteur qui me fait oublier les miens qui dégénèrent, les gros bras ou la grosse tête, doux et agréable comme tout. Je l'ai senti à peine j'ai ouvert les paupières, j'ai vu l'heure démoniaque, treize heures, mais je me suis calmée parce que j'ai senti que j'étais accompagnée. Cependant j'étais seule dans mon grand lit ce matin. Quand j'ai touché la main idéale j'ai compris que c'était Ty, ma peluche mouton, que j'avais plus ou moins inconsciemment placé là dans mon sommeil (le pauvre). C'est tristement comme ça qu'un matin, une main au cul et un mouton m'ont fait voir l'immensité de ma solitude. Mon petit Robert m'avait éclairée pourtant, je ne vois pas pourquoi je me fais encore des illusions; c'est un peu toute mon histoire, mon qui suis-je, mon parcours existentiel à moi...

POIDS, entre POGROM et POIGNANT, ANTE.


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