vendredi 17 avril 2009

La puta y la madre

Aujourd'hui, un nouveau point culture: j'ai nommé un obscur livre argentin, "El Camino del Encuentro", ou comment ouvrir sa vie et son coeur et son esprit pour enfin vivre l'Amour. La question reste aussi: mais que fait ce livre dans ma salle de bain? Qu'est-ce donc que cette lecture?

La vérité, c'est une fille qui me l'a donné, Rosario, croyant bien faire; elle-même était en train de le lire, et elle le trouvait génialissime. C'était l'époque où, de passage à Cordoba, je couchais avec mon mari, tout en signant les papiers de séparation de biens, et cette ambiance louche et sulfureuse a même incité cette gentille fille, amie commune, à me donner ce livre pour orienter ma vie vers une voie plus heureuse et plus saine (surtout).

Je ne veux pas faire ma snob, mais il faut se méfier un peu du seul livre lu dans l'année par quelqu'un: en général, non, il n'est pas génial. Il est, il est lu, et c'est déjà bien. Donc l'auteur est une sorte de Marc Lévy de la théorie amoureuse, un peu Paulo Coehlo pour la saveur "suis ton chemin intérieur", qui nous fait des révélations absurdes, et l'on se rend bien compte qu'il s'adresse à un pays arriéré en matière de libération sexuelle et d'égalité des sexes. (Non, je ne méprise pas l'Argentine. )
En effet, on a droit à des paragraphes prophétiques pleins de révélations et d'idées avant-gardistes:
-les femmes aussi aiment le sexe
-ce ne sont pas des grosses salopes pour autant
-la biologie est un faux prétexte pour expliquer l'infidélité des hommes
-les femmes aussi peuvent avoir des orgasmes et en être accro
-baiser sa femme, ce n'est pas ne pas la respecter
-il faut cesser cette obsession de la virginité (putain, on est en 2009 quand même...)
-... et pleins d'autres trucs du genre.

A chaque fois que j'ouvre une page, ça me déprime tellement je le trouve con, ce livre. Ce n'est pas que je trouve débile l'idée d'apprendre à aimer, comme une véritable discipline intérieure, mais pour cela il y a déjà deux chefs-d'oeuvres très utiles:
-L'art d'aimer d'Ovide (où est même expliquer où trouver des filles, vous les hommes, et comment avoir l'air bonne au lit, où selon votre anatomie une position précise est délivrée, vous les femmes)
-L'art d'aimer d'Erich Fromm, qui est un peu le passage obligé dans ma famille; mon père me l'a offert en me disant: "si ainsi tu sais aimer, tu seras un homme, mon fils."

Je dois admettre que ça fait un bail que je l'ai pas relu, et qu'à l'époque je draguais par Tam-Tam, et lors sa philosophie de l'amour me semblait bien trop abstraite.


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Mais revenons un peu à El Camino del Encuentro (Le Chemin de la Rencontre, disais-je), car chose inouïe, j'ai trouvé un truc intéressant dans ce livre. L'auteur rappelle qu'il faut dépasser la différenciation bien trop dichotomique et manichéenne de la maman et la putain, la puta y la madre. Mais il s'amuse, disant qu'un de ses patient (ah oui, il est psychanalyste, comme un Argentin sur deux...) dit souvent que lorsque que l'on est marié à una puta et una madre, on a une femme "de puta madre". J'explique: "de puta madre", c'est une expression très vulgaire communément employée (les Argentins ont l'insulte et l'argot faciles) pour dire "du tonnerre", "mortel", ou "chanmé". Donc une femme qui transcende ce paradoxe essentiel entre la mère et la putain est une meuf trop bien, de puta madre. Et là, à l'auteur de rajouter: si les femmes trop bien sont celles-ci, les mecs trop bien sont ceux qui les acceptent ainsi, les révèlent ainsi, bref, les accompagnent dans cette transcendance des genres. Et là, il appelle les lectrices à donc trouver l'expression équivalente à de puta madre pour les mecs.

Et ça, c'est intéressant.
Quel serait donc l'équivalent de la femme qui allie maman/putain pour devenir un troisième genre, la femme totalement libérée? Un homme qui capte le niveau supérieur de la transformation interne, et qui l'apprécie, donc. Mais au-delà de cette acceptation, quel travail concret doit-il effectuer pour lui-même être l'homme du troisième type, du troisième millénaire?

Qu'est-ce qui peut flouter les frontières entre l'intello et le manuel, le trop gentil et le salaud, le frère et l'amant?

J'ai une copine, très très intelligente, qui a dit une fois:" Le monde irait bien mieux si les hommes réglaient le problème qu'ils ont avec leur trou du cul."

Sur ce, je vous laisse à vos tendres pensées.
Bien à vous.



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3 commentaires:

Anonyme a dit…

C a dit.

Confirmo que tu amiga està muy intelligente !
En espérant ne pas avoir fait de faute entre ser et estar, l'accent... puta madre !
Bien à toi qui visiblement a tout un tas de choses étonnantes dans ta salle de bain !

ManonTroppo a dit…

Quand j'habitais en Espagne non seulement j'adorais caser "de puta madre" à toutes les sauces, mais je raffolais aussi pas mal du fameux "ostia puta".

Bethsabée a dit…

ou encore "la concha de tu hermana" j'aime aussi