Oyé, oyé ! Avis aux célibataires heureux et actifs: il n'y a pas que la chanson de Beyoncé pour nous représenter. Je dis non; je dis stop: le couple, c'est bien que dans les films. Enfin, presque. Parce que si je passe en revue comme ça, mine de rien et de façon anonyme, les couples qui existent autour de moi, eh bien j'ai peur que ce ne soit pas glorieux. Et que sous la plage de carte postale, c'est le même bitume. Habituons-nous mes braves, et regardons, cependant sans aller trop en détail: je risque de perdre des copains.
Il existe un syndrome que l'on rencontre si et seulement si les gens sont en couple: j'appelle cela "l'orgueil des amoureux". On a tous connu un grand amour, pas forcément réciproque; mais ceux qui ont eu la chance de se voir reflété dans les yeux de l'autre, les coeurs en échos et les bouches en coeur, ont été victime de ce syndrome. Les individus atteints de l'orgueil des amoureux pensent détenir une vérité, au sein de leur couple, secrète, cachée de tous, qu'ils voudraient partager au monde, mais le monde est trop moche, trop gris, pas assez d'amour et de velours pour comprendre et recevoir cet amour si fort et si fou. Ils s'imaginent dans un putain de film, et tout est esthétique: ses chaussures, sa bouche rouge...
Cet amour si vrai, cet amour si beau... Si heureux, si joyeux et si dérisoire. Oui, car les bonnes choses ont une fin, et si ces tourtereaux pensent finir leur vie ensemble - ce que je leur souhaite, cela dit-, qu'ils n'oublient pas que c'est à coup de casseroles que les choses se font. Aujourd'hui on s'aime et t'as rien compris, demain il voudra mettre la main sous la jupe de l'idiote qui comprend rien tandis que, par amour et contrat de confiance, t'auras du poil aux jambes et un petit pull marine.
Bien sûr que j'en connais.
Et ce qui est beau chez eux, c'est qu'ils s'aiment tellement qu'elle parle pour lui, franchement, et lui coupe la parole; quel besoin aurait-il de s'exprimer, après tout, puisqu'ils s'aiment si fort, pensent si pareil, et se comprennent tant?
Je ne sais lequel je plains des deux, le muet ou l'arrogante... Mais ne soyons pas trop cruels: ils se sourient, peut-être, quand ils se lèvent la matin.
Mon but premier n'est pas de détruire les couples qu'il y a autour de moi avec d'amères paroles, ni de confirmer mon cynisme; mais il faut le dire, j'en connaissais des drôles et des extraordinaires, qui, mis ensemble, deviennent par miracle un couple pépère, des fonctionnaires de l'amour, et j'en connais d'autres qui s'adoraient, et maintenant tout n'est qu'angoisses et doutes, couronnés par la culpabilité de regarder par dessus son épaule... C'est triste.
Bon. Ceux qui me connaissent un peu savent que je ne dis pas tout cela au hasard. Evidemment que ça me triture, et que j'ai ma part là-dedans.
En effet, je suis dans une relation que j'appelle la "trois-sur-dix". Si on peut appeler cela une relation, c'est vous dire. Mais, comme à l'école, je suis une mauvaise élève, j'ai pas bien choisi mon camarade, mon binôme.
Parce que déjà, on ne rime à rien; puis on a pas grand-chose à se dire. En vrai, je suis tellement nerveuse avec lui, et je sais si peu sur quel pied danser qu'il se retrouve, le pauvre, avec un idiote qui tangue constamment. Charmant. Cela dit, lui n'est pas forcément mieux non plus, et dans sa tête pleine de névroses et de concepts, il ne s'accroche désespérément qu'à une lettre: le X.
Avec ses ex, nombreuses et variées, drôles aussi, il faut dire, qui confèrent un passé vibrant et rempli, avec sa dyslexie après trois verres de whisky, et ses excuses bidons, parfois je me demande même s'il rentre dans un barème et mérite une quelconque notation.
Puis vient la nuit: XXX. (facile, j'avoue) Oui, vient la nuit où, merde, j'ai plus rien à dire et un quelconque sujet de conversation me semble inutile, et je n'ai plus à savoir quoi danser à l'horizontale, et c'est mieux. Alors ça gagne des points. Ma chouette histoire "trois-sur-dix", c'est peut-être pas qu'une bulle.
Enfin, je pensais que c'était ça la note, vu les réprobations de mes copines, le fait-attention-aux-salauds, le magnifique "fait pas durer deux ans un truc qui aurait dû durer trois heures", et les conseils rigides qu'il me reste en mémoire de ma mère...
Cependant, la vie c'est pas soit noir, soit blanc, et suite aux idées yin, j'ai eu la chance de m'ouvrir l'esprit aux idées yang d'un ami à moi. (L'histoire est bientôt finie, promis.)
Mon pote John m'a dit, très simplement, m'ayant écouté distraitement, au volant de sa voiture: "Pour une fois que t'es pas avec un soumis,(il faut dire ici que j'ai essayé de mettre un terme deux fois à cette relation, et rien à faire, je crois bien que mon beau brun suit le postulat de ne pas m'écouter, ni de m'obéir, et d'en faire qu'à sa tête. Sexy.) et que t'es dans un truc comme t'as toujours voulu, libre, c'est quoi le problème?..."
Là mon pote John il a touché deux points sensibles: soumission, et liberté. Et d'un coup, d'un seul, il a explosé mes cadres bourgeois: c'est dire si je les avais fragilisés, déjà.
Alors, hin hin, telle une cancre, j'en suis un peu fière, de ma relation trois-sur-dix. Parce que, wouah, il est pas soumis, et que wouah, je suis libre. Regardez un peu autour de vous: oui, c'est rare.
-Mais vous vous appelez?
Non.
-Et tu sais où t'en es?
Non.
Bah quoi?
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