Dream Hotel, NYC.
On a quinze jours pour réapprendre à se regarder, se voir, s'aimer encore. Regarder au-delà de nos doudounes, parce qu'il fait un froid de canard, mais c'est magnifique, tout blanc, pur, élancé, claustro... Une ville qui nous ressemble.
Je dois me contenter de lui, je dois l'aimer, je dois me restreindre. J'ai éteint mon téléphone, je n'attend plus personne. Plongeon dans ses yeux marrons, baisers sur sa bouche fine. On s'y croit.
J'oublie Paris. Je ne t'attends pas.
On file les avenues et on mange des scones. On sort, on rit, on fait l'amour au petit matin et on va voir la statue de la liberté. Salope. Elle porte bien son nom, elle s'affiche aux yeux du monde, et moi je la regarde à en pleurer, parce que je suis à New York, que j'aime pas New York, que j'y vois pas assez le ciel, et c'est trop loin de chez toi.
Dans le bus, il me demande si je veux un enfant. J'ai mal au coeur, c'est les virages.
A l'hôtel, il me prend par derrière. Je ne sais plus qui c'est, je sais que c'est un autre que toi, c'est impossible comme je me sens crade quand t'es pas là.
Cinquième jour.
Aujourd'hui, j'ai décidé de t'oublier. Définitivement. C'est pas toi celui qui est fait pour moi. Je ne serai jamais ta princesse. Aujourd'hui, ta barbe me piquait trop. Tu étais trop grand aussi. Je me rends compte comme on était différents, et que tu n'avais pas tant de talent. Ta musique est pourrie. Tes yeux sentent le faux, et tu ne me faisais pas assez rire. Je ne connais même pas tes parents, je ne sais pas si tu as des frères et soeurs: je t'ignore, et toi aussi tu m'ignores. Je me suis toujours enfuie dans la nuit de ta chambre...
Alors ce matin ça va mieux. Je fais l'amour avec moins de remords, je savoure mon café, je lâche un peu mes clopes. C'est reposant si je t'oublie.
Douce légèreté, poids qui s'élèvent, j'aimerais être plus fine, m'envoler, que rien ne m'atteigne tant.
Il nous reste une semaine. Nous allons au Cap Cod. Tout va bien se passer. Il y aura la mer grise et le sable noir, des nuages bleus comme des soleils. Du vent et des crabes peut-être. J'irai bien, ne t'en fais pas. Tu ignores où je suis, et que je pense à toi, quand je donne mes mains à l'autre, au vrai, quand je vis avec lui, quand il me prend dans ses bras. Celui qui m'aime.
J'ai peur que tu sois un fantôme. Que tu n'existes pas. Je repense à tes yeux trop lumineux...
Et à tes mains, à tes mains, à tes mains.
Je ne prenais plus la pilule. Tu ne le sais toujours pas.
Il ne sera pas à toi. De toi, quand même.
J'ai encore la nausée.
Il aura sûrement mes yeux clairs, qui ressemblent aux tiens.
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