jeudi 14 juillet 2011

Rien de nouveau sous la névrose

Quand j'étais petite, je me rappelle que je saoulais ma mère avec cette question des névroses. C'est quoi des névroses ? Je me demandais. Et je lui disais : "Plus tard, je veux pas finir comme ces névrosées de 30 ans qui vont chez le psy, et font l'amour tristes."



J'étais obsédée à l'idée de finir comme une adulte névrosée. Ça me déprimait, ces adultes névrotiques de partout, comme des jeunes à problèmes sauf que ce sont des vieux casse-couilles. Puis, pendant longtemps j'essayais de savoir si j'en avais, ou pas, des névroses. Et, franchement, même si ça va en faire rire certains, j'étais persuadée de ne pas vraiment en avoir. Pas du tout même. Je me trouvais cool : du genre à prendre du thé ou café le matin, selon. Une douche matin ou soir. Pas d'oreiller préféré. Pas de préférences. Libre. Libre de névroses.




Là, dernièrement, j'ai enfin compris ce que c'est la névrose. C'est salaud, hein, mais c'est mon mec qui me l'a dit, que j'étais névrosée. Déjà, c'est la première fois qu'on me le dit tout de go, et franchement je me demandais bien pourquoi, sur le coup. En plus, ça lui paraissant évident, "Je suis pas un mec pleins de névroses, comme toi", alors que je voyais pas du tout de quoi il voulait parler. Sauf que, quand on y pense, tenir ce genre de discours sur les névroses à sa mère quand on a 10 ans à peine, c'est déjà être pas mal névrosée. Dans le fond.

Faut le dire, j'ai toujours été précoce ; même dans la névrose, apparemment.

Et parallèlement à cela, parce que je ne suis jamais à un paradoxe près, comme disait mon amie Pauline quand j'étais en pension, "C'est si simple d'être compliquée, et si compliqué d'être simple", niveau névroses, j'ai toujours pensé et admis que j'étais névrosée sur le couple. Sans faire le lien, je savais profondément que l'engagement, ça me faisait flipper depuis toujours. A force, les échecs sentimentaux et autres méandres, on commence non seulement à tenir des comptes, oui m'sieurs-dames, mais aussi à faire des conclusions... Voilà, i know, j'ai l'angoisse du couple.




Avec le temps, la rationalité, les amis, la vie, on se convainc qu'on tripe un peu, qu'en fait non, on n'en a pas si peur que cela, la preuve on est souvent maquée, et puis on kiffe bruncher à deux le dimanche et on admet que faire l'amour aussi souvent, c'est hyper cool. Aucun problème avec le couple, je gèèèère.

Sauf que quand je me dis cela, je me leurre. Ou plutôt, j'essaie de leurrer ma névrose.

Parce que la névrose, c'est comme Sega : plus fort que toi. Il suffit que tu penses l'avoir semée pour qu'elle revienne sous sa plus belle forme : physique.



Tiens, dis "nous deux", que ça me pince dans le ventre pour voir.

C'est cela qui m'arrive à chaque fois que je l'oublie, ma névrose du couple : perfide, rien qu'un mot d'amour de trop, à peine, ou un regard trop tendre, ou un baiser trop langoureux alors qu'on n'est pas tout nus, et ça me coupe le souffle. Ça coince directement dans l'estomac. J'ai peur. Je flippe. Physique, vous dis-je.




Respire.

Je vois mille échecs, mille concepts, des pavillons en banlieue et des mecs qui se tirent quand t'en es à huit mois pour des ovaires plus frais, le tout sur une bande-son de miaulement de chat hystérique et affamé à qui on n'a pas changé la litière depuis 3 semaines. Définitivement comme une bamba triste. Bref, dans ces visions d'horreur qui rentrent mon ventre vers l'intérieur jusqu'à ce qu'il ressorte par mon dos, l'idéal serait de briser la névrose, de faire quelque chose, de garder espoir. Bordel.

Respire.

Alors quoi faire ? En parler ? Le dire ?

Chéri, là, j'arrive plus à respirer. Oui oui, c'est depuis que tu m'as dit "je t'aime".




N'allez pas croire non plus que je l'ai jamais dit, tout ça, les "je t'aime" et les toujours et les mamours, ça va hein, on a tous un surnom planqué sous le lit qui frise le ridicule. Nous aussi on a été amoureux, heureux. N'empêche : c'est ne pas compter sur le facteur surprise. Aussi perfide que la névrose celui-là, tiens, on dirait qu'ils vont de paire.



Respire.

Et quand on est surprise, par soi, par l'autre, par des sentiments, des situations, tout et n'importe quoi, juste quand 30 secondes notre cerveau vit un truc qu'il ne s'imaginait pas, ou plus, y'a tout qui se réveille à l'intérieur. Ça vrombit. Cataclysmes. Tempête. T'empêche. Et paf ! ça réveille d'abord les névroses. Subrepticement.

Respire.



Tout le monde est en place? Ok ? Névroses à l'appel ?

Respire.

J'attends la suite.




4 commentaires:

Anonyme a dit…

Putain les photos de requins de ce post sont d'un niveau de nevrose vraiment anxiogene.
Gnarkgnark

comment maigrir a dit…

Très belles photos, notamment celle du tigre j'adore ;-)

Jeanmi a dit…

Moi j'aime mes névroses, je les bichonne, je les cultive avec gourmandise. Quand je vois un psy je lui donne un coup de pid pour qu'il recule. Vivent les névroses...longtemps...

Anonyme a dit…

J'ai 27 ans ;)et je suis arrivée sur ton blog par hasard. Même sans les photos, j'aurais apprécié ton écriture. Pour les névroses d'adultes, j ai décidé de vivres mes rêves d'enfant et ça marche plutot bien. Je suis en voyage depuis plus d'un an, je met pas de vernis mais j'ai pu dormir y a quelques semaines dans cabanes en bois, pêcher dans des rivieres ou tu en ressort beaucoup de poiscailles, et bien d'autres, bref du fun, du fun, du fun! Je ne sais pas si mon message a trouvé sa bonne place, mais tout simplement: j ai beaucoup aimé tes histoires. L'anti-névrose, c'est vivre ses rêves même simples, le basic a souvent un plus gros effect.