dimanche 9 mai 2010

De l'oestrogène et autres nouvelles

J'ai maigri.
Tout le monde m'en parle. C'est ça la France : "hey, salut, ça va, oh, comme t'as maigri !". Je me demande de quoi parleraient les Parisiens s'ils ne parlaient pas de leur poids. Dans ma famille, par exemple, ça ferait qu'on aurait bien trop peu de choses à se dire, parfois.

Tu manges ? T'as faim ? On dirait qu'à mon contact chaque individu se transforme indubitablement en mère juive. Même mes potes d'origine belge s'y mettent. L'enfer. On veut me faire avaler tout et n'importe quoi.

Donc, j'ai maigri, et je vous en parle comme une bonne Parisienne qui se respecte.

En parlant de respect, ça faisait un bail que j'avais pas pris contact avec moi-même, et je vous parle pas forcément de masturbation là, seulement le fait de se poster devant la glace et de se mater vraiment, voir à quoi je ressemble, moi qui ferais mieux d'aller m'empiffrer quelques kebabs plutôt que de me tuer au travail pseudo intellectuel.

J'ai bien vu que j'avais maigri, mais finalement pas tant que ça. La seule tragédie dans cette histoire, c'est la disparition de mes seins.
Mes seins sont tous petits, on dirait qu'ils sont partis en vacances. Mes seins sont tristes, voilà ce que je me suis dit.

Et après ce pathétique constat, j'ai enfilé une robe moulante et je suis sortie. Autant profiter de mon nouveau petit body, quand même.

Sur la route de l'alcool et des bars, j'ai appris une chose qui allait changer ma vie à jamais, mais je l'ignorais sur le moment. Désormais, ma vie est en révolution depuis que je sais ce que j'ai appris hier soir vers 2h du matin.

Un pote, K., m'a dit, en regardant d'un air déçu ma poitrine qui d'antan était fameuse :
Ouais, si t'as plus de mec depuis deux semaines, t'as moins de nichon, c'est normal. Franchement, je voyais pas le rapport, mais je me souvenais bien comme ils étaient beaux et frais mes seins, avec la peau tirée à bloc et tout, on aurait dit qu'il y avait du lait, alors que là on dirait que j'ai tout donné à des triplés affamés.

K. m'explique encore :
Bah, c'est les hormones, les œstrogènes quoi. Plus tu jouis, plus tu en sécrètes, plus tes seins gonflent.

Sans doute le saviez vous déjà. Moi j'avais la bouche ouverte qui descendait sur le comptoir, c'est pourquoi mon copain K. après il s'est lâché en disant de plus en plus n'importe quoi, du genre Je m'y connais à mort en femmes / je suis une tapette virile / et / les juives ont des poils pubiens extra.

Sachez que le coup des poils pubiens, je lui ai pas laissé passer, alors on s'est accordé, selon lui, que les juives avaient de belles chattes, ce qui peut être une réflexion un peu limite, certes, mais disons qu'elle me convient étant donné que je fais moi-même partie de cet extraordinaire peuple élu. Et que ça me rassurait de me dire que mes seins s'étaient peut-être fait la malle, en attendant j'avais un vagin* trop bien.

Selon un mec qui ne le connait pas.

On se rassure comme on peut.

Si dans ma culotte je n'ai donc pas de souci à me faire, j'ai le constat déplorable qu'il me faut au moins jouir une fois par jour pour avoir une poitrine décente, et qu'autrement je ressemblerais à ces célibataires de trente ans à la piscine qui ont des seins tristounes et qui pensent que leur liberté, qui consiste à s'envoyer en l'air avec l'inconnu romantique du samedi soir, leur convient largement.

Niet. Je ne me ferais pas avoir. Je veux ma dose d'œstrogène, bordel.



*(Quelle alternative à "chatte" ? "Vagin" ?)

2 commentaires:

O a dit…

j'aime beaucoup ici. Je reviendrai.

Victor Vilain a dit…

Quelle alternative ? Plein, et peu importe, tout ce qui passera par la tête, n'importe quoi plutôt que vagin, tout de même ...