jeudi 28 août 2008

Des torts, Détours, Détroit ou le syndrome Dalida.

Image Hosted by ImageShack.us



Renaissance Hotel, Detroit, Michigan. Il est 9h du matin, je suis bien matinale, malgré ma gueule de bois et mon corps qui m'injurie de tant de substances étranges que je lui ai infligé hier soir.

Mon premier réflexe d'addict à peine à la sortie du lit, depuis que j'ai arrêté de fumer, c'est de prendre mon Macbook qui n'est jamais éteint, idem que mon téléphone: j'en suis victime, c'est tout. Si vous arrivez à arrêter de fumer je veux bien essayer de vivre la vie toute seule. Pour l'instant j'y arrive pas, d'ailleurs mes draps bleus sont encore chauds, il vient de partir... Je me souviens soudain de bisous tendres sur les omoplates et d'un bref au revoir depuis la porte qui claque. Pressé.
J'aime bien sentir l'ordinateur chaud sur mes genoux quand je suis au lit. Tranquillement, je m'installe, même pas besoin de café, pas même pour parfaire l'ambiance, j'aime internet comme il s'offre, brut, à haut débit, boulimique et impatient, comme mes doigts qui pianotent et refusent de faire autre chose que de caresser les touches. J'ai eu le temps, dans mes préparatifs, de choper une bouteille d'eau. La chance.
Hier soir quand je me suis endormie c'était lui l'addict- après un long voyage en voiture il était sérieusement en manque de mails et d'ebay. Je le comprends. Je me suis effondrée comme un gamine un soir de fête sur le lit, pendant qu'il pianotait en sirotant une vodka, et il a poussé le vice jusqu'à ce que mon chouchou rende l'âme: plus de batterie. Un homme étant-non, pas de clichés. Il était fatigué, il a posé l'ordi à côté du lit et m'a tendrement réveillée pour obtenir, après sa dose de virtuel, sa bouffée de charnel. On peut ainsi être addict et victime de plusieurs choses. (Il fume, aussi.)

Ce ne sont que les détails d'une fin de soirée relativement banale dans un hôtel relativement correct dans une ville étonnante. Comme quoi la somme des détails ne paie pas de mine et il suffit de peu, d'un petit vice, d'une mauvaise curiosité, ou d'un peu d'humanité à vif pour bousiller des vacances et faire vaciller un couple. Heureusement, j'accumule ces fonctions, on dirait presque que je suis là pour ça.

Alors j'ai rebranché mon ordinateur, il a peiné pour trouver la force de la lumière en lui, le pauvre, mais il m'a éclairé tout à coup et m'a projeté un dilemme duquel je me croyais indemne et étrangère: de cet étrange écran ami a surgi une possibilité étonnante d'abjection et de perfidie: la boite mail de mon mec m'est apparue. Pas celle du travail, pas du tout, même pas sa vieille boite hotmail, non, la pire, la plus hot, la plus in: son inbox facebook. Beaucoup de jargon pour ce cyber-espace qui n'est que futilité, amour, sexe et volupté.

(Enfin, peut-être que je généralise un peu, mais ma boite mail facebook à moi, c'est tout à fait ça. Je crois bien que c'est pareil pour tous, et sinon, pour les exclus, eh bien dommage...)

Quand je parle de dilemme dans ce genre de cas tout à fait classique, c'est que je m'exclus de trois catégories: les filles d'entre 13 et 16 ans, les filles psychopathes-pirates qui ont déjà tenté de deviner le mot de passe de leur tendre et cher pour fouiner, et les filles biens. Pour reprendre Melle Pille et pour faire pire si possible, je suis une salope, du genre sans scrupule et sans vergogne, suffisamment éduquée pour me rendre compte que je suis face à un dilemme mais pas assez pour ressentir en moi le respect profond qui m'interdirait de dépasser les limites et de violer l'intimité de mon prochain. Parce que d'abord ce prochain-là j'ai encore ses trucs à lui dans mon corps, alors on fait fusion un peu quand même, et ensuite je suis trop curieuse pour respecter le concept d'intimité. C'est flou, c'est vague ce truc; la curiosité est un vilain défaut, balivernes que je me disais, on a bien découvert pleins de trucs grâce à la curiosité comme... le théâtre gallo-romain de Lyon, par exemple. (Je me surprends moi-même de tant de références.) Bref, moi, proche des archéologues et autres curieux, curiositeurs, curio-agitateurs du XXIème siècles et des précédents, admiratrice du pourquoi tombe cette pomme au E=MC2, je me suis dit que c'était une bonne idée de fouiner dans ce machin-là qui ne m'appartenait vraiment, mais vraiment pas.

Je n'y suis pas allée de main morte. J'ai fais une étude quasi-scientifique. Exit le superflu, je me suis concentrée, telle une bonne élève, sur toute cette gent dont j'avais ouïe dire, selon deux critères précis: féminine (bien qu'on ne soit jamais sûre de rien...) et anciennement sexuellement pratiquée par mon cher et tendre, qui s'avère plus coriace que je le croyais.

Permettez-moi une question, purement rhétorique certes, mais pas moins intéressée: sentimentalement, vous faites dans le recyclage? Ou dans le partage? Je veux dire, vous réutilisez les surnoms que vous donniez, ou vous employez avec plusieurs personnes ces formules que vous savez, par expérience justement, charmantes et effectives? 
Moi, non. 
Un peu de créativité bordel, ce serait trop facile sinon. Je n'y vois qu'une seule exception: la cuisine. Plusieurs connaissent mon poulet thaï ou mon gâteau au chocolat, fameux même. Mais c'est parce que la nourriture c'est un besoin nécessaire et récurrent qu'il est difficile de parfaitement maîtriser en cuisine et qui demande bien souvent répétition. Cela dit,  même pour ce qui est des caresses, j'essaie de ne pas me répéter, et puis vous imaginez, se dire "tiens, lui il aimait bien ça alors je vais le tenter...". Beurk. Nan. Je suis contre.

Autant vous dire que mon mec a un point de vue tout à fait différent sur le sujet. Apparemment ça ne lui pose aucun soucis, ni existentiel, ni créatif- et son orgueil n'est pas titilleux de ce point de vue-là. Ainsi, me voilà dans une spirale infernale qui tourne autour de quatre-cinq filles (heureusement qu'il est timide) à qui il dit les mêmes choses qui m'ont séduites; je n'ai pas eu l'exclusivité du petit nom, ni celle du vouvoiement (qui me plaisait tant), encore moins celle de la pensée envoyée à l'improviste lors d'un voyage au Royaume-Uni. Sympa.

Je reste sceptique face à tant de fracas: j'ai martyrisé mon estime (je me sens bien conne en lisant tout ça et me voyant dans l'incapacité à pouvoir concrètement formuler des reproches), esquinté mon couple (il fallait bien que je me méfie de l'eau qui dort), salit mon homme (c'est une ordure d'Alain Delon), et pire que tout, j'ai brisé mon petit coeur pourtant si rafistolé à la glue 3, garanti moins cassable: je ne suis pas sa princesse, comme il disait, ou bien on est plusieurs candidates pour le trône.

En clair, je me suis faite avoir. C'est ce que j'appelle le syndrome Dalida, il a suffit d'un vouvoiement à sonorité érotique et d'un titre princier pour me mettre dans son lit, et m'y garder soudée en plus: bon marché la fille.
Perdue dans mes pensées scabreuses et morbides, prisonnière de ma bêtise et alignée par des vieux adages nuls, la curiosité... blabla, je ne l'ai pas entendu arriver dans la chambre.
J'étais trop perturbée à m'écouter:

Tu ne peux rien dire.

Tais-toi.

Ca t'apprendra, vilaine.

Mais n'oublions pas que je suis féministe, ce qui m'autorise toutes sortes d'originalités et de requêtes qui vont bien au-dessus des basses lois conjugales ou des principes essentiels.

C'est un salaud.

Balance.

Assume. (Toi aussi t'as des couilles, merde.)



OUI. J'ai craché le morceau. Sans mentir, j'ai rien omis, ni ma lecture détaillée, ni mon acide déception qui me glaçait. Minable, je me perdais dans une conversation absurde à base de et pourquoi à elle tu lui dis vous, et c'est quoi son tatouage, hein,  et elle aussi c'est un ange?, elle a pas l'air, je savais pas, hein, mais je croyais qu'entre vous c'était naze, hein, mais là, le 3 mai d'il y a 10 mois, tu lui dis qu'elle te manque, et blablabla. Me suis fatiguée moi-même.

Il m'a calmé. Evidemment, ou heureusement. Comme lui seul sait faire. Il lui a suffit de quelques mots pour que je recouvre ma docilité et ma confiance, et pour qu'il voit à nouveau dans mes yeux briller la tendresse et l'amour. Quelques douceurs de sa voix rauque m'ont suffit:








Que sont les mots à côté des moments que l'on vit ensemble? Franchement?

Puis il a ajouté:

Vous savez bien que je suis fou de vous, ma princesse. 



J'avais failli oublier.



Image Hosted by ImageShack.us

3 commentaires:

Anonyme a dit…

un tas de jolies moments sont ecrit grâce a toi, tes textes sont bien écrit et ne font qu'évoluer encore et encore.
Il ne faut jamais arrêter ma petite princesse, je suis ton plus grand fan.

Anonyme a dit…

attention, y a un mec qui ne rigole pas derrière tout ça avec un corps d'acier et des mains de fer

Bethsabée a dit…

oui, c'est un homme deux-en-un!