
Et on m'avait prévenue : il y a un avant et après ses 26 ans. La première à m'avoir dit la vérité, à l'époque, c'était ma pote Tina, j'avais 23 ans alors, toute mon insouciance insolante encore intacte, je pensais lors que le sport c'était pour les beaufs désespérées et je n'avais même pas besoin de me démaquiller le soir pour avoir l'air frais au petit matin, 3 h de sommeil négligemment autorisées à mon organisme.
Puis, un 20 novembre comme d'habitude, j'ai passé comme si de rien le cap des 25 et j'ai eu 26 ans. Tina m'avait dit: à
26 ans, y'a un truc qui change véritablement, d'abord au nivaux du cul, tes
fesses deviennent naturellement plus molles, la matière c'est définitivement plus la même. C'est le vrai début de la fin : tu commences à penser sérieusement à faire du sport, tu n'as plus trop le choix. Et puis biologiquement, c'est l'âge où tu cesses
d'être jeune, de grandir au niveau céllulaire, et tu entames le long déclin du reste de ta vie vers
la vieillesse, vers la putréfaction de tes organes, vers la mort, vers le
pire. Bon, c'était pas dis comme ça, mais y'avait de l'idée, et en pensant cette année à aller courir je me suis dit que Tina, sur ce coup-là, elle avait eu raison.


Donc voilà. 26
ans, la seconde période de l'âge ingrat. Ca ira mieux à 30 ans, je me dis, mais pour l'instant c'est l'âge de la vieillesse qui pointe le bout du nez. Faut dire que dernièrement,
je ne suis pas vachement comportée comme une jeunette qui a le vent en poupe,
ça fait deux ans que je dépoussière mon passé pour voir si je peux pas recycler
un ou deux amours déchues en nouvelle relation (cherchez pas, j'ai testé tous les cas de figure
du concept "je me remets avec mon ex", et je pense que je peux scientifiquement
attester que c'est foireux, nul et non-avenant) donc bref, ça fait un peu
vieille frileuse du coeur qui en plus d'avoir la menace des fesses molles, fais des choix sexuels et amoureux qui sont loin de les lui dérider, là, tout de suite.


Et je vous vois
bien venir à vous dire dans votre tête que je m'apitoie un peu trop sur mon sort, que je suis encore jeune et que
tout va bien se passer... Figurez-vous que c'est ce que je me disais moi aussi, dans le fond, derrière mon cynisme, jusqu'à
ce que j'aille au mariage de mon cousin ce week-end. Un beau mariage, d'ailleurs.
Avec mon cousin, on se voit rarement, il a
30 ans, une belle bande de potes que je ne connaissais pas et normalement, si tout s'était bien passé, j'aurais dû me faire son témoin
ou son meilleur pote sous la table, à 5h du matin, cachés sous la nappe. Normalement. Or, c'était sans compter ce
côté vieille France parisienne qui existe (donc) encore, qui fait que les mecs ont certes
tous 30 ans et le poil brun et frais, mais ils sont maqués depuis 5 ans (au moins) à
des filles qui ont les ongles propres et une bague de fiançailles qui ronronne
en attendant le mariage de l'année prochaine. Limite s'ils ne doivent pas
s'appeler entre eux pour pas mettre leurs mariages à la même date... Bref, allez
expliquer ça aux réalisateurs de clip paumés qui traînassent au Mansart, on va bien rigoler, en attendant y'avait rien à croquer qui soit né après 1986 et c'était un peu triste.
Alors j'ai dû m'en bouffer des conseils, comme une vieille célibataire à chats depuis 15 ans (alors que merde, quoi, 24h de célibat, soyez sympas, je pourrais être au bout du rouleau, dans le fond de mon coeur) et pour vous la faire courte, les sages conseils de mon gentil entourage familial se
résumaient donc globalement à :
-arrête d'être
chiante
-arrête d'être
chiante
-arrête de tout
penser, t'es chiante
Je comprend que c'est
pour mon bien, mais j'en ai rien à battre, et vu
que de mon côté, je suis d'ores et déjà une vieille conne, je les ai mentalement
balayés de ma tête aussi sec, leurs conseils. Sauf un.
C'est
un Italo-Américain, une pièce rapportée comme on dit dans les familles relous, qui m'a pris par les sentiments dès le départ quand, en guise de préambule, il m'a dit que lui aussi, en couple, il se sentait comme dans une prison au bout de deux semaines.
Aaaah, enfin on parle la même langue, Luigi.
Et la seule chose
qu'il m'a dit, c'était plus une sentence jedi type Yoda qu'un conseil et ça m'a marqué comme un petit padawan :
"Tu cherches au
mauvais endroit, baby. You're looking in the wrong places."
C'est la pensée que j'ai trouvé la plus intéressante, la plus intelligente, de commencer un peu à questionner le spatio-temporel de nos rencontres, et je me suis dit
qu'il n'avait sans doute pas tort, puisque comme je vous ai avoué, j'ai pas mal
pioché dans le passé dernièrement, ce qui n'est pas vraiment la good place, je crois, pour des amours florissantes.
Donc aujourd’hui, ça
résonne encore : les mauvais endroits. C'est bien possible. Quoiqu'il en soit,
je crois que j'ai pas tout à fait élucidé la question, mais le délire de quête
mystère me tente bien... Et oui, promis, quand j'aurais testé toutes les sphères possibles et imaginables, je veux bien essayer de commencer à me remettre en cause et me dire qu'il faut définitivement que j'arrête d'être chiante.