Rapidement, soulevons un sujet moral et éthique (ce qui ne va pas toujours de soi, rappelons-le), qui turlupine bien des gonzesses qui ont justement le sens de la morale et de l'éthique aussi léger que leurs blanches cuisses : l'espionnage technologique de nos amants. Je veux dire poussé, pensez pas que je parle d'une obsession pour son profil Facebook. Mater 50 fois par jour le profil facebook de quelqu'un, tout comme traquer les commentaires et allers et venues des amis plus ou moins proches, c'est franchement un truc de l'année dernière. Et encore. Non, quand je dis "espionnage technologique", je parle de mater les mails, tout simplement.
Que ça se sache : c'est mal. C'est une violation de l'intimité de quelqu'un, de sa confiance, en plus on risque de tomber sur des fautes d'orthographes insoupçonnées, ou encore la présence d'une autre fille dans le paysage virtuel qui paraissait pourtant, à première vue - superficielle, hors inbox - désert.
Moi, par exemple, je ne supporterai pas qu'on me le fasse. Pourtant, je n'ai rien à cacher. Je jure. Ou sinon, j'efface. Il est absolument hors de question de répéter des mauvais habitudes culturelles de catho et de s'auto-flageller avec des mails compromettant dans sa propre boîte. Faut être un peu con.
Bon, alors voilà, hier j'ai maté dans la boîte Facebook de mon mec, mais franchement sans faire la fouine, franchement hyper vite-fait, juste comme ça, pour voir, comme un check santé "c'est bon, y'a que des messages de moi, des spams, ou des mecs", et là BIM, je suis tombée sur un cancer. Si on continue la métaphore. Moins poétiquement, et pourtant le message était bien plus poétique que mon acte d'espionnage-viol, je suis tombée sur une meuf précise qui n'a pas grand place dans mon cœur, puisque c'est une fille auparavant charnellement pénétrée par chéri qui envoie un message nostalgique du genre "Te souviens-tu du temps où tu me pénétrais ? Les feuilles mortes se ramassent à la pelle, et viens on se capte cet été, ça pourrait le faire, encore. xoxo, love."
Ni une ni deux, j'ai direct fait la gueule. Chaud. Comment m'expliquer ? Impossible. J'avais commis l'interdit pire que la sodomie, devenue monnaie courante. Je devais fermer ma gueule. Et pourtant, c'est parfaitement hypocrite, et je vais vous dire pourquoi après l'histoire du Grand Rabbin raconté par M. qui n'a pas démêlé mon affaire, certes, mais d'un coup je me suis sentie... Divine :
Un grand rabbin décide de se faire une partie de golf le saint jour du shabbat, un samedi. Tranquille, il fait beau, il joue au golf, et voici que D.ieu, qui voit tout, hallucine et fait "hin hin mon vieux, tu fais pas sabbat ? Eh bien voilà pour ta gueule." Et D.ieu fait un miracle : il fait rentrer en un coup un seul la balle de golf du rabbin dans les 18 trous du terrain. Le rabbin hallucine à son tour : c'est un miracle ! "Ouais, lui fait D.Ieu, mais tu pourras le raconter à personne."
Je me sentais en bref pareil, en un peu plus misérable, ou moins, ça dépend du possible repentir du rabbin, bref, je bouffais ma langue car je savais que je n'avais rien à dire. Ce mail ne me regardait pas. Et pourtant... Parlons de l'hypocrisie de la chose.
Lors d'une autre conversation, d'une commune voix, des amis m'ont confirmé qu'il était impossible de ne pas divulguer son code d'Iphone à sa moitié : celle-ci douterait immédiatement des intentions de son âme sœur, et n'aurais pas confiance. Seule solution : donner le code. Mais pourquoi diable existe-t-il ? Simplement pour les voleurs ? Je dis c'est triste.
Autrement, me faites pas croire que mater un mail, sur le Mac de la maison qu'on partage en commun, c'est aussi vicelard que de faire les poches ou que de checker les comptes en banques. Faux. Mater les mails, ou les sms d'Iphone, n'a rien à voir avec les actes de fouines qui fouillent, parce que justement, ce sont des actes : il faut fouiller, se lever, chercher, penser... Bref. Du gros vice dans l'éthique. Tandis que tout ce qui est en rapport avec Apple, ce n'est pas aussi moche. Oh que non : l'ordinateur est notre ami. Nous y passons le plus clair de notre temps, c'est comme une greffe développée de nous-même : on se sent moins ménagère immonde qui fait les poches.
Même quand on navigue sur l'historique. Oui madame. (Or, nous savons tous que naviguer sur l'historique est mille fois plus dangereux que tout : pourquoi découvrir que son homme a une passion pour les pornos animaliers ? L'historique, c'est JAMAIS.) Enfin, nous sommes simplement des victimes technologiques : c'est tellement fait pour nous faciliter l'accès à des informations qu'on finit par accéder à tous genres d'infos simplement par un clic, ou avec l'Iphone, par une mini pression de doigt.
Hyper dangereux.
C'est donc la faute à Apple : la preuve, c'est que mon mec a un Blackberry, et que je mate jamais ses sms : je galère trop, je comprend pas. Impossible à checker quand il est sous la douche, il me faudrait pour cela au moins un bon bain, or je manque cruellement et de pratique, et de baignoire.
Mon acte de surfing dans une boite mail étrangère est donc moralement blâmable, certes, mais éthiquement dans son temps : j'ai donc été une jeune fille moderne.
NB. En ce qui concerne les mégères qui font les poches, M. ajoute à ce propos : "Mais lorsque l'on fait une machine, il faut bien vider les poches afin de s'assurer avec certitude qu'elles ne contiennent rien qui puisse endommager le linge !" C'est sûr. C'est moins mesquin, d'un coup.
PS. Si le titre du post est "Comment je ne suis pas le grand rabbin", c'est donc qu'ignorant les règles su shabbat tout comme celle d'une vie commune harmonieuse, j'ai fini par cracher le morceau. Ce qui n'a servi à rien, rien fait avancé, rien soulagé. Bref.
Je sais plus s'il faut que je change de mec, ou de mauvaise habitude. D.ieu, fais-nous encore quelques miracles, je jure de les dire à personne.
PS2. En exclusivité : ce post datant de lundi soir, j'ai l'honneur de croire que D.ieu m'entend direct : mon mec m'a quitté hier. Bingo ? Pas vraiment. Mais en tous cas, faut relire en mettant "ex" à la place de "mec". Tristesse.