Samedi soir.
Il y en a qui sortent, qui sont en train de dîner dans des restos branchés du IXème, il y en a qui se préparent, qui vont bientôt aller boire et danser... Puis il y a moi, qui écrit en ce moment même parce que je ne sais trop quoi faire d'autre, et que je suis coincée chez mon père à m'occuper de lui. (La raison de la chose fera l'objet d'un post le jour où je voudrais me faire pardonner d'être une bitch et que je devrais attendrir pleins de gens. Surtout d' implacables filles.)
Le samedi soir c'est donc un soir où l'on sort, puis où l'on rentre (logique), et le mieux c'est quand l'on ne rentre pas seul: petite cerise sur le gâteau. J'utilise toutes ces généralités-là pour insinuer, prouver, que le samedi soir, c'est donc un soir à forte connotation sexuelle. Dansante aussi, sexuelle surtout. Ça fait des années que je n'ai pas la télé et que je n'ai pas lu Télérama, mais je crois bien que sur Canal + ça continue le porno du samedi soir pour permettre aux braves gens exténués de leur semaine de s'exciter un peu. Soit.
Donc c'est la fièvre du samedi soir et je suis là, non non je ne me touche pas encore mais j'avoue que j'ai une petite idée bien salasse derrière la tête. Et elle a tout pour plaire mon idée: elle est concept et bien crade, comme il faut. Parce que comme disent mes copains Frank et Romu, il est temps que j'arrête de parler sexe dans la cuisine, en terrasse, en vélo, en enfer... Marquons le coup cette fois, cessons les vaines discussions perdues dans le vent, et introduisons notre joli mot, trahi dans le titre: let's talk about la bifle.
Mais qu'est-ce donc?
Ce qui est drôle c'est que les dégueulasses auront deviné, et les prudes, les naïfs, les gentils, ne voient pas du tout ce que ça peut bien être. D'abord, remercions les gars du sud-ouest d'avoir inventé ce terme pour définir ce que l'on ose à peine se remémorer... (Et M.T.C pour faire passer le mot partout où il boit des coups.)
La bifle, donc, c'est une gifle de bite. Pas con, hein, fallait y penser.
Est-ce que les gifles de bites méritent un post, est-ce que les bifles c'est bien?
Fermez les yeux. (Ouvrez-les pour lire la suite.) Essayer de vous rappeler la dernière fois que cela s'est produit; vous mesdames, si bifle il y eut, c'est que vous eussiez été dans un fameux état de dépravation ardente, en un abandon complet de votre personne...
La bifle c'est donc un peu comme une preuve d'amour.
Et vous messieurs, à part si vous êtes des Rocco en puissance, les bifles vous rappellent cet Hercule du cul que vous fûtes un soir, car soit vous avez osé, je ne sais où, pratiquer la bifle, avec réussite, et ça c'est déjà pas mal, soit vous avez tellement assuré que la gentille fille s'est transformée en furie et qu'elle s'est elle-même biflée. Là, c'est très fort.
Ainsi il y a différentes sortes de bifles:
1) La bifle câline: sur les flancs.
2) La bifle marrante: sur les fesses, en mode poum poum booty shake.
3) La bifle navrante: sur la foufoune, genre je gère pas mes doigts donc je m'aide avec ma bite. (Mouille steuplait)
4) La bifle suprême: sur le visage, les yeux, les lèvres... Comble d'excitation pour les deux, pour en arriver à un geste si vain.
5) ... L'idée n'est pas d'en faire un catalogue. Vous savez vous-même de quelles bifles vous vous chauffez, ou pas. Soyez créatifs.
Car la bifle est sacrée. Rare. Dégueulasse. Imposée. Violente. Douce. Mignonne. Mais surtout c'est si accessoire que l'on s'y attache au final. Et qu'elle revêt parfois des significations plus profondes qu'il n'en paraît.
Elle est tabou un peu. Donc puissante. En général, on évite d'en parler le lendemain. On a un peu honte. On baisse les yeux, on met malgré ce qu'on a fait un tee-shirt quand on sort du lit. On se râcle la gorge. C'est idiot, mais c'est gênant de penser qu'on en est arrivé là. Moi, j'avais même oublié quand et comment je l'avais fait pour la dernière fois. La mémoire est bien sélective. Elle choisit ses heures de gloire. (Non, vous ne saurez pas quelle bifle exactement j'ai occulté de mon esprit.) Il a fallu qu'un ex me la rappelle, pour me prouver que le sexe entre nous a su être bien; qu'il m'avait un jour rendu folle; qu'avant d'être aigrie par lui, j'étais une chaudasse; qu'on avait eu de grands moments de complicité.
Alors je me dit que la bifle est aussi gage de quelque chose. Quoiqu'il en soit, c'est même devenu un symbole, là. Une preuve. L'assurance qu'un jour entre lui et moi, c'était fort, c'était bien.
Quelle époque mes enfants. En d'autres temps, une lettre d'amour aurait largement suffit.
Faut croire qu'elle est donc bien solide la bifle, car quand tout s'écroule, elle reste érigée, belle, fière, intacte, arrogante. Mesquine.
La bifle, est-ce donc tout ce qu'il nous reste?
Mazeltov.